Lyon: «Les hospices civils nous poussent à de la maltraitance involontaire», confie un personnel des urgences en grève

SANTE Les personnels paramédicaux des urgences de Lyon Sud et de l'hôpital Edouard-Herriot, en grève, se sont rassemblés ce mardi devant la direction des HCL...

Elisa Frisullo
— 
Lyon, le 6 février 2018. Les personnels paramédicaux des urgences de l'hôpital Edouard-Herriot et de Lyon sud, en grève, manifestent devant le siège des HCL pour réclamer davantage de moyens humains pour accueillir les patients dignement.
Lyon, le 6 février 2018. Les personnels paramédicaux des urgences de l'hôpital Edouard-Herriot et de Lyon sud, en grève, manifestent devant le siège des HCL pour réclamer davantage de moyens humains pour accueillir les patients dignement. — E. Frisullo / 20 Minutes
  • Depuis le 22 janvier, les personnels paramédicaux des urgences de Lyon sont en grève illimitée pour demander davantage de moyens humains et matériels pour prendre en charge les patients dignement.
  • Depuis vendredi, les personnels des urgences d’Edouard-Herriot sont également mobilisés pour l’embauche de brancardiers et d’aides-soignants et l’ouverture de lits en aval.
  • Tous dénoncent des conditions de travail épuisantes et une prise en charge des patients déplorable.

Le feu qui couvait depuis des mois aux Hospices civils de Lyon ne semble pas près de s’éteindre. La mobilisation, née le 22 janvier aux urgences de Lyon Sud, s’est en effet propagée au pavillon N et au service médical d’accueil de l’hôpital Edouard-Herriot, à leur tour touchés par la grève depuis vendredi.

Ce mardi matin, les personnels paramédicaux des urgences de ces deux établissements hospitaliers se sont rassemblés devant le siège des HCL, dans le centre de Lyon​, où se tenait un comité technique central d’établissement, pour faire part de leurs inquiétudes et de leur colère à leur direction. « En quatre ans, l’activité a progressé de 14 % aux urgences d’Edouard-Herriot. Mais le personnel a diminué. Aujourd’hui, les brancardiers ne travaillent qu’en semaine jusqu’à 17 heures. Comme si le week-end et en soirée l’activité était réduite », s’agace Anouk, 25 ans, infirmière au pavillon N.

Lyon, le 6 février 2018. Les personnels paramédicaux des urgences de l'hôpital Edouard-Herriot à Lyon, en grève, manifestent devant le siège des HCL pour réclamer davantage de moyens humains pour accueillir les patients dignement.
Lyon, le 6 février 2018. Les personnels paramédicaux des urgences de l'hôpital Edouard-Herriot à Lyon, en grève, manifestent devant le siège des HCL pour réclamer davantage de moyens humains pour accueillir les patients dignement. - E. Frisullo / 20 Minutes

« Sur le qui-vive en permanence pour ne pas faire d’erreurs »

Les aides-soignants font alors office de brancardiers pour transporter les patients jusqu’aux salles de radiologie ou de scanner. « Certaines nuits, nous faisons 10 à 15 km de marche pour les transporter et pendant ce temps, nous ne sommes pas là pour travailler en binôme avec les infirmiers et prendre en charge les malades », ajoute Camille, une aide-soignante de 26 ans.

À bout et épuisés « d’être sur le qui-vive en permanence » pour éviter de commettre une erreur, les personnels paramédicaux réclament cinq postes de brancardiers supplémentaires et deux d’aides-soignantes. « On est épuisés. Mais nous ne faisons pas grève pour nous. Nous nous mobilisons juste pour pouvoir nous occuper de nos patients dans la dignité », confie une jeune aide-soignante.


Des conséquences déplorables pour les patients

Les grévistes sont nombreux à pointer du doigt les conséquences déplorables du manque de personnel sur les patients. Les personnes âgées notamment, qui doivent parfois attendre jusqu’à 7 heures sur un brancard dans un couloir des urgences avant de voir un médecin. « Les hospices civils nous poussent à de la maltraitance involontaire », lâche Gaël, un aide-soignant du pavillon O d’Edouard-Herriot, venu au rassemblement en soutien à ses collègues des urgences.

« De la maltraitance involontaire, qu’est ce que c’est ? C’est ne pas pouvoir couvrir les patients allongés sur les brancards la nuit car nous manquons de draps. C’est frotter les draps souillés des patients faute de pouvoir les changer. C’est ne pas répondre à la sonnette des patients parce que nous manquons de personnel », décrit le jeune homme. « Ou c’est laisser une personne qui n’est pourtant pas incontinente se faire pipi dessus car nous n’avons pas eu le temps de l’aider à se déplacer jusqu’aux toilettes », ajoute une autre gréviste.

Lyon, le 6 février 2018. Les personnels paramédicaux des urgences de l'hôpital Edouard-Herriot à Lyon, en grève, manifestent devant le siège des HCL pour réclamer davantage de moyens humains pour accueillir les patients dignement.
Lyon, le 6 février 2018. Les personnels paramédicaux des urgences de l'hôpital Edouard-Herriot à Lyon, en grève, manifestent devant le siège des HCL pour réclamer davantage de moyens humains pour accueillir les patients dignement. - E. Frisullo / 20 Minutes

La grève reconduite à Lyon Sud et HEH

Pour améliorer leurs conditions de travail et offrir une prise en charge correcte aux patients, les personnels paramédicaux demandent également l’ouverture de lits supplémentaires de suite. « Il arrive souvent que des malades restent 24 heures aux urgences sur un brancard car il n’y a pas suffisamment de lits en aval pour les faire sortir et les transférer dans un autre service », ajoute Anouk.

Après avoir pu exposer leurs revendications ce mardi matin à la direction des HCL, les grévistes devraient être reçus prochainement par le secrétaire général des Hospices et mercredi par la direction d’HEH. À l’issue de leur assemblée générale, les infirmiers et aides-soignants mobilisés ont décidé de reconduire leur mouvement jusqu’à ce que des réponses claires à leurs revendications soient apportées.


À Lyon Sud, les blouses blanches, en grève illimitée pour obtenir notamment « plus de lits et davantage de personnels », attendent un CHSCT prévu le 8 février pour déterminer les suites à donner à leur mouvement. « Cela nous permettra d’avoir des réponses actées concernant des améliorations possibles », précisent les personnels mobilisés qui ont mis en ligne une pétition destinée à la ministre de la santé et intitulée « La santé est une nécessité pour tous ». Un texte déjà signé par plus de 18.000 personnes.