FAKE OFFAttention à ces photos de manifestations de soignants qui datent de dix ans

Coronavirus : Attention à ces photos de manifestations de soignants qui datent de dix ans

FAKE OFFDans le contexte d'épidémie du coronavirus, attention à ces photos trompeuses de manifestation de personnels soignants, qui remontent à 2010
Marie-Laëtitia Sibille

Marie-Laëtitia Sibille

L'essentiel

  • Des clichés de manifestants en blouse bleue réprimés par des policiers circulent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, provoquant la colère des internautes.
  • Ces photos datent d’il y a dix ans et concernent spécifiquement une catégorie de soignants, les infirmiers anesthésistes, qui demandaient alors une revalorisation de leur salaire.
  • Une infirmière ayant posté ces photos sur son compte Facebook explique les raisons qui l’ont poussée à ressortir ces clichés dans le contexte anxiogène actuel.

Plusieurs photos de manifestations de soignants réprimées par les forces de l’ordre circulent sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. « C’était le temps où l’on réclamait des moyens pour mieux prendre soin !! Qui avait raison ???? », indique notamment l’auteur de l’une de ces publications virales, suggérant ainsi que la récente mobilisation des soignants pour réclamer des moyens supplémentaires, avant la crise du coronavirus, était méprisée par l’exécutif et les forces de l’ordre.

Des photos de manifestations de soignants sur Facebook.
Des photos de manifestations de soignants sur Facebook.  - Capture d'écran Facebook

Sur ces photos, la plupart du temps réunies en une seule image, on peut voir des soignants rassemblés dans la rue, équipés de masques, de calottes et vêtus de blouses bleues, aux prises avec des policiers et gendarmes. La violence et la tension sont palpables et, sur l’un des clichés, des policiers aspergent de gaz lacrymogène des manifestants allongés au sol.

Des montages de ces clichés ont également été réalisés avec le portrait d’Emmanuel Macron.

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Des tweets utilisent ces mêmes clichés en réponse à une vidéo du mardi 27 mars, dans laquelle des policiers applaudissent le personnel soignant devant le service des urgences de l’hôpital de Clamart (Hauts-de-Seine).

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Dans un contexte extrêmement tendu pour le système de santé, les commentaires fusent : « C’est pas si loin tout ça ! J’espère que ce gouvernement paiera pour ses fautes », « Ils vont récolter ce qu’ils ont fait, vous avez le pouvoir maintenant », « Maintenant on est tous dans le même panier et tout le monde s’applaudit », « C’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens… », écrivent ainsi certains internautes.

D’autres fustigent le gaspillage de matériel médical utilisé pour manifester, un matériel devenu encore plus précieux depuis le Covid-19 : « Ces masques, ces blouses, ces calottes qui manquent cruellement aujourd’hui ! Manifester son mécontentement, oui… gaspiller du matériel qui ne vous appartient pas, c’est inconcevable ! ».

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Une recherche inversée sur Google images montre que ces photos ont été prises il y a dix ans. Sur Agoravox, site Web de journalisme citoyen, on retrouve, dans un article en date du 6 avril 2010, le cliché des manifestants aspergés de gaz lacrymogène par la police : « Les forces de l’ordre perdent leur sang-froid le 30 mars 2010, à 14 h 20, boulevard du Jeu-de-Paume à Montpellier lors d’un sit-in des infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat (IADE). »

Le cliché d’un manifestant évacué par la force date aussi de 2010, lors d’une manifestation du 18 mai , toujours des infirmiers anesthésistes, qui bloquaient les voies de la gare Montparnasse, à Paris, afin d’obtenir d’être reçus par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Ils réclamaient alors une revalorisation salariale et souhaitaient que leur formation soit reconnue au niveau master, soit bac + 5.

Idem pour la photo de gendarmes face à une foule de blouses bleues. Le cliché a par exemple été publiée en 2010 sur le site du NPA.

« Si on baisse les bras, nos enfants ne pourront plus être soignés »

Une infirmière ayant posté ces clichés sous pseudonyme sur Facebook explique à 20 Minutes les raisons de son geste : « Effectivement, les photos ne datent pas des récentes manifestations qui ont fait couler beaucoup d’encre. C’était pour dire que depuis tout ce temps, les coupes budgétaires, la suppression des lits, la non-revalorisation de nos conditions et de nos salaires (parmi les moins pays de l’UE), rien n’a changé… Pire, nos conditions se sont détériorées ! Malheureusement, il faut une crise sanitaire mondiale pour se rendre compte de nos conditions de travail et de l’état de santé de notre fonction publique hospitalière. Malgré tout ça, nous leur faisons encore confiance, à eux nos dirigeants élus démocratiquement et à nos responsables médicaux, car nous savons que si on baisse les bras, demain, ce sera peut-être nos parents ou pire, nos enfants qui ne pourront plus être soignés. »

Certaines de ces photos avaient déjà été utlisées il y a quelques semaines par des internautes, quand le personnel hospitalier se mobilisait pour réclamer plus de moyens. Elles étaient présentées à tort comme datant du quinquennat d’Emmanuel Macron.

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