Lille: Il travaille sur une sorte de GPS pour tracer les cellules cancéreuses
RECHERCHE Un chercheur de l’université de Lille 1 met au point un traitement ciblé des cancers de la prostate…
Depuis le temps qu’il cherche, il est sur le point de trouver. Un biologiste de l’université de Lille 1, à Villeneuve d’Ascq, travaille sur un projet de recherche qui, à court terme, doit déboucher sur un traitement ciblé des cancers agressifs de la prostate. Pour poursuivre son travail, il a d’ailleurs reçu une bourse de la fondation ARC.
« Plus de 8.800 décès » par an
V’yacheslav Lehen’Kyi préfère qu’on l’appelle Slava. A la tête d’une équipe de cinq scientifiques au sein du laboratoire de physiologie cellulaire de l’université de Lille 1, le chercheur ukrainien travaille sur un projet de traitement ciblé du cancer de la prostate. Cette maladie, il en a fait son cheval de bataille il y a 15 ans déjà : « En France, chaque année, il y a 56.000 nouveaux cas et plus de 8.800 décès », assure-t-il.
Au cours de ses recherches, le Dr. Slava a pu déterminer que la protéine appelée « canal TRPV6 », servant normalement à l’absorption du calcium dans les cellules, était directement liée à la prolifération des tumeurs de la prostate. « Les nombreuses expériences menées in vitro nous ont permis de déterminer que la présence de cette protéine dans la prostate était synonyme de cancer et de tumeurs agressives, mais aucune thérapie ciblée contre cette protéine n’existe à ce jour », explique le chercheur.
Un anticorps « programmé » comme un GPS
Son projet de thérapie consiste donc à développer un anticorps qui sera « programmé » comme un GPS pour se fixer sur le canal TRPV6 : « l’anticorps diminue la viabilité des cellules cancéreuses avec des résultats visibles dès 24h », se réjouit le Dr. Slava, ajoutant que « cette thérapie permet de ne cibler que les cellules et qu’elle peut être combinée avec d’autres traitements ».
La bourse de la fondation ARC, d’un montant de 50.000 euros, va lui permettre de mener des expérimentations in vivo et de développer son anticorps. « Je me donne encore deux ans avant de présenter un dossier pour passer aux essais cliniques sur des volontaires humains », estime le biologiste. L’anticorps sur lequel il travaille, et pour lequel il va déposer un brevet, risque d’intéresser pas mal de monde : « Il pourra être utilisé pour tous les cancers dans lesquels est impliquée TRPV6, comme celui du côlon, du sein ou de la thyroïde », selon le chercheur.