Coronavirus : Quels sont les risques avérés pour les allergiques face aux vaccins contre le Covid-19 ?

VACCINATION Des réactions allergiques peuvent se produire après la vaccination contre le Covid-19, mais elles sont rares et concernent uniquement les personnes allergiques à deux substances présentes dans ces vaccins

Oihana Gabriel
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Coronavirus : Quels sont les risques avérés pour les allergiques face aux vaccins contre le Covid-19 ? — 20 Minutes
  • Parmi les effets indésirables de la vaccination contre le Covid-19, l’un des plus graves est lié à une allergie envers un produit présent dans le vaccin Pfizer et Moderna : le polyéthylène glycol.
  • Mais seulement une poignée de Français seraient allergiques à ce produit, qui permet de fluidifier les médicaments, les vaccins et les cosmétiques.
  • Le reste des personnes – même très – allergiques aux acariens, à certains aliments ou aux animaux n’ont pas de souci à se faire.

Si vous êtes allergique aux acariens, aux pollens ou à l’avocat, pouvez-vous vous faire vacciner contre le Covid-19 ? C’est l’une des questions qui revient beaucoup ces derniers jours, notamment dans l’appel à questions que nous avons réalisé. 20 Minutes fait donc le point sur ce que l’on sait pour le moment.

Pas de panique : il existe bien des risques après une vaccination, mais uniquement pour une poignée de personnes allergiques à deux produits en particulier. Dès les essais cliniques, le laboratoire Pfizer avait prévenu que des réactions allergiques pouvaient avoir lieu. Des effets indésirables confirmés lors du déploiement en vie réelle, notamment au Royaume-Uni, premier pays à s’être lancé dans l’aventure, où deux cas allergiques ont été signalés et où l’agence de santé publique a déconseillé la vaccination à certaines personnes allergiques dès le 9 décembre 2020.

Quels sont les risques ?

En France, pour le moment, on dénombre quatre cas de réaction allergique sévère sur près de 700.000 patients vaccinés. Un niveau comparable au risque d’allergie des autres vaccins et médicaments, à savoir 1 cas sur 100.000 environ. Par ailleurs, dans tous les cas de réaction allergique, même grave, aucun décès n’est à déplorer, en France comme à l’étranger.

Comment se manifeste-t-elle ? Par des réactions cutanées, une chute de tension ou, pire, un choc anaphylactique, qui peut mettre en danger de mort. « Les réactions surviennent de façon immédiate, dans la demi-heure, précise Frédéric de Blay, président de la Fédération française d’allergologie (FFAL). Il n’y a pas plus de risque avec ce vaccin qu’avec un autre. Et les précautions sont les mêmes : on attend un quart d’heure, un peu plus si la personne ne va pas bien. »

Une poignée de personnes allergiques concernées

En France, environ 30 % de la population souffre d’une allergie. Heureusement, ces personnes ne sont évidemment pas toutes concernées par le risque après le vaccin de Pfizer. Qui doit se méfier ? « Uniquement les personnes qui sont allergiques à deux composés des vaccins : le polyéthylène glycol (ou Peg) et le polysorbate », explique Marie Lachâtre, infectiologue au Centre d’investigations cliniques en vaccinologie à l’hôpital Cochin (AP-HP).

Ces deux substances servent à fluidifier les vaccins. Le Peg est présent dans les vaccins de Pfizer et de Moderna, le polysorbate dans celui d’Astrazeneca. En clair, les personnes qui se savent allergiques au Peg ne peuvent pas se faire vacciner pour le moment et devront attendre l’arrivée d’autres vaccins, sans ces substances. Deuxième cas de contre-indication : si une personne développe pour la première fois une réaction allergique après la première dose du vaccin Pfizer ou Moderna, elle ne pourrait pas recevoir la deuxième dose.

Que faire en cas de doute ?

« Les patients qui ont fait une réaction sévère (crise d’asthme, choc anaphylactique, diarrhées…) après avoir pris un médicament, mais qui ne savent plus lequel, doivent faire un bilan avec un allergologue avant le vaccin. Mais tous les autres, non ! », tranche Frédéric de Blay, qui assure que « l’ensemble des allergologues sont harcelés par des patients inquiets ». De toute façon, lors de la consultation de prévaccination, le médecin doit vous demander si vous avez déjà fait une réaction allergique à un vaccin ou un médicament, et si oui, lesquels ?

Pour rassurer, la Fédération française d’allergologie a mis en ligne cette semaine une foire aux questions. Qui rappelle que si vous êtes donc allergique – même de façon sévère – aux acariens, à certains aliments, asthmatique car allergique, pas de souci : vous pouvez vous rendre dans les centres de vaccination. De toute façon, en cas de doute, chacun peut interroger son médecin traitant ou le médecin qui vaccine.

Un allergène très peu important

Comment être sûr que l’on n’est pas allergique aux deux substances des vaccins qui peuvent poser problème ? « On peut faire des tests cutanés vis-à-vis du Peg, reprend le pneumologue au CHU de Strasbourg. Mais cela ne sert à rien de faire un test si vous n’avez jamais fait une allergie. C’est chercher une aiguille dans une botte de foin ! » D’autant qu’on retrouve du Peg non seulement dans les médicaments injectables, mais aussi dans les cosmétiques. « C’est un allergène très peu important : il est très utilisé et provoque peu de réactions, reprend Frédéric de Blay. Dans mon CHU, un des centres les plus importants en allergologie, sur 7.000 patients, on doit en voir un ou deux par an qui sont allergiques au Peg… C’est tellement rare qu’il n’y a pas d’étude épidémiologique. »