Toulouse: Des chercheurs s'attaquent à la «face nord» du cancer du cerveau pour empêcher la récidive

SCIENCES Une équipe de chercheurs toulousains s'attaque à la «face nord» de la cancérologie: essayer de prévenir les récidives du cancer du cerveau, l'un des plus difficiles à éradiquer

Hélène Ménal
La radiothérapie fait partie de l'arsenal pour lutter contre le cancer du cerveau. Illustration.
La radiothérapie fait partie de l'arsenal pour lutter contre le cancer du cerveau. Illustration. — F. Durand - Sipa
  • Le glioblastome est un cancer du cerveau agressif dont 2.700 cas se déclarent en France tous les ans.
  • Depuis peu, la combinaison immunothérapie-radiothérapie donne des résultats chez certains patients en récidive.
  • A Toulouse, une équipe de chercheurs veut établir un profil précis des malades susceptibles de répondre à cette nouvelle thérapeutique.
  • Un pas pour empêcher la récidive et pratiquer une médecine personnalisée, qui a séduit l’ARC. La fondation a décidé de financer ce projet « prometteur ».

Chaque année, 2.700 cas de glioblastome, le cancer du cerveau le plus fréquent, sont diagnostiqués en France. Il a la particularité de récidiver souvent et son pronostic est par conséquent assez sombre. Quand c’est possible, le traitement commence par une ablation chirurgicale suivie par une combinaison de chimiothérapie et de radiothérapie.

Face à une récidive, l’immunothérapie – qui consiste à apprendre au système immunitaire du patient à se liguer contre un nouvel ennemi – ne donne pas de bons résultats. « Le glioblastome est une tumeur dite froide, avec une faible infiltration des cellules immunitaires actives », explique Elizabeth Moyal, neuro-oncologue au Centre de recherche en cancérologie de Toulouse (CRCT) et chef du département de radiothérapie à l’Institut universitaire de Cancer (IUCT). Par ailleurs, la tumeur est « maligne » au sens littéral du terme, elle réagit rapidement, s’adapte, est capable de tromper le système immunitaire qui ne reconnaît pas la cellule tumorale, et n’est en conséquence plus capable de la détruire.

Profilage

En revanche, la combinaison de la radiothérapie (propre à « réchauffer » la tumeur) et de l’immunothérapie, testée depuis peu, présente des résultats encourageants. « La méthode a de très bons effets dans d’autres tumeurs comme les métastases cérébrales de certains cancers et même chez certains patients porteurs de récidive de glioblastome, sur d’autres elle ne fonctionne pas du tout », résume la chercheuse. Et son équipe a bien l’intention de comprendre pourquoi. Pour cela, elle s’est lancée dans un essai clinique destiné à établir un profil des patients susceptibles de bien répondre à l’association immunothérapie-radiothérapie pour personnaliser les traitements, «face nord» de la cancérologie, empêcher les récidives. 

Ce profilage d’une complexité extrême a déjà commencé. L’essai inclura à terme une cinquantaine de patients. Certains sont déjà dans la boucle, soumis régulièrement à une batterie d’examens : prises de sang, analyses poussées, tests ADN de la tumeur, scanners ultra-précis. « C’est la combinaison de ces “big datas” qui permettra de dresser des profils de réponse à cette association thérapeutique », assure Elizabeth Moyal.

Ce projet « prometteur » a séduit la Fondation Arc pour la recherche contre le Cancer qui vient de lui accorder une subvention de 580.000 euros sur trois ans. « Notre direction scientifique qui s’appuie sur un comité d’experts internationaux a jugé la voie intéressante », indique François Dupré, son directeur général. L’ambition de la Fondation est d’aider « la médecine de précision » et « les prises en charge personnalisées ».