Coronavirus: Inquiétudes après des hospitalisations de bébés Covid, souvent contaminés par les parents non-vaccinés

EPIDEMIE Les urgences pédiatriques accueillent des nourrissons touchés par le coronavirus, le plus souvent parce que les parents, non-vaccinés, l’ont contracté

Anissa Boumediene
Moins à risque, les nourrissons peuvent toutefois contracter le coronavirus.
Moins à risque, les nourrissons peuvent toutefois contracter le coronavirus. — Pixabay
  • Des médecins alertent sur les contaminations de nourrissons par le Covid-19, alors que le variant Delta est aujourd’hui responsable de la quatrième vague épidémique qui touche actuelle la France.
  • Des bébés le plus souvent contaminés par leurs parents, souvent non-vaccinés.
  • Pour les soignants, l’urgence est de vacciner les futurs parents et les jeunes parents, pour ainsi protéger leur bébé.

Ils n’ont que quelques jours, mais ont déjà été exposés au coronavirus. Alors que l’Hexagone est en pleine quatrième vague épidémique de Covid-19, des médecins s’inquiètent de voir parmi les patients hospitalisés des nourrissons infectés par le virus. « Depuis la semaine dernière, on en est à dix bébés de moins de douze semaines hospitalisés », s’est inquiété le Dr Philippe Babe, chef du service adjoint des urgences pédiatriques de l’hôpital Lenval de Nice (Alpes-Maritimes), dans une interview accordée à Nice Matin.

De nouveaux cas qui relèvent du même schéma de contamination et de la même problématique : les nourrissons infectés sont le plus souvent contaminés par l’un des parents, non-vacciné et touché par le virus.

L’effet du variant Delta

« Lors de la première vague, ici aux urgences, c’était vide, on n’avait pas de passage d’enfants du tout, quasiment pas d’enfants Covid. Là, depuis juillet, ça a explosé, a ensuite décrit le Dr Babe sur BFMTV. Lorsqu’il s’agit d’un petit bébé qui a sept ou quinze jours de vie, on est obligé de les garder. L’évolution est bonne, mais ce sont tout de même des contraintes importantes pour un nouveau-né », a-t-il ajouté. Des nourrissons qui le plus souvent présentent de la fièvre et doivent être placés sous observation durant quatre à six jours.

Particularité de cette quatrième vague de coronavirus : l’effet du variant Delta, beaucoup plus contagieux que les souches précédentes, dont « la mutation L452R est retrouvée dans 93,5 % des prélèvements positifs criblés » dans l’Hexagone, observe Santé publique France. Un variant qui explose en particulier chez les jeunes. Ainsi, « le taux d’incidence le plus élevé concernait toujours les 20-29 ans (505 cas pour 100.000 personnes) », souligne Santé publique France dans son dernier bulletin épidémiologique. « Aujourd’hui, on constate que ce variant [Delta] diffuse le virus au sein d’une population beaucoup plus jeune, donc les parents et, par ricochet, les enfants », pointe le Dr Babe. Des contaminations qui soulèvent une autre problématique : les visites des parents contaminés à leur nourrisson hospitalisé, au risque de diffuser le virus auprès des soignants, déjà en sous-effectif chronique.

« Les futurs parents et les jeunes parents doivent se faire vacciner »

Alors, « aujourd’hui, le message est simple : les futurs parents et les jeunes parents doivent se faire vacciner pour protéger leur bébé, insiste le Pr Olivier Picone, gynécologue obstétricien à l’hôpital Louis-Mourier, à Colombes, et membre du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Et dès la grossesse ! En se faisant vacciner, la mère produit des anticorps qui vont traverser le placenta et ensuite protéger le bébé pendant cette période critique : quand ils sont les plus petits. Des premières semaines de vie. En étant vacciné : on a ainsi moins de risques de contracter la maladie, donc moins de risques de développer une forme grave et moins de risques d’être contaminant », expose-t-il.

On vaccine donc « les femmes enceintes, mais également toutes les personnes qui entourent le nourrisson, à commencer par l’autre parent, rappelle le Pr Picone. C’est la stratégie du cocooning, que l’on adopte déjà contre la coqueluche, qui consiste à vacciner tout l’entourage du nouveau-né qui, lui, est trop jeune pour être vacciné, et pour ainsi éviter qu’il soit infecté. Et pour le Covid-19, il est primordial de vacciner dès la grossesse, ce qui est plus efficace encore que la seule stratégie du cocooning », martèle le Pr Picone. Une vaccination qui est efficace et sûre, recommandée dès le début de la grossesse notamment en France et aux Etats-Unis. « Une étude publiée récemment dans une revue scientifique américaine confirme que la vaccination anti-Covid pendant la grossesse n’augmente pas les risques de complications obstétricales », abonde le Pr Picone.

Peu de risques de formes graves

Appelant à la vigilance sans basculer dans l’alarmisme, la Haute Autorité de Santé (HAS) rappelle que « les connaissances actuelles sont rassurantes : seulement 10 % des enfants dont la mère est malade ont eux-mêmes le virus et de rares cas de formes graves ont été observés chez les nouveau-nés ». Le coronavirus « s’accroche très peu pendant les premières semaines de vie, la plupart des formes sont bénignes, certaines, similaires à des bronchiolites, nécessitent des hospitalisations, mais cela génère rarement des craintes », indique le Pr Christèle Gras-Le-Guen, présidente de la Société française de pédiatrie et cheffe de service des urgences pédiatriques du CHU de Nantes à La Dépêche.

Pour les jeunes mamans qui n’ont pas été vaccinées durant leur grossesse, en cas de contamination, quelques précautions permettent de limiter les risques de transmission du Covid-19 à leur bébé : « Il est essentiel de rester chez vous, d’organiser le mieux possible la distanciation physique au sein de votre foyer. Installez-vous, si possible, dans une pièce spécifique avec votre bébé et placez son berceau à 2 mètres de votre lit, prescrit la HAS. Vous pouvez allaiter, dans le respect des gestes barrières (lavage des mains et port du masque) », ajoute-t-elle. Elle précise en outre que le « bébé n’a pas besoin d’être testé, sauf s’il avait lui-même des symptômes ».

A ce jour, selon Santé Publique France, 47 enfants âgés de 0 à 9 ans sont hospitalisés pour des cas de Covid-19 en France.