Coronavirus : Valneva, Ose Immunotherapeutics… Les vaccins nantais seront-ils prêts pour 2022 ?
EPIDEMIE Deux laboratoires nantais travaillent activement à la mise au point d'un vaccin contre le Covid-19. Valneva est le plus connu et le plus avancé
- Valneva est un groupe franco-autrichien dont les locaux sont en banlieue nantaise. Son vaccin contre le Covid pourrait être disponible au printemps. Il serait alors le premier produit par un labo français.
- Le vaccin de la société de biotechnologie Ose immunotherapeutics est encore en essai clinique. Il est annoncé prometteur contre les différentes formes de variants.
Si cinq vaccins contre le Covid-19 ont, pour l’heure, été autorisés dans l’Union européenne (Pfizer, Moderna, AstraZeneca, Janssen, Novarax), aucun n’a été produit par un laboratoire français. Trois sociétés y travaillent toutefois activement : Sanofi, Valneva et Ose Immunotherapeutics, les deux dernières ayant la particularité d’être basées dans la région nantaise. Où en sont-elles ? Leurs vaccins seront-ils prêts pour 2022 ?
Le plus connu, et le plus avancé, des acteurs nantais est Valneva. Le groupe franco-autrichien, dont les locaux sont à Saint-Herblain, mobilise depuis deux ans une grande partie de son effectif (500 personnes sur 700) à la production du « VLA2001 », un vaccin qui ne fonctionne pas avec le fameux ARN messager mais avec des particules inactivées du virus conjuguées à deux adjuvants. « C’est une technologie bien connue, assure Franck Grimaud, directeur général de Valneva. Elle est utilisée depuis des années pour la grippe saisonnière, la rage, l’hépatite A, par exemple. C’est probablement la raison pour laquelle on reçoit beaucoup de demandes pour avoir accès à notre vaccin, notamment parmi la population des gens qui n’ont pas été vaccinés. »
Objectif avril pour Valneva
Deux doses seront nécessaires, suivies d’un rappel « sept à huit mois plus tard ou même plus tardivement en fonction des données cliniques que nous allons générer ». Les essais cliniques ont montré « un niveau d’anticorps très très fort, tout à fait comparable aux anticorps générés par les vaccins à ARN messager. On espère aussi démontrer une durée de protection assez longue ». Efficace contre le variant Delta, le VLA2001 n’est pas assuré de l’être contre Omicron. « On saura dans les semaines à venir, indique Franck Grimaud. Mais l’un des avantages de la technologie du "virus inactivé" c’est qu’on génère une variété d’anticorps plus importante. On espère de ce fait pouvoir induire une protection croisée plus importante. »
Côté calendrier, les premières livraisons à la Commission européenne, avec laquelle Valneva a signé un contrat de 60 millions de doses, sont prévues pour avril, sous réserve de l’autorisation de l’agence européenne des médicaments (EMA). « Si on obtenait un enregistrement plus tôt, on pourrait livrer plus tôt car nous avons déjà des doses disponibles », promet Franck Grimaud. Quant aux formules de rappel, notamment celles compatibles avec un autre type de vaccin précédemment administré, « l’autorisation est espérée au deuxième trimestre pour les adultes et adolescents, au troisième trimestre pour les enfants ».
Valneva, qui tente également d'élaborer des vaccins contre la maladie de Lyme et le chikungunya, ouvrira au premier semestre, en Ecosse, une seconde grosse unité de production de son VLA2001. La société pourra alors en produire plus de 100 millions de doses par an.
Le vaccin d'Ose immuno, prometteur contre les variants
Installée sur l’île de Nantes, à deux pas du chantier du futur CHU, la biotech Ose Immunotherapeutics travaille elle aussi, avec moins de moyens, à la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19. Une dizaine de personnes, sur les 70 collaborateurs que compte Ose Immuno, développent ce sérum baptisé « CoVepiT ». Conçu à « base d’épitopes optimisés et sélectionnés », il ouvrirait de grands espoirs contre les mutations du virus. « En ciblant onze protéines du virus, ce vaccin de deuxième génération couvre tous les variants du Sars-Cov 2 identifiés au niveau mondial à ce jour », affirme la société spécialisée dans les immunothérapies innovantes contre le cancer. L’intérêt du CoVepiT serait renforcé pour les patients fragiles « en particulier pour les patients immunodéprimés avec de faibles réponses anticorps, malgré l’administration répétée des vaccins actuels enregistrés ».
Reste qu’il faudra encore patienter pour en disposer. L’essai clinique avait été volontairement suspendu en juillet en raison de l’observation d’effets indésirables. Les dernières données ont été rassurantes et des résultats supplémentaires sont désormais attendus au cours du « premier trimestre 2022 ». « Quand on s’arrête, on perd six à neuf mois », regrette Maryvonne Hiance, la vice-présidente d’Ose Immunotherapeutics.
Les enfants et les non-vaccinés dans le viseur
La mise sur le marché de ces nouveaux vaccins ne risque-t-elle pas d’être trop tardive, alors que la majorité des Français et ressortissants européens reçoivent déjà actuellement leur troisième dose ? « Ce virus est malheureusement là pour rester, probablement un peu comme la grippe, répond le directeur de Valneva. On est parti pour le moyen et le long terme. Le fait d’avoir dans le portefeuille de vaccins une autre technologie sera certainement utile pour les gouvernements. Notre objectif c’est d’arriver le plus tôt possible, de participer à la vaccination des enfants et adolescents. Pour aussi les adultes qui n’ont pas été vaccinés aussi, il faut savoir qu’ils sont plus de 10 millions en Allemagne et 5 millions en France. »
« Il faut se souvenir que normalement, un médicament ou un vaccin, c’est 10 à 15 ans de développement, insiste la vice-présidente d’Ose Immunotherapeutics, interrogée par l’AFP. Aux États-Unis, les autorités de santé ont accepté que les phases 1, 2 et 3 des essais cliniques soient réalisées en même temps. Il fallait 500 millions de dollars, et ils les ont mis. En France, personne n’a mis 500 millions. Si Valneva a été un peu plus rapide, c’est que les Britanniques ont investi dans leur vaccin. Le financement reste le nerf de la guerre. »