VIDEO. Serviette lavable, culotte menstruelle... Quelles solutions pour des règles pratiques et écolos?

FEMMES Des dispositifs réutilisables sont à disposition des femmes qui veulent des produits plus écologiques et pratiques pour leurs règles…

Anissa Boumediene
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La marque française FEMPO commercialise des culottes menstruelles grâce auxquelles il n'est plus nécessaire de porter de protections hygiéniques jetables.
La marque française FEMPO commercialise des culottes menstruelles grâce auxquelles il n'est plus nécessaire de porter de protections hygiéniques jetables. — FEMPO
  • De plus en plus de femmes se méfient des tampons et serviettes périodiques, dont certains contiennent des résidus de pesticides.
  • Pour répondre à cette préoccupation des utilisatrices, plusieurs marques proposent des gammes de protections hygiéniques lavables et réutilisables, conçues en matières naturelles.
  • Des produits vendus comme plus sains que leur équivalent jetable.

Glyphosate dans les tampons, pénurie de serviettes hygiéniques dans le placard de la salle de bains, irritations intimes et autres mycoses : telles peuvent être les joyeusetés vécues chaque mois par les femmes au moment de leurs règles ! Mais ça, c’était avant.

De nouvelles gammes de produits réutilisables, conçus en matière naturelle, sont désormais disponibles sur le marché français. Outre la cup qu’il n’est plus nécessaire de présenter, des marques françaises proposent protège-slips et serviettes réutilisables et, depuis peu, une culotte menstruelle frenchie et certifiée sans nanoparticules se pose en alternative aux protections jetables du commerce. Comment les utilise-t-on ? Est-ce cher ? Pratique et sans danger ? On vous fait le topo !

Des produits en matières naturelles certifiées

Après le coup des résidus de pesticides et de substances potentiellement toxiques retrouvés dans des tampons et serviettes hygiéniques, nombreuses sont celles qui ont cherché des solutions plus respectueuses de leur santé et de l’environnement pour aborder leurs règles avec sérénité. Parmi les alternatives, des dispositifs réutilisables ont vu le jour, à l’instar de la marque Plim, qui propose notamment une gamme de protège-slips et de serviettes lavables made in Poitou !, précise Pauline Benazet, responsable du développement commercial de la marque créée en 2009. « Nos produits sont en coton bio et équitable certifiés GOTS et dotés d’une membrane imperméable et respirante certifiée Oekotex, un label respectueux des peaux les plus sensibles et fragiles, pour un produit qui assure confort et protection. C’est doux avec la peau, mais c’est bien absorbant », assure-t-elle.

Déjà disponible sur le marché anglophone, un autre produit destiné aux règles version écolo est désormais proposé par une marque française : la culotte menstruelle commercialisée par FEMPO. « C’est comme une culotte classique, explique Claudette Lovencin, cofondatrice de la marque. Mais c’est bien plus confortable, parce qu’on n’a pas cette sensation désagréable de porter une couche, comme avec des serviettes jetables. Notre culotte menstruelle, elle, ne fait pas plus de 2 millimètres d’épaisseur au niveau de la zone d’absorption du flux, en fibres de bambou hyperabsorbantes. C’est pratique : ça évite de ruiner notre belle lingerie ! »

Côté sensations, le modèle ressemble un peu à une culotte de maillot de bain, avec une membrane extérieure en lycra imperméable et respirante. C’est plus épais qu’une culotte classique, mais l’intérieur, la partie en contact avec la peau et avec la vulve, est doux au toucher grâce à sa doublure en coton respirant certifié Oekotex. Et pour celles qui s’inquiéteraient de la présence de nanoparticules dans cette culotte menstruelle, comme c’est le cas pour une marque américaine concurrente, Claudette Lovecin insiste : « nous n’avons pas recours aux nanoparticules d’argent ou de cuivre dans la fabrication de nos produits ». Plus petites que les cellules humaines, les nanoparticules peuvent facilement passer la barrière de la peau et se nicher au cœur de l’organisme, alors que l’on n’a à ce jour aucun recul scientifique sur une telle exposition.

Et en pratique ?

Et en pratique, comment ça marche ? « La culotte FEMPO, c’est comme une culotte classique, explique Claudette Lovencin. Pendant les règles, on l’enfile le matin et on la retire le soir. Selon nos tests et les retours de nos clientes, on peut la porter sans souci 10 à 12 heures puis on peut enfiler une autre culotte menstruelle pour la nuit. Cela permet, notamment en début et en fin de règles, de se libérer des contraintes liées aux règles et aux protections jetables ». Toutefois, en cas de flux très abondant, on la portera moins longtemps, « ou en complément avec une cup si l’on veut », précise-t-elle.

Pour les protège-slips et serviettes lavables, dont la taille est à choisir en fonction de son flux, « c’est la même logistique qu’avec leur équivalent jetable, nos produits ont le même pouvoir absorbant qu’une protection jetable d’absorption équivalente, détaille Pauline, de chez Plim. Si vous changiez de serviettes toutes les 4 heures, ce sera pareil avec notre gamme, le confort en plus. Car l’utilisation de matières naturelles fait qu’il n’y a pas l’effet de macération qui existe avec les serviettes jetables, et qui cause inconfort, mauvaises odeurs, voir irritations et mycoses ». Ici, pas de bande adhésive, le modèle se clipse sur sa culotte à l’aide d’un bouton-pression. Un système qui permet de le transporter « plié comme une petite enveloppe fermée, à glisser dans son sac à main », poursuit Pauline Benazet.


Bien sûr, pas question ici de jeter culottes menstruelles et serviettes lavables après usage ! « C’est un produit qui implique de changer un peu ses habitudes, reconnaît Pauline Benazet. Mais ce n’est pas contraignant : pour l’entretien, on peut tout à fait les laver avec le reste du linge à 30/40 degrés, ça ne tache pas ». Si on opte pour un lavage à la main, « il faut de l’eau tiède : pas trop chaude sinon ça fixe le sang et pas trop froid sinon les fibres se resserrent et le sang est emprisonné ». Idem pour la culotte menstruelle : « au besoin, on peut la rincer à l’eau tiède avant de la mettre à la machine, conseille Claudette Lovecin. Mais pas question de la mettre au sèche-linge ou sur un radiateur, sous peine de fragiliser la fibre ».

Un petit investissement

Et côté porte-monnaie, combien ça coûte de passer aux règles écolos ? « Si on utilise trois serviettes dans la journée et une pour la nuit, le mieux est d’en avoir huit, pour avoir le temps de les laver et d’avoir de quoi assurer le lendemain et ainsi être tranquille pour deux jours », conseille Pauline Benazet. Soit un investissement d’environ « 180 euros pour une dizaine de protections. Mais avec des produits d’une durée de vie de 5 à 7 ans, l’investissement est rapidement rentabilisé », ajoute-t-elle.

La culotte menstruelle Fempo, elle, coûte une quarantaine d’euros, et, « après avoir testé si le produit vous convient, en acheter quatre permet d’assurer sa semaine de règles sans être à court de protections : une pour le jour, une autre pour la nuit, et idem pour le lendemain, de quoi avoir le temps de laver et laisser sécher les deux premières », recommande Claudette Lovecin. Soit environ 160 euros d’investissement.

« C’est bien d’avoir toute une panoplie de nouveaux produits, mais ça ne fait pas tout »

Mais que pensent les gynécologues de ces protections réutilisables ? « Ces nouveaux produits ont le mérite d’utiliser des matériaux plus sains que les protections jetables basiques du commerce, reconnaît le Dr Jean-Marc Bohbot, gynécologue infectiologue, directeur médical de l’Institut Fournier et auteur de Microbiote vaginal: La révolution rose (éd. Marabout). Même s’il existe aussi des gammes jetables utilisant du coton bio. Sur le plan écologique, c’est sûr que l’on utilise moins de protections, puisqu’elles sont réutilisables, mais je m’interroge sur l’usage de détergents pour les laver : si l’on est aussi dans une démarche écolo, peut-être faut-il aller jusqu’au bout en lavant ces protections avec des lessives naturelles, s’interroge-t-il. En revanche, d’un point de vue médical, je n’ai aucune contre-indication à émettre à l’encontre de ce type de produits, dès lors que les femmes qui les utilisent respectent les conditions d’utilisations prescrites ».

Mais quel que soit le type de protections choisi, « il faut en premier lieu avoir une hygiène intime correcte : ni trop, ni trop peu, déclarent de concert le Dr Bohbot et le Dr Marie-Claude Benattar, gynécologue et auteure du Petit manuel de soins intimes pour les femmes (éd. Josette Lyon). Mais ça ne fait pas tout ! ». Régulièrement sollicitée par ses patientes sur la question des protections intimes, « je conseille à celles qui ont le sexe en feu et qui ne comprennent pas pourquoi elles ont des mycoses à répétition d’opter d’abord pour une hygiène intime plus légère, rappelle la gynécologue. L’utilisation de serviettes ou culottes menstruelles ne résout pas à elle seule les problèmes d’irritations et de mycoses récidivantes, les femmes doivent pour cela mieux prendre soin de leur vulve, or elles ont trop souvent tendance à la décaper, à opter pour l’épilation intégrale, et tout cela fragilise la flore vaginale et entraîne irritations à répétition ». Un avis partagé par le Dr Bohbot : « L’hygiène intime et de vie est primordiale : il faut aussi éviter le tabac, parce que vous pouvez utiliser les produits les plus sains possible, mais fumer reste une catastrophe pour la bonne santé du microbiote vaginal. Si la muqueuse est irritée, cela peut limiter le surcroît d’infections que certaines femmes sujettes à ces désagréments peuvent subir, spécifiquement au moment des règles, mais ça ne les guérit pas. En revanche, c’est bien d’avoir toute une panoplie de nouveaux produits, ce qui offre aux femmes des solutions alternatives supplémentaires, car elles ont besoin d’avoir le choix : le psychologique joue lui aussi un rôle très important sur le bien-être vulvo-vaginal et il est nécessaire de les rassurer sur le non-danger de ces produits, auquel j’accorde mon feu vert ».