Pourquoi vous avez encore des progrès à faire quant au recyclage de vos médicaments

SANTE L’éco-organisme Cyclamed vient de lancer sa nouvelle campagne pour inciter au recyclage des médicaments non utilisés

Julie Urbach
Des plaquettes de médicaments
Des plaquettes de médicaments — GILE MICHEL/SIPA
  • En 2018 en France, 78 % de la population déclare ramener ses médicaments non utilisés en pharmacie.
  • Pourtant, un travail de sensibilisation est encore nécessaire sur la façon de faire, mais aussi sur les risques encourus par ceux qui continuent de stocker leurs boîtes de comprimés.

« Tous tri-athlètes, tous athlètes du tri. Rapportez vos médicaments non utilisés à la pharmacie ». Ce mardi à Nantes, l’éco-organisme Cyclamed a lancé sa nouvelle campagne de communication à la télévision et dans les quelque 21.000 officines de l’Hexagone. Objectif : inciter encore davantage de Français à mieux recycler leurs cachets ou sirops inutilisés, plutôt que de les jeter à la poubelle, voire dans les toilettes. A partir du mois prochain, tous les pharmaciens devront d’ailleurs apposer un petit tampon sur votre ordonnance pour vous y encourager.

Si la pratique s’est fortement développée en dix ans, pour concerner une part de 78 % de la population (162g par habitant ont été revalorisés en 2018), il y a encore des progrès à réaliser dans la façon de faire. « On retrouve encore trop de boîtes et de notices en papier qui devraient rejoindre leur propre filière de tri », indique par exemple Denis Millet, président du syndicat des pharmaciens de Loire-Atlantique. En effet, pas besoin de laisser le carton autour des gélules et autres tubes de crème qui subissent, eux, un traitement spécifique : une fois récupérés, il est trop compliqué (et risqué) de les réutiliser. Ils rejoignent donc des usines d’incinération dans le but de produire éclairage et chaleur, et d’éviter leur enfouissement et une potentielle pollution des eaux.

Eviter les accidents domestiques

Mais au-delà du bénéfice pour l’environnement, Cyclamed veut continuer à sensibiliser sur le bon usage des médicaments. Se débarrasser de ses cachets périmés, c’est bien, mais l’idéal serait de tout rendre une fois son traitement terminé ou devenu inadapté. « Les recycler permet d’éviter les accidents domestiques, illustre Tamara Gosset, directrice de Cyclamed. En ramenant les gélules qui traînent au fond du placard, on est moins tenté d’en prendre une, ou qu’un enfant tombe dessus. » Et notamment lorsqu’il s’agit d’antibiotiques, dont un mauvais usage (arrêt du traitement trop tôt, automédication…) peut favoriser l'antiobiorésistance, c’est-à-dire la création de nouvelles bactéries contre lesquelles il faut inventer de nouveaux traitements… Un « enjeu de santé publique majeur » qui serait responsable de 12.500 décès par an.

Selon Cyclamed, ce message commence cependant à être bien reçu par les Français. Si les médicaments non utilisés représentaient, en 2018, encore près d’un quart de l'armoire à pharmacie des gens, le volume récupéré par les pharmaciens est en chute depuis plusieurs années. Un chiffre qui pourrait laisser croire à de mauvaises pratiques, mais qui va de pair avec une baisse significative de la consommation médicamenteuse en France (50 boîtes vendues par an et par habitant en 2005, contre 43 en 2018). « Les comportements vont dans le bon sens : les Français respectent mieux leur traitement et ont pris le réflexe de ramener le reste, assure Thierry Moreau-Defarges, président de Cyclamed. Le nombre de lignes sur les ordonnances a lui aussi diminué. »