Coronavirus : L'Allemagne est-elle soumise à un « confinement strict », comme l'affirme Arnaud Fontanet ? Pas si simple
FAKE OFF Invité sur BFMTV lundi, le professeur Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique a cité en exemple l'Allemagne, pour son « confinement strict », ce qui a surpris certains internautes
- Depuis le printemps, l’Allemagne a graduellement renforcé ses mesures sanitaires pour endiguer la propagation du coronavirus. Les écoles et la plupart des commerces sont fermés, mais toutes les sorties ne sont pas interdites.
- Invité lundi sur BFMTV et RMC, le professeur Fontanet a évoqué un « confinement strict » en Allemagne, un terme contesté par plusieurs internautes.
- La stratégie sanitaire varie en réalité d’un côté et de l’autre du Rhin.
La France doit-elle envisager un nouveau confinement sur le modèle de l’Allemagne ? Invité lundi sur BFMTV et RMC, le professeur Arnaud Fontanet a rappelé le danger du variant dit « anglais » du coronavirus : « 50 % plus transmissible que le virus de 2020 », il pourrait être « majoritaire début mars » parmi les cas positifs.
Selon l’épidémiologiste, « les Allemands sont les seuls [en Europe] qui, actuellement, ont une maîtrise » de l’épidémie, car « ils sont en confinement strict depuis le 5 janvier ». Le membre du conseil scientifique a ajouté qu’n Allemagne, « vous ne pouvez pas aller à plus de 15 km de votre domicile », contrairement aux règles d’autres pays européens.
« On peut sortir de chez nous »
Plusieurs internautes ont critiqué ces affirmations. « Je vis en Allemagne, on n’est pas en confinement strict, témoigne Nilcram en commentaire de l’interview sur YouTube. On peut sortir de chez nous à l’heure qu’on veut, pendant le temps qu’on veut ! Juste, les boutiques sont fermées ! » Yannick, qui « habite à Munich » s’indigne : « Nous ne sommes pas confinés et nous ne l’avons jamais été ». Qu’en est-il vraiment ?
FAKE OFF
Ce mercredi, l’Allemagne a annoncé qu’elle envisageait de prolonger les mesures restrictives en vigueur dans le pays pour lutter contre le coronavirus. Des règles qui ont été renforcées plusieurs fois depuis le printemps. Le 16 décembre, les écoles et les commerces non essentiels ont été fermés, rejoignant les bars, les restaurants et les lieux culturels, qui avaient baissé le rideau depuis le mois de novembre. Les rassemblements privés sont limités, depuis début janvier, aux membres d’un même foyer plus une seule personne, contre cinq auparavant.
Enfin, une restriction des déplacements dans un rayon de 15 km du domicile a effectivement été mise en place, mais elle vise spécialement les districts où l’incidence virale dépasse les 200 nouvelles infections pour 100.000 habitants. Pas d’attestation à remplir dans ces zones, il faut pouvoir justifier d’une raison professionnelle ou médicale. D’autres mesures ont été prises au niveau régional, comme un couvre-feu à 21h en Bavière, par exemple. Le Bade-Wurtemberg envisage également des couvre-feu localisés après l'annulation, lundi, de cette mesure à l'échelle du Land par la justice administrative.
Ecoles et commerces fermés
A l’exception de ces restrictions locales, une personne garde donc, en Allemagne, le droit de sortir de chez elle. En revanche, les écoles et la plupart des commerces restent fermés, ce qui rend le dispositif allemand plus contraignant, par certains aspects, que les règles françaises actuelles.
« Les écoles et les commerces, c’est là que ça va se jouer », a justement souligné le professeur Arnaud Fontanet, pour qui « il y a une marge de manœuvre entre un confinement strict et ce que nous vivons aujourd’hui ». D’après lui, la France pourrait donc durcir les mesures en cas d’aggravation de l’épidémie et se rapprocher de la position de l’Allemagne. Ce qui n’aboutirait pas forcément à un « confinement strict », au sens où on l’entend, en France, depuis les expériences du printemps et de l’automne.