Coronavirus en Occitanie : Faut-il s'inquiéter de la progression du variant Delta dans le Gers ?

EPIDEMIE Aucun nouveau cas n’a été détecté depuis l’annonce vendredi du décès de deux personnes infectées par le variant Delta dans le Gers

Béatrice Colin
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Un test PCR à Toulouse. (illustration)
Un test PCR à Toulouse. (illustration) — FRED SCHEIBER/SIPA
  • L’agence régionale de Santé Occitanie a annoncé vendredi la mort de deux personnes infectées par le variant Delta dans le Gers.
  • Pour freiner sa propagation, des mesures de tracing et test ont été déployés dans ce département au cours du week-end et aucun nouveau cas positif n’a été détecté.
  • Si le variant Delta risque fort de remplacer l’Alpha au cours des prochaines semaines selon le virologue toulousain Jacques Izopet, la meilleure façon de limiter les formes graves et sa diffusion reste selon lui la vaccination.

Vendredi, l’Agence régionale de santé annonçait le décès de deux patients dans le Gers, contaminés par le variant Delta du coronavirus, et sept autres cas positifs suspects sont en cours de séquençage.

Pour éviter sa diffusion et la reprise de l’épidémie, un plan d’action immédiat a été déployé au cours du week-end dans ce département, voisin des Landes où le variant concernerait plus de 70 % des cas, sans que cela se traduise par une hausse du nombre d’hospitalisations.

Pas de nouveaux cas après les dépistages

C’est peut-être là que l’une des personnes décédées, qui n’était pas vaccinée et présentait des comorbidités, aurait été contaminée. Elle avait en effet effectué un séjour dans un centre de soins landais, avant d’être admise à Condom puis Auch. Tout au long du week-end, les autorités sanitaires se sont employées à remonter les contacts de ces patients.

« Nous avons réalisé des tests dans l’environnement familial, sur les personnes intervenant à domicile, mais aussi dans les entreprises de transport sanitaire et au sein du personnel soignant de l’hôpital. Pour le moment, tous les tests se sont avérés négatifs, nous devons encore en faire demain », a indiqué à 20 Minutes le directeur régional de l’Agence régionale de santé, Pierre Ricordeau.

17 cas suspects en cours de séquençage

Pour l’heure, en Occitanie, dix cas de variant ont été confirmés par le laboratoire de virologie de Toulouse depuis les premiers cas en avril dernier. « La stratégie de criblage a été modifiée et nous recherchons désormais des mutations spécifiques. Nous avons identifié des virus possédant la mutation caractéristique du variant Delta sur 17 autres échantillons pour lesquels le séquençage est en cours, en plus des dix cas déjà confirmés. Nous avons une forte suspicion parce qu’il y a la mutation 452-R, mais comme toujours une mutation peut-être partagée avec d’autres variants, mais il y a de fortes chances que ce soit confirmé d’ici fin de semaine, début semaine prochaine », indique le professeur Jacques Izopet, chef du service de virologie.

Pour ce spécialiste des virus, la multiplication des cas n’est toutefois pas pour l’instant une source d’affolement. Ni une confirmation d’une plus grande sévérité de ce variant, les personnes décédées dans le Gers présentaient en effet des comorbidités et n’étaient pas vaccinées. « Quand le variant Alpha (anglais) est arrivé en début d’année, on a eu un remplacement des souches antérieures. Et jusqu’à mi-février, nous n’avions pas eu une augmentation de l’incidence alors que l’Alpha était devenu majoritaire. Il se peut très bien que l’on rencontre cette situation, où un virus va remplacer un autre sans que cela se traduise nécessairement par une hausse de l’incidence », avance Jacques Izopet. Mais pour lui, le meilleur moyen de parvenir à freiner sa propagation reste le maintien des gestes barrières et la vaccination.

Anticiper et vacciner

Même si le variant Delta a une plus grande propension à être moins bien neutralisé par les anticorps, l’efficacité de la vaccination demeure, notamment pour la survenue de formes graves. « C’est pour cela qu’il est important de se faire vacciner alors qu’il y a peu de cas et que l’on peut maîtriser les chaînes de contamination. Le retour à une vie normale pourrait faire penser qu’il n’y a plus d’urgence à se faire vacciner, mais c’est l’inverse, car en septembre il sera plus difficile de gérer l’épidémie. Car il est probable qu’il se diffuse comme partout ailleurs », insiste Pierre Ricordeau qui a constaté un tassement dans les premières injections en Occitanie.


Dans le Gers, alors que le taux d’incidence est bas, avec 13 cas positifs pour 100.000 personnes, la vaccination a connu un sursaut ces derniers jours, notamment depuis ce week-end avec l’annonce des deux décès. Ce lundi, du monde se pressait au grand centre d’Auch pour recevoir son injection. « Il y a une bonne dynamique et il faut que cela se poursuive car le niveau d’immunité collective est loin d’être atteint dans ce département, moins touché par les vagues d’épidémie que le Grand-Est par exemple », martèle le directeur de l’Agence régionale de santé.