Strasbourg : Des centaines de soignants rassemblés devant les hôpitaux pour dénoncer le manque de moyens

FINANCES Plusieurs centaines de soignants des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) ont observé une minute de silence vendredi après-midi pour dénoncer leurs conditions de travail, quelques heures avant la venue du Premier ministre Jean Castex

G.V. avec AFP
Le personnel soignant regroupé devant l'hôpital civil à Strasbourg le 10 décembre 2021.
Le personnel soignant regroupé devant l'hôpital civil à Strasbourg le 10 décembre 2021. — PATRICK HERTZOG / AFP

Quelques heures avant la venue du Premier ministre Jean Castex dans la capitale alsacienne, plusieurs centaines de soignants des Hôpitaux universitaires  de Strasbourg (HUS) ont observé une minute de silence ce vendredi après-midi pour dénoncer leurs conditions de travail.

Peu après 14 heures, regroupés devant l’entrée du Nouvel hôpital civil, les soignants ont cessé de parler, le regard fermé, pendant une minute. « Ce moment de recueillement a pour but d’informer la population que l'hôpital public se meurt », a expliqué au préalable au micro le Docteur Sébastien Harscoat, médecin aux urgences et au Samu de Strasbourg. « Nous voulons continuer à soigner nos patients malgré l’épuisement, malgré la fermeture des lits, les restrictions budgétaires (…). Mais nous n’y arrivons plus », a-t-il ajouté, alors que des rassemblements similaires étaient organisés sur les autres sites du CHU de Strasbourg.

« Complètement » écœuré

Le Premier ministre doit participer à une réunion sur la situation de l’hôpital de Strasbourg, particulièrement endetté, et sur la déclinaison dans le Grand Est de l’enveloppe financière accordée dans le cadre du Ségur de la Santé. A 25 ans, Antoine Bonnefond, infirmier aux urgences, se dit « complètement écœuré » après seulement deux ans de métier. « Les conditions de travail ne sont pas possibles, on est parfois à 160 % de la capacité d’accueil sur les urgences » et « depuis quelques mois, il y a de plus en plus d’arrêts maladie ». « On est épuisés », a renchéri Nisrin, aide-soignante. « L’hôpital est devenu une usine, ce n’est plus un centre de soins, on n’arrive plus à prendre notre temps, à écouter les patients, on fait les soins techniques, ça s’arrête là », a regretté Pauline, infirmière depuis un peu plus d’un an.

Le Ségur de la santé, négocié au forceps après le premier confinement, prévoit une injection massive de fonds publics : 10 milliards d’euros de hausses de salaires pérennes et 19 milliards d’investissements étalés sur plusieurs années, une enveloppe qui est en train d’être déclinée par région. Dans le Grand Est, presque deux milliards d’euros vont être répartis entre les établissements de soins, dont plus de 800 millions d’euros pour assainir la situation financière des hôpitaux. Celui de Strasbourg doit voir sa dette apurée d’environ 40 %, et 209 millions d’euros doivent aider à la réorganisation du pôle de psychiatrie.