Comment choisir les produits d'entretien les plus efficaces et les moins toxiques ?

CONSOMMATION « 60 Millions de consommateurs » fait le tri dans nos armoires et se félicite de l’annonce d’un futur « Toxi’score »

Oihana Gabriel
Illustration de produits ménagers.
Illustration de produits ménagers. — Pixabay
  • Le magazine 60 Millions de consommateurs se penche ce jeudi sur les produits ménagers.
  • Si l’Institut national de la consommation a déjà mené des enquêtes sur ces substances, l’étude prend en compte trois critères pour donner une note globale : efficacité, toxicité et substances produites dans l’air.
  • Le magazine dévoile une bonne nouvelle : les produits labélisés écolos sont efficaces et les substances les plus cancérigènes sont moins présentes qu’il y a deux ans.

Pas facile de faire son marché parmi la profusion de produits ménagers​, surtout quand on essaie de suivre le sacerdoce écolo… Le nouveau numéro de 60 Millions de consommateurs, publié ce jeudi, aide celles et ceux qui veulent faire le ménage sans perdre leurs bronches à faire le tri.

Surtout qu’avec la l'épidémie de Covid-19 et une tendance des Françaises et Français à vouloir tout désinfecter, le marché ménager a progressé de 7,5 % entre 2019 et 2020. Le problème, récurrent, c’est que les informations sur ces substances inhalées au quotidien sont incompréhensibles et incomplètes. Le magazine de l'Institut national de la consommation passe au crible 48 produits. Et une fois n’est pas coutume, l’étude réserve quelques bonnes nouvelles….

  •  Ce qu’il faut éviter…
     

Si cette étude est innovante, c’est parce qu’elle compile trois aspects en même temps : l’efficacité des produits, leur toxicité (en prenant en compte la façon de l’utiliser), mais également les substances dans l’air qu’ils génèrent. Une pollution intérieure méconnue… et invisible sur l’étiquette. L’institut a sélectionné douze produits dans chacune des quatre grandes familles de produits d’entretien : multisurfaces, cuisine, salle de bains, WC. Il a ensuite opéré des tests en laboratoire pour leur donner une note globale sur 20 en prenant en compte ces trois facteurs.

Et ce qu’on peut en retenir, c’est qu’il faut éviter le « deux en un » – à savoir le désinfectant et nettoyant en même temps –, quel que soit l’endroit à nettoyer. « On a de plus en plus de produits nettoyants et désinfectants qui sont proposés, explique Emmanuel Chevalier, ingénieur chimiste à l’Institut national de la consommation. Mais ils ne sont pas plus efficaces qu’un nettoyant classique. En plus, ils sont mauvais pour la planète et pour votre santé. Extrêmement irritants, ils restent sur les surfaces, donc vous serez en contact avec ces substances. »

Le magazine conseille ainsi de privilégier un bon produit nettoyant, même en temps de Covid-19. L'Organisation mondiale de la santé et l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) l’ont rappelé : un simple savon suffit pour protéger votre intérieur contre le coronavirus. Attention donc à l’eau de javel, très allergisante, mais également aux gels très parfumés. Beaucoup de produits qui répandent une odeur de citron ou d’orange contiennent en effet du limonène, une molécule irritante pour la peau et allergisante.

  •  … Et ce qu’il faut privilégier
     

L’autre leçon, c’est qu’aucun des produits étudiés en laboratoire « n’est exempt d’émanation problématique ». D’où le conseil de base : il faut aérer quand on fait le ménage, même dans les toilettes (d’autant que les gels WC qui ont souvent des notes « déplorables »).

Mais surtout, l’enquête simplifie la tâche des maniaques. « La bonne nouvelle, c’est qu’en général, les produits qui ont de bons scores sont labellisés écolo, se félicite Sylvie Metzelard, rédactrice en chef de 60 Millions de consommateurs. Ça permet de tordre le cou aux préjugés selon lesquels les produits écolos, moins toxiques, sont aussi moins efficaces que les autres. »

  •  Une évolution positive
     

Selon cette enquête, deux ans après une première étude sur la toxicité des produits ménagers, certains industriels ont mesuré le désir des consommateurs de nettoyer de façon responsable. « Dans les quatre catégories, il existe des produits efficaces avec un impact sanitaire et sur la planète satisfaisant, résume Sylvie Metzelard. Il y a une évolution, même s’il y a encore du chemin à faire. On a un peu l’impression de radoter, mais il y a quand même des effets… » Ainsi, en 2019, environ la moitié des produits étudiés contenaient des thiazolinones, très allergènes. Deux ans plus tard, seuls 5 sur 48 comptent ces molécules dans leur composition. Preuve qu’il est possible de trouver des alternatives.

L’institut national de la consommation se réjouit également de l’annonce, par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, de la mise en place d'un « Toxi-Score » en 2022. A l’image du Nutri-Score (qui rend visible la valeur nutritionnelle d’un produit alimentaire avec des lettres entre A et E et des couleurs du vert au rouge), ce nouveau logo pourrait s’appuyer sur le travail de 60 Millions qui, depuis 2019, propose un Ménag’Score. « On espère que ça sera apposé et imposé, reprend Sylvie Metzelard. Sans ça, le consommateur est paumé. » Reste que, comme pour le Nutri-Score, s’il n’est pas obligatoire, certaines marques pourront toujours esquiver la transparence.