Bronchiolite : Pourquoi est-elle de retour plus tôt que prévu cette année ?
EPIDEMIE Due à un virus respiratoire très répandu et contagieux, la bronchiolite fait déjà son retour, et une épidémie précoce pourrait toucher l’Hexagone
- Plusieurs régions sont en phase pré-épidémique de bronchiolite.
- Chaque année, elle touche 30 % des enfants de moins de 2 ans.
- Pour protéger les tout-petits de cette maladie, les gestes barrières sont de rigueur.
Elle n’a pas attendu pour se manifester. Avec une hausse des contaminations et des hospitalisations, la bronchiolite, maladie respiratoire qui touche les bébés et peut parfois les conduire à l’hôpital, a déjà commencé à sévir dans l’Hexagone. Si elle réapparaît traditionnellement à l’automne, elle semble faire son retour plus tôt que l’année dernière, faisant craindre aux médecins une épidémie précoce.
Comment l’expliquer ? Peut-on prévenir la maladie ? Une épidémie d’ampleur peut-elle encore être évitée ?
Plusieurs régions en phase pré-épidémique
Pour l’heure, s’il est trop tôt pour parler d’épidémie, les derniers jours ont été marqués par la « poursuite de l’augmentation des indicateurs de surveillance de la bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans », indique dans son dernier bilan hebdomadaire Santé publique France. Courante et très contagieuse, « la bronchiolite est une infection virale respiratoire aiguë atteignant les bronchioles (petites bronches). Elle est due le plus souvent au virus respiratoire syncytial (VRS), qui provoque une inflammation des parois des bronchioles (les plus petites bronches) et une augmentation des sécrétions responsables d’un phénomène d’obstruction », décrit l’Assurance maladie. Elle « atteint les nourrissons (de moins de 2 ans) et se caractérise par un épisode de gêne respiratoire dont les signes sont une toux et une respiration rapide et sifflante ». Une maladie angoissante pour les jeunes parents et qui, bien que bénigne la plupart du temps, peut nécessiter un passage aux urgences, voire une hospitalisation.
En pratique, plusieurs régions sont entrées en phase pré-épidémique : les Hauts-de-France, l’Île-de-France, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et la Normandie. Au total, 1.491 enfants de moins de 2 ans sont passés aux urgences pour bronchiolite dans la semaine du 26 septembre au 2 octobre, en hausse de 41 % par rapport à la semaine précédente, observe Santé publique France, qui précise que près de 500 enfants ont été hospitalisés. « On commence à voir les premiers bébés touchés par la bronchiolite en consultation, confirme le Dr Sylvie Hubinois, pédiatre, présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). Ce n’est pas encore un pic de contaminations, le mois d’octobre marque généralement l’apparition des premiers cas », tempère-t-elle.
Les chiffres sont d’ailleurs semblables à ceux observés l’an dernier à la même époque, dans un contexte alors marqué par la fin des confinements liés au Covid-19. « L’année dernière, il y a eu énormément de cas parce que les enfants n’avaient pas pu s’immuniser l’année d’avant, se souvient la pédiatre. L’épidémie avait démarré dès septembre 2021 ».
Une épidémie précoce en perspective
Mais s’il n’y a pas encore foule en cabinet de pédiatrie, le nombre d’hospitalisations plus élevé que ce qui est généralement observé laisse craindre une épidémie précoce. En général, elle démarre fin octobre, atteint un pic fin décembre, puis se termine fin mars. Et plus les bébés sont jeunes, plus la maladie peut être impressionnante. « Les profils les plus à risques sont les bébés prématurés. On conseille de ne pas les mettre en collectivité la première année, notamment en raison des épidémies virales, dont la bronchiolite, indique le Dr Hubinois. Ainsi que les tout-petits ayant des maladies respiratoires et les nourrissons de moins de trois semaines. Mais ils restent très fragiles face à la bronchiolite jusqu’à l’âge de deux à trois mois ».
« Les formes graves se voient surtout durant les tout premiers mois », a renchéri samedi Rémi Salomon, président de la Commission médicale d’établissement de l’AP-HP, sur Twitter, rappelant que « l’épidémie de bronchiolite a commencé ». Un message de prévention « d’autant plus important que les services de pédiatrie sont très saturés », insiste-t-il.
Et que la bronchiolite est extrêmement contagieuse. « Les adultes et les grands enfants qui sont porteurs du virus respiratoire syncytial n’ont habituellement aucun signe ou un simple rhume. Ainsi, beaucoup de personnes transportent le virus et sont contagieuses sans le savoir, rappelle le ministère de la Santé. Le virus se transmet facilement par la salive, la toux et les éternuements ». Et « peut rester sur les mains et les objets (comme sur les jouets, les tétines ou encore les doudous) ».
Prévenir la maladie (les gestes barrières, ça fonctionne)
Pour tenir la bronchiolite à distance, mais aussi le Covid-19 et les virus de l’hiver, il n’y a pas de secrets : les gestes barrières doivent – encore et toujours – être de rigueur. « La première mesure est de faire en sorte que les bébés à risque de forme grave de la bronchiolite ne l’attrapent pas, insiste le Dr Hubinois. Donc il faut être vigilants avec le reste de la fratrie qui va à l’école ou à la crèche, où circulent les maladies virales depuis la rentrée. Ensuite, l’hygiène des mains est fondamentale, il faut bien les laver avant et après le change, et avant la tétée ou le biberon », prescrit la pédiatre.
Mais aussi « en ouvrant les fenêtres de la pièce où le bébé dort au moins 10 minutes par jour pour aérer, ajoute le ministère de la Santé. En ne partageant pas les biberons », ou encore « en lavant régulièrement jouets et doudous ». Et si les parents sont enrhumés, il faut « se couvrir la bouche quand on tousse ou éternue, et porter un masque quand on s’occupe de son bébé ». Autre mesure de bon sens plus facile à prescrire qu’à appliquer : « éviter d’embrasser le bébé sur le visage et sur les mains » si l’on est malade.
Et la pandémie a montré que ces recommandations fonctionnaient : « il y a deux ans, pendant les confinements et avant que les vaccins ne soient disponibles, les gestes barrières et mesures de distanciation étaient scrupuleusement respectés, et il n’y a pas eu d’épidémie de bronchiolite cet hiver-là », rappelle le Dr Hubinois.
Chaque année le virus touche 30 % des bébés, soit environ 500.000 enfants.