Chlamydia, herpès génital... Attention, l'été rime avec une hausse des MST
SEXUALITE La saison estivale est généralement marquée par une hausse des infections sexuellement transmissibles (IST)
- A l’occasion des vacances d’été, nombreux sont ceux qui négligent le port du préservatif.
- Résultat : en été, il y a une hausse des IST.
- Pour prévenir ces maladies souvent asymptomatiques et qui peuvent avoir des conséquences sur la santé, port du préservatif et dépistages réguliers sont les gages d’une bonne santé sexuelle.
Sur la plage abandonnée, coquillages et IST. Eh oui, c’est enfin les vacances d’été ! Ça sent bon le sable chaud, la température grimpe et les tenues sont plus légères. La combinaison parfaite pour des amours d’été, ou pour des rencontres sensuelles et parfois éphémères. Mais la saison estivale s’accompagne aussi généralement d’une hausse des infections sexuellement transmissibles (IST ou MST). Et chlamydia ou herpès génital sont en embuscade. Pour contrer ses IST, il n’y a pas de secret : il faut sortir couvert.
Chlamydia et herpès génital en hausse l’été (surtout chez les jeunes)
« Nous avons observé une hausse de +24,7 % des prescriptions de traitements contre les IST entre l’hiver 2017 et l’été 2018, explique-t-on chez Zava, expert européen de la téléconsultation pour la santé intime. En tête, les condylomes, aussi appelés verrues génitales, avec +37 % de traitements prescrits durant l’été dernier, suivis par l’herpès génital (+26 %) et la chlamydia (+24 %) ».
Et ce sont les jeunes qui sont les plus touchés par cette hausse des IST en période estivale. « Près de la moitié des patients que nous avons traités pour des IST l’été dernier avaient entre 19 et 29 ans (49 %) », indique Zava. « Chez les moins de 25 ans, la prévalence élevée des infections à chlamydia et à gonocoque est la conséquence d’un nombre de partenaires plus important couplé à une utilisation non systématique du préservatif », confirmait Santé publique France dans un rapport publié à l’été 2018. Concernant les infections à chlamydia, « les jeunes femmes de 15-24 ans sont les plus touchées », relève l’agence nationale de santé publique. S’agissant des « infections à gonocoque, ce sont les hommes de 15-24 ans qui sont les plus concernés », d’après les derniers chiffres datant de 2016.
« Les jeunes notamment partent en vacances, font des rencontres qu’ils n’auraient peut-être pas faites dans un autre cadre, et nombreux sont ceux qui abaissent leur vigilance et négligent le port du préservatif, observe le Dr Nicolas Dupin, dermatologue et responsable du Centre de santé sexuelle de l'Hôtel-Dieu (AP-HP), et auteur de Mon amie la peau (éd. JC Lattès). Et chaque année à la rentrée, nous avons des jeunes qui viennent nous consulter parce qu’ils ont eu des rapports sexuels non protégés ». Or, « les infections à chlamydia et à gonocoque [notamment] se transmettent lors de rapports sexuels non protégés », et sont « très contagieuses et fréquentes », signale Santé publique France.
Préservatifs systématiques et dépistages réguliers
Alors, pour éviter de rapporter des chlamydiæ ou une gonorrhée -la chaude-pisse- comme (mauvais) souvenir de vacances, il n’y a pas trente-six solutions. « Il faut se protéger, d’autant plus si l’on a une sexualité à risques, avec plusieurs partenaires, d’où l’importance d’utiliser un préservatif systématiquement », insiste le Dr Nicolas Dupin. Préservatif masculin, féminin, ou encore digue dentaire pour les cunnilingus et anulingus tiendront les IST à distance.
Outre le port systématique du préservatif, pratiquer des dépistages réguliers est aussi un gage de bonne santé sexuelle. « Beaucoup d’IST sont asymptomatiques : on peut les avoir contractées sans en présenter le moindre signe, prévient le responsable du centre de santé sexuelle de l’Hôtel-Dieu. C’est encore plus vrai chez les femmes, chez qui les IST sont plus souvent asymptomatiques ». Mais pas de symptômes ne veut pas dire pas de conséquences sur la santé : « L’infection à chlamydia, si elle n’est pas traitée rapidement, peut à terme causer des problèmes de fertilité », prévient le médecin. Et les IST silencieuses peuvent entraîner d’autres complications, « douleurs pelviennes chroniques, fragilisation des muqueuses et augmentation du risque de contamination par le VIH », énumère Santé publique France.
D’où « l’importance de faire régulièrement des dépistages, insiste le Dr Nicolas Dupin. A l’approche des vacances d’été, c’est le bon moment pour vérifier son statut. Il ne faut pas hésiter à se rendre dans les Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD), qui offrent prévention, dépistage et diagnostic. On en profite aussi pour vérifier si l’on est bien à jour des vaccins qui protègent contre les IST : hépatite B et papillomavirus. »
Un million de nouveaux cas d’IST chaque jour dans le monde
« Il est recommandé de faire un dépistage à chaque fois que l’on change de partenaire, ou si l’on souhaite arrêter le préservatif dans son couple, préconise le Dr Nicolas Dupin. Et si on a une sexualité à risque, avec des partenaires multiples, il est conseillé de faire des dépistages au moins deux à trois fois par an ». Et pour ceux qui seraient gênés de se rendre dans un centre de dépistage, « il y a aujourd’hui un éventail d’outils qui permettent d’assurer le suivi de sa sexualité en toute sécurité et avec discrétion, avec les autotests et le TROD notamment. C’est d’autant plus important que de nombreux patients découvrent qu’ils sont porteurs du VIH alors qu’ils sont déjà à un stade avancé ».
Car les IST sont en forte augmentation aussi le reste de l’année. Début juin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé qu’il y avait chaque jour plus d'un million de nouveaux cas d'IST dans le monde. Elle a répertorié les quatre infections les plus répandues parmi les personnes âgées de 15 à 49 ans : chlamydiose, gonorrhée, syphilis et trichomonase. Ces quatre IST, se transmettent lors de rapports sexuels non protégés, font chaque année plus de 376 millions de nouveaux cas dans le monde, a indiqué l’agence spécialisée de l’ONU, sur la base des dernières statistiques rassemblées en 2016. Et ce chiffre n’a pas baissé par rapport à la précédente étude de 2012.
Rien qu’en France, les données du rapport de Santé publique France montent que le nombre de diagnostics d’infection à chlamydia et à gonocoque en 2016 a été multiplié par 3 par rapport aux estimations de l’année 2012.