Coronavirus à Toulouse : Des masques de plongée Decathlon adaptés par Airbus et approuvés par une clinique

INNOVATION Pour limiter la propagation du coronavirus, la clinique Pasteur teste des masques de snorkeling de Decathlon, adapté par les ingénieurs d’Airbus pour les rendre plus efficaces

Béatrice Colin
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Des adaptateurs ont été imprimés en 3D par des ingénieurs d'Airbus pour des masques de plongée utilisées par des médecins de la clinique Pasteur de Toulouse.
Des adaptateurs ont été imprimés en 3D par des ingénieurs d'Airbus pour des masques de plongée utilisées par des médecins de la clinique Pasteur de Toulouse. — Clinique Pasteur
  • Dans la lignée de ce qui s’est passé en Italie, une adaptation des masques de plongée Decathlon pour les soignants est en cours.
  • Des salariés d’Airbus ont participé à la création d’un adaptateur qui permet d’installer un filtre à air.
  • Testé par les médecins volontaires de la clinique Pasteur, il est développé dans le cadre d’un consortium français au sein duquel on retrouve notamment Decathlon.

C’est une toute petite pièce, imprimée en 3D, mais qui fait toute la différence. Depuis quelques jours, les médecins anesthésistes de la clinique Pasteur, à Toulouse, testent le masque de snorkeling de Decathlon lors de l’intubation et l’extubation des malades atteints de Covid-19.

Pour adapter cet équipement et le rendre hermétique à tout air pollué, ils ont fait appel aux ingénieurs d'Airbus. Il fallait en effet mettre au point un adaptateur pour remplacer le tuba intégré du fameux Easybreath par des filtres antiviraux, s’inspirant ce qui avait été réalisé par une start-up italienne à la demande d’un médecin de la région de Brescia. Et côté question petites pièces et innovations, on en connaît un rayon chez l’avionneur européen.

Utilisés lors de l’intubation

« Nous avons rencontré une équipe de la clinique Pasteur pour comprendre leurs besoins et leur montrer notre prototype d’adaptateur. Et après validation, nous n’avons pas hésité à leur venir en aide en réalisant ces pièces en impression 3D grâce à la collaboration avec l’Artilect Fablab de Toulouse et des makers locaux », explique Vanessa Crespo, ingénieur propulsion R & T Airbus et membre de Airbus Humanity Lab, une association humanitaire.


En attendant une homologation officielle par les autorités de santé, ce nouveau masque a été testé, et approuvé, par les médecins volontaires de la clinique toulousaine.

- CKZ photo / AIrbus

« Ce masque, tel qu’il existe, protège le visage, mais pas l’air que l’on inspire. Or, nous sommes en première ligne, notamment lors des manœuvres d’intubation où la charge virale est très importante. Il fallait donc avoir des filtres qui isolent les praticiens de l’air pollué, pour que ces actes soient réalisés en toute sécurité, que ce soit pour le patient ou pour nous. On les a testés, et ça marche très bien », assure Madeleine Croute-Bayle, médecin anesthésiste-réanimateur.

Un projet pour les patients

Des masques « confortables », qui sont utilisés pour l’instant lors des gestes les plus à risque d’intubation et d’extubation. Un travail mené par les équipes d’Airbus Humanity Lab dans le cadre d’un consortium plus large au sein duquel on trouve notamment Decathlon, des hôpitaux, le CNRS ou encore l’université de Stanford. Il a permis le lancement cette semaine de la production industrielle de l’adaptateur dont 25.000 exemplaires vont être envoyés aux établissements de soins auxquels Decathlon a fourni cet équipement de protection individuelle réutilisable.

La clinique Pasteur en a reçu ainsi 150. Mais ces masques adaptés pourraient bientôt avoir une autre fonction et être utilisés sur le patient. Il est ainsi projeté de donner aux malades par ce moyen de l’oxygène à haut débit et peut-être dans certains cas de leur éviter l’intubation, une étape très agressive dans les soins. La création d’un raccord pour créer une valve étanche pour brancher l’oxygène est donc en projet et porté par le consortium.