Solidays : Un tiers des 18-30 ans estime que leur génération n’est pas suffisamment informée sur le Sida
#MOIJEUNE A l’occasion du festival Solidays, nous avons interrogé notre communauté #MoiJeune sur ses connaissances du Sida et ses pratiques en matière de prévention
- Le festival Solidays débute ce vendredi. Nous avons interrogé pour l’occasion les jeunes sur leur rapport au Sida et leurs actions de prévention, alors que 174.000 personnes sont séropositives en France et qu’on estime que 24.000 personnes ont le Sida sans le savoir. Plus de la moitié des 18-30 ans (58 %) ont peur du Sida, révèle notre étude #MoiJeune et ils sont 88 % à admettre que la maladie circule encore en France.
- Malgré tout, ils ne sont que 66 % à considérer que leur génération est suffisamment informée sur le sujet. Un chiffre qui n’étonne pas Pauline Duverger, responsable prévention chez Solidarité Sida, qui pointe les insuffisances des séances de prévention à l’école et le manque de formation des médecins généralistes.
- Si l’usage du préservatif est en baisse chez les jeunes, une majorité des 18-30 ans s’est déjà fait dépister, une pratique encouragée par Solidarité Sida pour enrayer l’épidémie en France.
Après deux ans d’absence pour le grand public, le festival Solidays revient pour trois jours de concerts, d’expositions, de conférences… et de prévention sur le Sida. Des interventions qui seront bienvenues, puisque si 77 % des 18-30 ans connaissent le nom de ce festival, ils ne sont que 28 % à en connaître le but*, d’après notre enquête #MoiJeune**. Et pourtant, le Sida fait encore peur à 58 % des jeunes interrogés. Près de la moitié des 18-30 ans (47 %) y pense, reconnaissent avoir toujours cette maladie dans un coin de leur tête, et 88 % admettent que cette maladie circule encore en France. « 174.000 personnes sont séropositives dans notre pays, et on estime que 24.000 personnes sont porteuses du Sida, mais l’ignorent », rappelle Pauline Duverger, responsable prévention chez Solidarité Sida.
Si certains festivaliers seront peut-être surpris de tomber sur des bénévoles de Solidarité Sida sur la pelouse de l’hippodrome de Longchamp, à Paris, ils leur répondront certainement « Oui, je me sens suffisamment informé sur le Sida et les IST ». C’est en tout cas le sentiment de 84 % des jeunes. Mais s’ils ont cette confiance en leurs propres connaissances, ils ne sont plus que 66 % à considérer que leur génération est correctement informée sur le sujet et 55 % des 18-30 ans estiment que les plus jeunes qu’eux ne le sont pas. « Un tiers des jeunes qui pense que sa génération n’est pas assez informée, c’est un problème », reconnaît Pauline Duverger. Mais elle n’est pas pour autant étonnée par ce chiffre : « Les études montrent bien qu’il n’y a pas assez d’actions de prévention. La loi stipule que les jeunes doivent bénéficier d’au moins trois séances annuelles d’éducation à la sexualité de la primaire au lycée. Or ce n’est souvent pas le cas. »
Tests, préservatifs, PrEP et TPE
Ces séances sont pourtant indispensables, puisque c’est la première source d’information des jeunes, citée par 45 % d’entre eux. Le médecin de famille arrive loin derrière, cité par seulement 13 % des 18-30 ans. « Ils devraient être des personnes-ressources sur le sujet, or nous sommes confrontés à un double problème, explique Pauline Duverger. D’abord ce sujet reste tabou, tant du côté patient que du côté praticien, et les médecins ne sont pas assez formés sur la question de la prévention du Sida. » Heureusement, les jeunes n’ont pas attendu la recommandation de leur médecin, puisque 55 % des 18-30 ans ont déjà réalisé un test de dépistage. Un chiffre qui monte à 71 % chez les 28-30 ans.
Côté préservatif, le slogan « Sortez couvert » a moins la cote chez les jeunes que dans les années 1990. Seuls 45 % des jeunes affirment utiliser systématiquement un préservatif avec un nouveau partenaire, tant que les deux n’ont pas réalisé un test de dépistage. « On note une baisse du recours au préservatif, mais heureusement d’autres moyens de prévention existent, comme la PrEP (un traitement préventif) ou le TPE (traitement post-exposition), explique Pauline Duverger. Mais il est important de rester mobilisé sur le préservatif, car il protège contre de nombreuses IST. »
Vivre normalement ou presque
Le Sida « fait moins peur aujourd’hui » qu’à la fin des années 1980, admet Pauline Duverger, grâce à l’avancée de la médecine. Huit jeunes sur dix (81 %) estiment ainsi qu’aujourd’hui on peut vivre normalement ou presque avec le Sida.
« Il est vrai que les traitements permettent aux personnes détectées précocement d’arriver à une charge virale indétectable, ce qui les empêche de transmettre la maladie et leur permet d’avoir une espérance de vie normale, rappelle Pauline Duverger. Mais il ne faut pas oublier que cette maladie grave et que les personnes séropositives doivent prendre des médicaments tous les jours, à vie. Et surtout, elles restent très discriminées. Elles ont par exemple du mal à contracter un emprunt à cause des assurances, à trouver un dentiste. A certaines (personnes), on ne serre même pas la main. » Si des avancées considérables ont été faites au niveau médical, il faut désormais avancer au niveau social.
* Organisé depuis 1999 par l’association Solidarité Sida, le festival Solidays récolte des fonds pour des programmes de prévention et d’aide aux malades du Sida en France et à l’étranger.
** Etude #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay, réalisée en ligne du 14 et 20 juin 2022 auprès d’un échantillon représentatif de 574 jeunes âgés de 18 à 30 ans (méthode des quotas).
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Si vous avez entre 18 et 30 ans, vous pouvez participer au projet « #MoiJeune », une série d’enquêtes lancée par 20 Minutes avec OpinionWay, en vous inscrivant ICI.