Vaccination : Cinq informations à retenir des auditions d’Olivier Véran à l’Assemblée et au Sénat

VACCIN Le ministre de la Santé était auditionné ce mardi en milieu de journée par les députés, puis l’après-midi par les sénateurs, sur la stratégie vaccinale du gouvernement, vivement critiquée depuis plusieurs semaines

Oihana Gabriel
Olivier Véran devant l'Assemblée nationale mardi 12 janvier 2021.
Olivier Véran devant l'Assemblée nationale mardi 12 janvier 2021. — AFP
  • Le ministre de la Santé a répondu ce mardi aux questions des commissions de l’Assemblée nationale et du Sénat sur la stratégie vaccinale du gouvernement.
  • Face à lui, des inquiétudes sur la lenteur, d’éventuelles pénuries, et des questions sur la priorisation des publics et sur les soignants qui pourront vacciner.
  • Pour résumer ces deux rendez-vous, « 20 Minutes » répond à cinq questions qui ont été soumises et répétées au ministre.

Olivier Véran n’a pas fini d’entendre des critiques sur la lenteur de la vaccination. Auditionné dans la même journée par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, de 12h à 13h, puis par la commission des affaires sociales du Sénat, de 17h à 18h, sur la stratégie vaccinale du gouvernement, il a commencé son propos par souhaiter une bonne année… et « que nous puissions parler d’autre chose que du virus ».

Puis il a répondu aux interrogations et aux inquiétudes, variées et redondantes, des élus des deux chambres. 20 Minutes vous récapitule les principales informations à retenir, à travers des questions posées ce mardi.

Pourquoi une telle lenteur ?

Anticipant les critiques, le ministre de la Santé a rappelé aux députés que « l’Assemblée nationale et le Sénat ont débattu de la stratégie vaccinale. Les fédérations d’Ehpad nous ont demandé un peu de temps au moment des fêtes. Vous savez et nous savons que l’enjeu prioritaire, c’est l’adhésion des citoyens. Notre stratégie n’a pas changé, le calendrier a été accéléré. Nous espérons avoir vacciné plus d’un million de Français à la fin janvier. »

Certains députés ont cependant émis des doutes sur cet objectif ambitieux. Et Jean-Pierre Door (Les Républicains) n’a pas été le moins caustique : « Après les masques et les tests, lorsqu’on se compare, on ne se rassure pas, vu la lenteur au démarrage de la vaccination. Qui a d’ailleurs irrité le pays, les médias et jusqu’au président de la République. » Plusieurs élus des deux chambres ont fait remonter des craintes de pénuries. Stéphanie Rist (LREM) de demander : « nous avons des bras à vacciner, des bras pour vacciner, pouvez-vous nous assurer que nous aurons les doses ? »

« Nous disposions de 1,8 million de doses de Pfizer la semaine dernière, a répondu le ministre. Nous serons ravitaillés à hauteur de 500.000 doses par semaine, puis 1 million. Nous avons reçu hier 50.000 doses du vaccin Moderna. Nous avons en stock 3,3 millions d’aiguilles et 4,6 millions de seringues. »

Devant les sénateurs, le ministre a précisé que l’accélération pourra être facilitée si les autorités sanitaires européennes autorisaient la mise sur le marché du vaccin AstraZeneca, qui a déposé une demande à l’Europe ce même mardi, car la France devrait recevoir 3 millions de doses.

Qui pourra être vacciné ?

Beaucoup ont questionné la priorisation proposée en décembre par la Haute Autorité de Santé (HAS). Jean-Pierre Door a ainsi suggéré de vacciner rapidement « les patients atteints d’affection de longue durée, 10 millions de personnes, que l’on peut joindre facilement par les caisses de maladie ». Une préoccupation répétée par d’autres collègues. « Nous allons ouvrir la vaccination pour les moins de 75 ans qui souffrent de maladie les exposant à des risques de comorbidités, a promis Olivier Véran. Alain Fisher [le Monsieur Vaccination] va finaliser la liste des maladies. »

Bernard Perrut, député LR, a suggéré aussi d’ouvrir la vaccination aux élus et aux ministres, pour « donner l’exemple ». « Pour moi l’exemplarité, c’est d’attendre son tour, rétorque le ministre. Je suis médecin, de moins de 50 ans, je ne me fais pas vacciner. Le jour où ça sera ouvert, je serai ravi de me protéger contre ce virus. »

Qui pourra vacciner ?

Pour le moment, il doit y avoir un médecin pour vacciner en ville comme à l’hôpital. Une limitation qui inquiète de nombreux élus. Notamment pour les déserts médicaux… Les infirmiers et les pharmaciens, pourront-ils bientôt se joindre à l’effort national, eux qui le demandent ? « Quand nous disposerons de vaccins qui se conservent entre 2 et 8 ° C, d’usage plus simple, nous souhaitons nous appuyer sur l’ensemble du maillage territorial donc tous les soignants, a dévoilé Olivier Véran. J’attends l’avis de la HAS dans le cadre d’un protocole de coopération qui permettra de nous appuyer sur l’ensemble des profesionnels de santé. »

Il a été plus clair devant le Sénat : la vaccination en officine devrait être possible. « On sait faire dans notre pays, notamment pour la grippe », a-t-il rappelé.

Quelle transparence ?

Pour le ministre, cette transparence doit être un « étendard ». Lundi, pour la première fois, la direction générale de la santé a publié sur son site le nombre de Français vaccinés : 138.000 au 11 janvier, avec le détail par région. « J’ai demandé que tous les jours à 19h30 soient publiées les données dont nous disposons : nombre de vaccins réalisés par région, pourcentage de la population vaccinée, de doses utilisées en accès libre, a annoncé le ministre. Nous avons un cas d’effet indésirable de nature allergique. Qui correspond à ce qu’on voit à l’étranger. »

Pourquoi choisir le privé ?

Adrien Quatennens (LFI) a appuyé sur le choix du gouvernement d’avoir payé un cabinet de conseil privé pour peaufiner cette stratégie vaccinale. « Combien cela coûte ? Confirmez-vous le montant de 2 millions d’euros par mois ? » Une question évincée par le ministre à l’Assemblée. Et répétée au Sénat. Le ministre a répondu que les sommes dépensées, sans préciser le montant, viennent de son ministère et ne pèseront pas sur le budget de la Sécurité Sociale.

La sénatrice Catherine Deroche (LR) a elle interrogé sur la façon dont ces conseils sont mis en place. « Le cabinet McKinsey, et d’autres, nous appuie dans la conduite du projet, a expliqué le ministre. Il appuie d’autres ministères de la santé à l’étranger, ça ne me choque pas, c’est la tradition dans notre Etat de fonctionner ainsi. Ce sont des conseils variés, on est dans le pur opérationnel. Toutes les grandes décisions, par exemple la priorisation des publics, relèvent du ministère. »

Adrien Quatennens a également critiqué le partenariat avec Doctolib pour gérer les centres de vaccination : « Une entreprise privée pourra donc ficher toute personne passant par ses services. Pourquoi ce choix du privé au mépris du service public ? » Le ministre a confirmé que trois prestataires privés offrent des solutions numériques pour la prise de rendez-vous. « On aurait dû tout construire à partir de rien alors que nous avons des acteurs français, comme Doctolib, qui fonctionnent bien ? Ce serait "sale" parce que ce serait privé ? Ce n’est pas du tout ma vision de la France », a-t-il rétorqué.