« Janvier sobre » : Pression sociale, fierté ou rechute, ils ont déjà participé au mois sans alcool et nous racontent
PAS UNE GOUTTE Alors que les associations vont lancer « Janvier sobre » en France en 2020, finalement sans l’appui de l’Etat, certains internautes nous dévoilent comment ils ont vécu un mois sans alcool
- Sur le même modèle que le Dry January de nos voisins britanniques, la France se lance en 2020 dans le « Janvier sobre ».
- Les associations, sans l’aide de l’Etat, organiseront cette opération de sensibilisation nationale pour que ceux qui le souhaitent s’interrogent sur leur consommation d’alcool.
- Mais certains Français n’ont pas attendu pour se lancer dans ce défi, et nos internautes ont été nombreux à témoigner.
Et si on mettait un pied dans 2020 sans tituber ? Alors que les Britanniques se lancent depuis 2013, dès le début de l’année, dans le Dry January (« Janvier sobre » en bon français), un défi pour éliminer toute goutte d’alcool pendant 31 jours, certains Français pourraient s’y mettre dans moins d’un mois. En effet, après l’avortement d’une campagne de Santé Publique France, les associations et certains médecins piloteront finalement le premier mois sans alcool en France, baptisé le Défi de janvier.
Alors que le dernier rapport de l’OCDE place la trop grande consommation d’alcool et de tabac parmi les facteurs qui plombent notre santé nationale, l'initiative n'a pas fini de faire débat. Mais certaines et certains (dont votre obligée) n’ont pas attendu 2020 pour dire non à une bière ou un verre de vin. Des internautes nous racontent leurs difficultés… et leur fierté.
Pour beaucoup, la pression sociale
Ce qui revient énormément dans les contributions que nous avons reçues, c’est la pression sociale. Chloé a commencé 2019 avec une liste de bonnes résolutions assez longue : plus d’alcool, davantage de sport et une alimentation plus saine. « Trois semaines de combat contre mon entourage quasi constant. Je n’ai tenu ni le sport, ni le manger mieux, mais j’ai fait du tri dans mes amis pour ne garder que ceux avec qui je m’entends, même sobre ».
Emilie, elle, a même été jusqu’à inventer de fausses excuses pour avoir la paix… « Ce challenge a été une occasion de réussir à dire non à l’alcool quand je sortais. Au début, c’était très dur, alors je prétextais une maladie, pour éviter de me justifier. Rapidement, j’ai eu des réflexions du type "tu es enceinte ?". Mes amis ont eu du mal à comprendre pourquoi je faisais ça, et surtout ils pensaient que j’en étais incapable. C’était limite vexant. » Sophie regrette aussi l’incompréhension des proches : « Avoir à me justifier de ne pas boire à chaque festivité, un peu pénible à la longue ». Un regard qui a pesé sur Camille, qui a choisi de faire « Octobre sobre » et a tenu trois semaines, et qui retentera l’expérience en janvier. « Malheureusement, l’effet de groupe n’aide pas, ainsi que les sorties : un restaurant rime avec un verre de vin, se rejoindre dans un bar rime avec une bière. Même si ma consommation d’alcool est de 3 à 4 verres condensés sur le week-end, je me suis rendue compte qu’il était difficile de la supprimer complètement. »
Au contraire, pour Sylvain, cette difficulté encourage à persévérer. « On doit se justifier de ne pas consommer d’alcool et je trouve cela dingue. Ça me motive encore plus à le faire pour prouver qu’on peut jouir de la vie sans forcément boire à la limite de l’ivresse. Je vais donc participer et encourager l’édition 2020 en espérant que les pouvoirs publics participent aux prochaines éditions. »
Justement, cette pression de la société et des proches sera-t-elle mise en sourdine par ce « Janvier sobre » national ? Pour Thomas, aucun doute, le secret pour que ça marche, c’est le défi collectif. Avec ses amis qui l’ont accompagné, « on a créé une conversation sur Messenger, on se soutenait à chaque moment où on avait envie de craquer, et on était hyper fiers de se dire qu’on avait résisté à telle ou telle tentation ».
Un surplus d’énergie et des économies
Nos lecteurs assurent avoir ressenti certains bienfaits, qu’ils soient physiques, psychologiques ou financiers… Fanny a fait pour la première fois « Janvier sobre » en 2019 : « J’ai vraiment vu la différence au niveau de mon énergie (beaucoup moins fatiguée que d’habitude au travail), une peau plus belle, une perte de poids (4 kg) et surtout une fierté personnelle ! » Clémence, très sportive, coupe le robinet à alcool avant chaque marathon pendant un mois et demi. « Je substitue par des bières sans alcool. Elles font l’affaire pour les soirées, c’est moins frustrant que de ne rien boire et moins écœurant que les sodas. Pendant ces périodes, j’observe vraiment une amélioration de ma qualité de vie, une conscience et une perspicacité accrues, notamment. Moins de fatigue bien sûr, et surtout moins de mauvais moods puisque je ne souffre pas de gueules de bois et de leurs conséquences physiologiques et psychologiques. »
Des bienfaits qui se ressentent aussi au niveau du portefeuille. Lucie, étudiante, avoue : « Certes, je sors moins et donc sociabilise moins. Mais j’économise surtout beaucoup ! »
Une prise de conscience qui dure ?
Karine a testé le Dry January en janvier 2019. Et s’est pris une claque. « La première semaine a été délicate : j’ai compris que mon réflexe était de boire un à trois verres de vin à chaque fois que je sortais, et je sortais souvent. Je me suis dit "je suis alcoolique !" » Une prise de conscience « choquante », selon elle, mais aux effets durables. « Le mois est passé, et je pouvais de nouveau m’autoriser à boire de l’alcool. En fait, je n’en avais plus envie et j’ai décidé de ne boire qu’un verre si c’était du bon vin bio. Sinon, de l’eau, ou rien. Finalement, ma consommation d’alcool est restée modérée toute l’année. » Une idée qui revient dans ces nombreux témoignages.
Thomas a lui choisi de suivre la tournée minérale belge (en février, c’est plus court !) et s’en trouve ravi. « Au final, je n’ai quasiment pas repris : de deux ou trois occasions par semaine à deux ou trois verres, je suis passé à moins d’une occasion par semaine à un verre. Les deux, trois grandes occasions annuelles sont passées de beuverie à légère ébriété. Je n’aurais jamais cru, avant de faire le mois sans alcool, trouver autant de bénéfices à la sobriété. » Quant à Lucie, elle résume ainsi : « j’ai commencé le Dry January début 2019. Désormais, il s’est transformé en Dry Year ».
Mais les addictologues préviennent qu’on peut replonger de plus belle dès le 1er février. Clémence, une internaute, renchérit : « Le seul problème éventuel, c’est quand on retourne à l’alcool, d’y aller trop fort. Et puis, si on prend trop l’habitude de boire une bière sans alcool par jour, par confort ou par intérêt diététique, on est tenté de continuer après le mois, mais avec de la bière alcoolisée, ce qui est un peu plus dangereux ». Virginie reconnaît que les anciens réflexes reviennent vite. « Ça fait réfléchir sur la consommation au quotidien, c’est sûr. Mais quand on reprend, enfin pour ma part, au fil des semaines, je suis retombée dans mes mauvaises habitudes… »