Coronavirus : les délais pour se faire tester sont encore trop longs

Dépistage Malgré les efforts des autorités, il n’est pas rare de devoir attendre une semaine avant d’obtenir un rendez-vous pour un dépistage du Covid-19.

20 Minutes avec AFP
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Un test PCR gratuit pour dépister le Covid-19 à Strasbourg, le 10 juillet 2020
Un test PCR gratuit pour dépister le Covid-19 à Strasbourg, le 10 juillet 2020 — CHRISTELLE REWIAKO/SIPA

Près de cinq mois ont beau s’être écoulés depuis 1er décès officiel lié au Covid-19 en France, la possibilité de se faire tester rapidement patine encore en France, malgré  les efforts des autorités.

« Les dates de rendez-vous sont encore trop longues, il y a des efforts à faire », a déploré Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique pendant la pandémie, qui l’a expérimenté à ses dépens, en appelant un laboratoire, sans donner son nom. Résultat : « un rendez-vous six jours plus tard ».

A Paris, il arrive aussi de devoir attendre une semaine afin de recevoir le résultat de son test virologique dans un laboratoire d’analyse, alors que les autorités sanitaires assurent que le résultat doit être transmis dans les 24 heures.

Encore des laboratoires ne faisant pas «le moindre test»

Si le pays est capable de faire 700.000 tests par semaine « et même un million s’il le fallait », le ministre de la Santé, Olivier Véran a reconnu sur franceinfo qu'« il y a des endroits où on est à quasi-saturation – où on teste énormément, comme l’Ile-de-France (…) – d’autres où il y a beaucoup de marge ».

« J’ai mobilisé les laboratoires pour qu’ils travaillent davantage les uns avec les autres, j’ai une liste de communes en Ile-de-France où les laboratoires ne font pas encore le moindre test, donc je leur ai dit : ça, c’est impossible ».

Des «goulets d’étranglement»

Pour le directeur de l’ARS francilienne, Aurélien Rousseau, trois facteurs de tensions favorisent les « goulets d’étranglement » : la reprise de la chirurgie (tests avant d’opérer), les tests avant de partir en congé et les envois massifs de bons de dépistage de l'Assurance maladie. Plus de 2 millions ont déjà été distribués.

« On aimerait que les politiques, avant de faire des annonces, travaillent avec les administrations pour que tout soit prêt », peste François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes (SDB). « Ce n’est pas un problème technique, mais d’organisation (…) J’ai déjà dit il y a deux mois, que dépister des milliers de gens au même endroit en même temps moment poserait problème ».

« Il y a un temps incompressible de prélèvement, de nettoyage des salles pour assurer la sécurité », explique le biologiste. Sans oublier, les autres examens (cancers, diabètes…) et les congés du personnel fatigué.

Des efforts encore insuffisants selon le syndicat des biologistes

Les 40.000 techniciens de laboratoire peuvent désormais faire les prélèvements en plus des biologistes médicaux. Les préfets de département peuvent aussi autoriser des étudiants en médecine ou en soins infirmiers à en faire. Dans certaines régions les pompiers ou La Croix-Rouge aident.

Mais le président du SDB « ne voit pas comment on peut y arriver s’il n’y a pas plus de soignants qui s’y mettent » aussi. Allusion notamment aux plus de 200.000 médecins en activité qui pourraient participer aux prélèvements. Le syndicat a d’ailleurs mis en ligne un tutoriel montrant comment les effectuer correctement.

La voie des tests salivaires

Les tests salivaires virologiques sur machine « feraient gagner énormément de temps », dit-il aussi. Certains biologistes les utilisent « à titre expérimental et travaillent sur ce sujet avec le CNR » (centre national de référence), selon Lionel Barrand du Syndicat des Jeunes Biologistes Médicaux.

Mais « ces tests-là ne sont pas fiables », a jugé le Pr Delfraissy, même s’il pense qu’ils vont évoluer et que « d’ici fin août », on pourra les avoir.

Plus d’encombrement avec les tests sans ordonnance

La possibilité prochaine de pouvoir faire le test classique sans ordonnance, annoncée par le président Macron le 14 juillet, va ajouter à l’encombrement et « nécessiter une organisation logistique », a reconnu le ministre de la Santé. « On l'a vu en Ile-de-France : quand on propose à un million de personnes de se faire tester, il y a un effet de saturation ».