Coronavirus : Cette photo d'un vaccin canin fait croire à un complot, il n'est en réalité pas efficace pour les humains
FAKE OFF Les coronavirus canins n’ont en effet rien en commun avec le Covid-19
- La photo d’un vaccin canin contre le coronavirus a circulé sur Facebook, alimentant des théories complotistes.
- Les familles de coronavirus qui contaminent les chiens et les chats n’ont pas de points communs avec le Covid-19 et ne peuvent donc pas être utiles aux recherches sur un vaccin.
- Des études sur le virus aviaire sont cependant en cours en Israël. Les scientifiques relativisent pour l’instant la portée de ces recherches.
« Vaccin 2001 pour coronavirus pour animaux de compagnie… Quelque chose ne va pas. » Accompagnée de ce commentaire sur Facebook, la publication d’une photo d’un flacon portant une étiquette sur laquelle on peut lire « Canine coronavirus vaccin » est devenue virale avant d’être supprimée ce jeudi.
On distingue sur l’étiquette une adresse : « Intervet Inc., Omaha, Ne [Nebraska] 68103 USA ».
Cette image, qui a été vue 35.000 fois mercredi, a semé le doute chez les internautes, qui ont commenté : « Ça sent le roussi », « Finalement, c’est quoi ce coronavirus ? », « J’ai suivi un débat aujourd’hui ou ils parlaient de l’existence du virus chez les volailles. Ils font une recherche pour adapter le vaccin aux hommes. »
FAKE OFF
L’adresse indiquée est celle de Merck Animal Health, entreprise qui développe, fabrique et commercialise une gamme de médicaments et de services vétérinaires. Ce type de vaccins existe bien, comme on en trouve sur le site de Zoetis, une entreprise pharmaceutique vétérinaire américaine, qui commercialise un produit « recommandé pour la vaccination des chiens en bonne santé âgés de six semaines ou plus pour aider à prévenir la gastro-entérite coronavirale canine ».
Chez les chiens en effet, la maladie due aux coronavirus était connue bien avant l’épidémie de Covid-19. Elle se traduit par une gastro-entérite accompagnée de diarrhées importantes. « Mais le vaccin n’est pas obligatoire en France, il n’est pas recommandé par la Wsava [Global Veterinay Community] », précise à 20 Minutes Christophe Buhot, du Snel, organisation professionnelle représentative des vétérinaires d’exercice libéral. « Chaque espèce animale a son coronavirus (chiens, chats, porcs, ruminants, dromadaires, oiseaux, chauves-souris). Le terme de coronavirus est très général, c’est comme parler d’un vin de Bordeaux », poursuit le praticien.
Des recherches sur le coronavirus aviaire
« Le Coroc (coronavirus canin) et le Corof (coronavirus félin) sont des virus digestifs que l’on retrouve dans les sécrétions fécales, explique également Cristina Cardone, vétérinaire, sur medisite.fr. Il n’y a aucune forme de coronavirus canin et félin commun au Covid-19. »
Et puisque les virus ne sont pas les mêmes, le vaccin qui existe pour les animaux n’est en rien utile à la recherche d’un vaccin pour l’humain. « Il n’y a aucun élément probant disant que le vaccin du chien pourrait fonctionner pour l’homme, appuie Christophe Buhot. S’il y avait la moindre parenté entre les deux virus, les laboratoires seraient déjà en train d’étudier cette possibilité. »
Qu’en est-il des recherches évoquées par un internaute pour adapter un vaccin aux hommes en partant d’un virus qui touche les volailles ? Le 27 février, un laboratoire israélien a en effet indiqué dans un communiqué travailler depuis quatre ans sur un vaccin sur le coronavirus de la bronchite infectieuse aviaire : « On a trouvé que le coronavirus aviaire avait une grande similarité génétique avec le Covid-19 humain, et qu’il utilise le même mécanisme d’infection, un fait qui augmente la probabilité pour trouver un vaccin humain efficace dans un court délai. » Alexandre Bleibtreu, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière, a néanmoins relativisé sur le site de Libération : « Il faut faire la différence entre un candidat vaccin et un vaccin efficace. Il y a beaucoup d’étapes à valider d’ici là. »
« Il y a énormément de laboratoires qui développent actuellement des vaccins », a également nuancé Isabelle Imbert, enseignante-chercheuse du laboratoire Architecture et fonction des macromolécules biologiques à l’université d’Aix-Marseille et spécialiste des coronavirus, qui conclut : « On a dépassé le stade de la prévention. On n’en est plus à vacciner les gens. L’urgence, c’est de développer des antiviraux pour aider le corps à bloquer la progression du virus. »