Prévention: Quelle vaccination pour les enfants souffrant d'allergies?

ENFANT A l’occasion ce mercredi du 13e Congrès Francophone de l’Allergologie, les professionnels du secteur rappellent les recommandations à suivre concernant la vaccination des enfants allergiques…

Anissa Boumediene
La vaccination de l'enfant allergique peut selon les cas nécessiter quelques aménagements.
La vaccination de l'enfant allergique peut selon les cas nécessiter quelques aménagements. — Catherine Delahaye/SIPA
  • Ce mercredi à Paris se déroule le 13e Congrès Francophone de l’Allergologie.
  • A cette occasion, les liens entre allergies de l’enfant et la vaccination seront au programme des débats.
  • Si les allergies alimentaires ne posent pas de problème important dans la vaccination des enfants, l’allergie à l’un des composants d’un vaccin peut engendrer la mise en place d’un protocole spécifique de vaccination.

Onze. C’est le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants depuis le 1er janvier dernier. Un élargissement de l’obligation vaccinale souhaitée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn et qui s’applique à tous les bébés nés depuis le début de l’année. Objectif évident : assurer une meilleure protection des tout-petits et de la collectivité face à des maladies qui ne sont toujours pas éradiquées, à l’instar de la rubéole, la rougeole ou encore le méningocoque C. Mais pour les petites têtes sujettes aux allergies, l’affaire peut se corser. A l’occasion ce mercredi du 13e Congrès Francophone de l'Allergologie à Paris, les allergologues font le point sur les recommandations à suivre pour la vaccination de l’enfant allergique.

Allergie à l’œuf et vaccins

Au rang des allergies alimentaires, celle à l’œuf est assez répandue chez l’enfant. Or l’œuf, il y en a dans certains vaccins, dont le ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole), obligatoire, et celui contre la grippe, particulièrement recommandé pour les enfants souffrants d’asthme. Y a-t-il un risque ? Faut-il faire l’impasse sur le vaccin chez l’enfant allergique ? « Pas du tout, répond le Dr Laure Couderc, allergologue et pneumo-pédiatre au CHU de Rouen. En réalité, ces vaccins sont cultivés sur fibroblaste embryonnaire de poulet ». En clair, cela signifie que « le vaccin contient très peu de protéines aviaires, il n’y a donc aucun risque à vacciner l’enfant allergique à l’œuf. Que ce soit pour le ROR ou le vaccin antigrippe, aucun test préalable n’est nécessaire », rassure le Dr Couderc.

En revanche, s’agissant du vaccin contre la fièvre jaune, qui ne figure pas parmi les onze vaccins obligatoires mais qui peut être requis avant de se rendre dans certaines destinations du globe, il existe un risque de réaction allergique. « Ce vaccin est produit sur des œufs embryonnés, une réaction allergique est donc possible, indique l’allergologue Laure Couderc. Pour éviter les risques, l’injection du vaccin doit être réalisée en plusieurs fois sous surveillance médicale hospitalière ».

Des réactions allergiques rarissimes

Parfois, une réaction peut apparaître au point d’injection après un vaccin, sans pour autant qu’il s’agisse d’une allergie. « C’est sans gravité : il s’agit en réalité de réactions inflammatoires au point d’injection, explique le Dr Laure Couderc. Cela peut se manifester par l’apparition d’une rougeur, un gonflement local accompagné de douleur, voire de fièvre. Dans ce cas, il est prescrit d’administrer du paracétamol ou de l’ibuprofène à son enfant ».

Mais au-delà de l’allergie alimentaire et de la réaction locale inflammatoire, peut-on être vraiment allergique à un vaccin ? Que les esprits inquiets se rassurent, « c’est extrêmement rare, les allergies lors de l’injection d’un vaccin sont exceptionnelles, insiste l’allergologue. Cela représente 1,3 cas sur un million de vaccins injectés ». Lorsque cela se produit, la réaction anaphylactique est quasi immédiate, « entre deux minutes et jusqu’à deux heures après l’injection du vaccin, informe Laure Couderc. On parle alors de réaction généralisée, dont les signes sont facilement identifiables : une réaction cutanée d’abord, avec urticaire et œdème, associée à une atteinte respiratoire ou cardiovasculaire ».

Un protocole spécifique à suivre

Dans un tel cas, « le médecin fait une piqûre d’adrénaline, c’est le traitement indiqué, poursuit le Dr Couderc. C’est pourquoi nous, les allergologues, militons pour que tous les cabinets de pédiatres soient équipés en adrénaline en cas de réaction anaphylactique ». Et si la réaction se manifeste une fois sorti du cabinet du médecin, dans les deux heures suivant l’injection du vaccin, « il faut aussitôt se rendre au service d’urgence le plus proche », prescrit-elle.

Ce qui déclenche cette réaction anaphylactique ? « C’est le fait d’un des composants du vaccin, expose le Dr Couderc. Si un enfant fait une allergie à un vaccin, il doit passer un bilan allergologique complet, ce sont des tests cutanés réalisés par un allergologue, qui va déterminer quel élément du vaccin a pu déclencher l’allergie : antigènes microbiens, conservateurs, excipients ou contaminants ». Ensuite, si les tests d’allergie sont positifs et que l’enfant doit se faire injecter un vaccin obligatoire comprenant le composant auquel il est allergique, un protocole spécifique sera appliqué. « On suit alors ce que l’on appelle un "protocole d’accoutumance", détaille le Dr Couderc : l’injection est réalisée en plusieurs fois, de manière fractionnée et à des doses progressives, sous surveillance médicale hospitalière ».