Hôpital : Découragés, désengagés… Les soignants à un « point de rupture », alerte Rémi Salomon
TROP C'EST TROP Mal payés et en sous-effectif, les soignants du secteur public sont à bout
« On est arrivé à un point de rupture, à une bascule, avec une sorte de découragement, de désengagement » des soignants, a alerté ce jeudi Rémi Salomon, président de la Commission médicale d’établissement (CME), l’instance représentative des médecins au sein des hôpitaux de Paris (AP-HP), sur France Info.
Celui qui préside aussi la Conférence des présidents de CME des CHU de France a qualifié de « tout début » l’annonce mercredi par la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, d’un doublement du paiement des heures sup des soignants. « Il va falloir aller beaucoup plus loin » et aussi « plus vite », a-t-il dit en évoquant aussi la nécessité de payer mieux les gardes et astreintes.
Pénurie de soignants
Quant à l’annonce d’un recrutement anticipé des élèves infirmiers en attente de la remise de leur diplôme, « c’est une bonne chose », a dit le Pr Salomon. La ministre de la Santé a annoncé mercredi une série de « premières mesures » afin de surmonter un « été difficile » à l’hôpital, « sans attendre » les conclusions d’une mission flash commandée par le gouvernement sur les urgences.
Rémi Salomon a estimé que le pays disposait d’un « très bon système de santé, qui dans l’ensemble marche plutôt bien », mais au sein duquel, « dans plein d’hôpitaux en France on ne peut plus soigner correctement », faute d’un nombre suffisant de soignants. Selon lui, « il n’y a pas assez d’argent dans l’hôpital pour bien soigner ».
Ne vous rendez pas aux urgences « pour un oui ou un non »
La situation est particulièrement difficile dans les services d’urgence dont 120 ont été forcés de limiter leur activité ou s’y préparent, selon un décompte diffusé fin mai par l’association Samu-Urgences de France.
Le Pr Salomon a lancé un appel aux citoyens « à ne pas se rendre aux urgences pour un oui ou un non » et à privilégier la médecine de ville quand c’est possible. A ce sujet, ces « deux mondes qui se tournent le dos, médecine de ville et hospitalière, doivent se parler pour assurer la permanence des soins », a-t-il ajouté.