Covid-19 : « On attend encore le plateau de cette 8e vague », pointe l’infectiologue Denis Malvy

Épidémie Un millier de patients hospitalisés en soins intensifs, en France

Elsa Provenzano
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Le Pr Denis Malvy, expert infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du Conseil Scientifique
Le Pr Denis Malvy, expert infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du Conseil Scientifique — M.Bosredon
  • Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux, était l’invité du club de la presse de Bordeaux, ce mercredi, pour parler de la 8e vague de Covid-19.
  • Le spécialiste estime que le pic de ce nouvel épisode n’est pas encore atteint, même si les hospitalisations, environ un millier en France, s’accélèrent depuis quelques jours.
  • Alors que la population générale est moins réceptive aux recommandations, il invite à renouer avec les gestes barrières, à bon escient.

Non, on n’est pas encore débarrassés du Covid. Le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du comité veille et anticipation des risques sanitaires, était invité par le club de la presse de Bordeaux ce mercredi, en tant qu’expert. Il a livré son analyse sur la 8e vague de l’épidémie de Covid-19, alors que le taux d’incidence est supérieur à 500 cas pour 100.000 habitants au niveau national, selon les données de Santé Publique France publiées au 13 octobre 2022.

Après la 7e vague au mois de juillet, cette 8e est dominée par le sous-variant BA5 (en circulation depuis le mois de mai) dérivé du variant Omicron, apparu en décembre 2021. « On attend encore le plateau de cette 8e vague », commente Denis Malvy. Difficile de se risquer aux pronostics sur l’ampleur et la durée de cet épisode, surtout quand on sait qu’on n’est pas à l’abri de l’émergence d’autres sous-variants, encore plus transmissibles.

Les « invisibles » de la 8e vague

Depuis quelques jours, le rythme des hospitalisations s’accélère. « Chaque vague a son visage et ceux qui sont hospitalisés en soins critiques en ce moment, un millier en France dont 34 au CHU de Bordeaux, ce sont principalement des personnes fragiles (les grands âgés et les personnes immunodéprimées) que j’appelle les invisibles de la 8e vague », décrit le professeur, s’inquiétant que le système de santé, déjà soumis à rude épreuve, doive faire face en même temps à l’épidémie de bronchiolite.

Alors que l’épidémie continue bien, elle est cependant « moins audible » dans la société estime l’infectiologue, qui pointe la demande des plus vulnérables à être protégés. Pour cet expert, les réflexes acquis depuis le début de la crise doivent être réactivés à bon escient. Il recommande de porter un masque dans les transports en commun par exemple, pour se protéger les uns les autres, d’utiliser du gel hydroalcoolique en rentrant dans un lieu public et de se tester en cas de symptômes, par exemple.

Si cette 8e vague « n’est pas si méchante que ça » pour le moment c’est aussi parce qu’on a appris beaucoup de choses sur le virus depuis le début de l’épidémie, note-t-il, et qu’il y a eu notamment des vaccinations massives au sein de la population.

En tant que membre du comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires, il s’attend à ce que d’autres dossiers, dont peut-être la grippe aviaire, viennent prochainement alourdir son emploi du temps déjà très chargé. « On est dans un monde qui convient à l’émergence de zoonoses (maladie infectieuse qui est passée de l’animal à l’homme) », avertit-il.