Vaccination : Face à la crainte d'un rebond et aux critiques, le gouvernement promet d'accélérer la cadence
EPIDEMIE Le gouvernement va regarder de très près les chiffres de Santé Publique France alors que chacun craint une nouvelle flambée épidémique après les fêtes de fin d'année
Une rentrée sous haute tension. Une vaccination à pas de tortue, un brassage inquiétant avec la réouverture des écoles et des universités, deux nouveaux variants qui pourraient compliquer encore la donne… Les fêtes passées, le gouvernement guette désormais un rebond de l’épidémie de Covid-19, prélude à de possibles nouvelles restrictions, tout en essayant d’étouffer la polémique grandissante autour de la lenteur de la campagne de vaccination.
Vivement critiqué pour le nombre très modeste de vaccins administrés (quelques centaines) en comparaison avec d’autres pays européens, l’exécutif répète qu’il met les bouchées doubles. Dans Le Parisien dimanche, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal annonce une accélération de l’arrivée des doses chaque semaine et un renforcement des moyens pour les transférer aux Ehpad.
Un rythme trop lent ?
Mais les attaques ne faiblissent pas face à une campagne au compte-gouttes qui comprend une visite pré-vaccinale pour déceler d’éventuelles contre-indications et recueillir le consentement des personnes. « On ne peut pas envisager de rester sur ce rythme. Les calculs laissent envisager qu’il faudrait 3.000 ans pour être vaccinés », a regretté dimanche sur BFMTV le Pr Bruno Megarbane, chef du service de réanimation médicale et toxicologique de l’hôpital Lariboisière (AP-HP), se disant toutefois « confiant » sur le fait que « les choses vont s’accélérer ».
Dans une tribune publiée dans Télérama, la directrice du Théâtre du Soleil Ariane Mnouchkine a exhorté le gouvernement à accélérer les choses en vue de la réouverture, entre autres, des théâtres et des cinémas, fermés depuis le 30 octobre. « Que ceux qui ne veulent pas se faire vacciner ne le fassent pas, c’est leur droit, mais en leur nom, allez-vous prétendre empêcher les volontaires de le faire au plus vite ? », s’agace-t-elle.
« Pour la première phase, (…) ce sont les vaccins qui se déplacent à nos aînés, pas l’inverse. Les Allemands ont eux un champ plus large en ciblant d’autres populations », a plaidé Gabriel Attal.
Des centres de vaccination en ville promis pour février
« Pour la deuxième phase, dès début février, (le ministre de la Santé) Olivier Véran a annoncé des "centres de vaccination en ville" : ce ne seront pas des "vaccinodromes" géants nécessitant des kilomètres de déplacement mais, à terme, des lieux en grande proximité dans nos communes », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre Jean Castex avait assuré la veille que « dans les mois qui viennent, à l’arrivée, la situation sera totalement équilibrée en termes de vaccination en Europe ». « L’objectif que nous avons (…) c’est de pouvoir vacciner 26 millions de Français à l’été » a insisté dimanche le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari sur BFMTV.
« Attentif au milieu scolaire »
Dès lundi, les soignants à partir de 50 ans pourront tous commencer à être vaccinés, Olivier Véran ayant avancé leur tour de plusieurs semaines. Certains n’ont même pas attendu cette date : à l’Hôtel-Dieu à Paris, et au CHRU de Nancy, les premières injections ont été faites ce week-end.
Si les conséquences des fêtes de fin d’année sur la circulation du virus ne seront connues que dans plusieurs jours, « la tendance est déjà préoccupante » depuis le début décembre, affirme le directeur général de la Santé Jérôme Salomon au JDD. Il s’inquiète à la fois des conséquences des vacances, du froid qui favorise les transmissions, des deux variants identifiés au Royaume-Uni et en Afrique du Sud déjà détectées en France mais aussi du brassage d’élèves avec la rentrée.
« Les enfants reviennent de différents endroits, en France ou à l’étranger, ça peut rebattre les cartes de la situation épidémiologique », affirme-t-il. Quant aux deux souches, elles « ne sont pas forcément plus dangereuses mais elles sont nettement plus contagieuses. Elles toucheraient aussi davantage les jeunes (…) Il faut donc qu’on soit très attentif au milieu scolaire et universitaire ».
Après plus de deux mois de « distanciel », les universités pourront dès lundi accueillir quelques élèves mais beaucoup attendront la semaine suivante pour concilier au mieux contraintes sanitaires, examens et fatigue.
Réouverture des bars et restaurants peu probable le 20 janvier
Les perspectives sont par ailleurs sombres pour les bars et les restaurants, un poids lourd du gouvernement jugeant auprès de l’AFP « très, très peu probable » une réouverture dès le 20 janvier. Le Conseil scientifique a d’ores et déjà dit craindre un rebond « incontrôlé » dans les prochaines semaines, notamment en raison des fêtes de fin d’année, marquées aussi par l’organisation de quelques fêtes clandestines pour le réveillon.
Les chiffres inquiétants dans l’Est ont poussé le gouvernement à renforcer le couvre-feu dès samedi dans 15 départements. Les données de Santé Publique France samedi montrent une légère hausse du nombre de patients hospitalisés et en réanimation, après une baisse continue ces derniers jours.
L’épidémie pèsera « au moins jusqu’au printemps », avait prévenu lors de ses vœux le chef de l’Etat qui a toutefois exprimé son espoir pour 2021 grâce au vaccin. Pour Jérôme Salomon, « on a encore quatre mois d’efforts collectifs à faire ».