Coronavirus à Lyon : Ils participent au dépistage massif régional pour « éviter de contaminer la famille à Noël »
REPORTAGE La campagne de dépistages massifs portée par Laurent Wauquiez, président LR d'Auvergne Rhône-Alpes, débute ce mercredi dans 2.600 centres mobilisés sur le territoire
- Les dépistages massifs portés par Laurent Wauquiez, président LR d’Auvergne Rhône-Alpes, débutent ce mercredi dans toute la région.
- Place Carnot, où un centre éphémère a été installé pour une semaine à la sortie de la gare, il n’y avait pas foule encore.
- « 20 Minutes » est allé à la rencontre de quelques Lyonnais qui ont fait la démarche de se faire tester pour protéger leurs proches à Noël.
Ce mercredi en milieu de matinée, il y a foule au centre de la place Carnot à Lyon. Autour d’une grande tente blanche installée à deux pas de la gare de Perrache, des badauds sont venus voir ce qu’il se trame, des journalistes sont présents comme beaucoup d’élus. Le suspense prend fin rapidement dès l’arrivée du président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, sur le terrain pour lancer sa campagne de dépistages massifs au Covid-19.
Une opération dont la pertinence est remise en cause par les maires de Lyon et Villeurbanne et critiquée par l’opposition de Wauquiez, qui voit là une occasion de plus pour l’homme politique d’occuper le terrain dans la perspective des Régionales. Mais sous la tente, une fois les quelques élus incités à venir se faire dépister passés entre les mains des soignants, la polémique semble bien loin des préoccupations du public.
« Les gens de la région ont été persuasifs »
« Je suis venue pour montrer l’exemple. Le test n’est pas une garantie mais savoir que l’on est positif permet de s’isoler et d’éviter d’aller contaminer notre famille pendant les fêtes », souligne Pauline, une mère de famille venue faire le test PCR avec son fils. Dans l’un des trois box installés par le laboratoire Eurofins, chargé des dépistages à la sortie de Perrache et de la gare de la Part-Dieu, Gérald, 71 ans, a atterri ici presque par hasard. « Je sortais de chez le dentiste et j’ai croisé dans la rue des personnes de la Région qui m’ont convaincu de me faire tester. Mais, à part mon âge, je n’ai aucune raison de me faire dépister », confie ce septuagénaire.
Ce Lyonnais ne présente aucun symptôme du Covid-19 et n’a pas de projet de réunions familiales pour les fêtes. « Mais les gens de la région ont été persuasifs, sourit-il. Ce n’est pas si mal. Avant d’aller dans les familles, les gens doivent se faire dépister. Il va bien falloir qu’on trouve une solution pour passer cette période et arrêter de faire circuler ce virus ».
Comme lui, ce mercredi matin, 80 personnes sont venues se faire dépister à Perrache, où les personnels du laboratoire s’attendent à voir les files d’attente s’allonger dès ce week-end. « Ce matin, j’ai dû m’arrêter deux minutes. Mais on a le temps. Vendredi et samedi, on risque d’avoir du monde car c’est le dernier week-end avant Noël », estime Sarah, une aide-soignante recrutée et formée depuis quelques mois aux tests PCR. Des dépistages privilégiés pour leur fiabilité, et réalisés aux abords des gares, dans les lycées et les grandes surfaces. « Et puis les gens se font tester en passant devant la tente. Ils n’ont pas le temps d’attendre 20 minutes le résultat d’un test antigénique », ajoute la jeune femme.
« Le test n’est en aucun cas un sésame »
Ces tests à réponse rapide et à l’efficacité contestée, dont deux millions de doses ont été commandées par la Région, seront utilisés dans les bus itinérants qui vont sillonner les villages pendant une semaine, dans les pharmacies ou encore les maisons médicales participant à l’opération. Une campagne à laquelle adhèrent forcément les personnes venues se faire tester, convaincues toutefois que cela ne suffit pas. « Le test n’est en aucun cas un sésame, je le répète chaque jour. Il permet d’isoler des personnes qui ne savent pas qu’elles sont malades et d’éviter ainsi de nouvelles contaminations », ajoute Hervé Lelièvre, biologiste médical et directeur du laboratoire Eurofins CBM69.
Tatiana acquiesce. « Je veux être sûre de ne faire prendre aucun risque à ma famille. Le dépistage, pratiqué ici dans les deux narines n’est vraiment pas agréable. Mais il n’y a que comme ça qu’on peut être certain de pas être malade et préserver ses poches », souligne cette quadragénaire, décidée à renoncer à son Noël en famille en cas de résultat positif. « Et si je suis négative, cela ne m’empêchera pas de faire attention aux gestes barrières », promet-elle.
Pour cette Lyonnaise comme pour les personnes dépistées ce mercredi, le résultat devrait être connu dans les 24 à 48 heures et transmis à la Sécurité sociale, associée à la campagne. Devant le centre éphémère, Laurent Wauquiez est tout sourire. « Ces gens sont des personnes qui n’auraient pas poussé la porte d’un labo. Je le répète, participer à cette démarche citoyenne, c’est une protection de plus », souligne-t-il, satisfait d’annoncer que dans plusieurs lycées et CFA, des cas ont été détectés grâce à cette campagne.
15.000 personnes mobilisées dans la région
« Dans un CFA de la Loire, sur 100 tests, 15 élèves asymptomatiques ont été diagnostiqués positifs en fin de semaine dernière, assure le président LR. Ce sont des bombes virales, car ils vont contaminer 20, 30, 40 personnes. Grâce à la campagne, ils sont informés et ils vont être prudents. »
Reste à savoir si au-delà de cette première matinée de lancement, cette campagne à 19 millions d’euros, qui va mobiliser 15.000 personnes dans toute la région, recevra l’adhésion d’un plus large public. A en croire certains membres de l’opposition régionale, l’objectif initial de Laurent Wauquiez de toucher deux à quatre millions d’habitants en une semaine aurait déjà été sérieusement revu à la baisse.