Codéïne: L'ANSM veut lutter contre l'usage récréatif des médicaments codéinés

SANTE L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a indiqué ce vendredi réfléchir aux moyens de « restreindre l’accès » aux médicaments contenant de la codéine après plusieurs signalements d’usages abusifs chez des mineurs…

C.P. avec AFP
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Feu vert de l'agence du médicament à l'utilisation temporaire du baclofène en France pour traiter l'alcoolisme: photo d'enseignes lumineuses de pharmacies le 11 avril 2013 à Lille
Feu vert de l'agence du médicament à l'utilisation temporaire du baclofène en France pour traiter l'alcoolisme: photo d'enseignes lumineuses de pharmacies le 11 avril 2013 à Lille — Philippe Huguen AFP

Lutter contre les overdoses. C’est l’objectif del’agence du médicament (ANSM) qui a indiqué ce vendredi envisager de « restreindre l’accès » aux médicaments contenant de la codéine, devant l’augmentation des détournements d’usage, en particulier chez les adolescents.


« Nous sommes en train de réfléchir aux différents leviers juridiques réglementaires » pour « restreindre l’accès trop facile à ces médicaments », suite aux signalements d'« utilisation de ces produits par les adolescents » pour un usage récréatif, a expliqué à l’AFP Nathalie Richard, directrice adjointe du pôle de l’ANSM chargé des antalgiques et des stupéfiants.

Un antidouleur utilisé comme drogue

La codéine, un antidouleur de la même famille que l’opium, est aujourd’hui disponible en vente libre en France sous forme de sirops contre la toux et en comprimés, si la dose ne dépasse pas 30 mg par comprimé.

L’une des pistes envisagées pourrait être d’interdire la délivrance de ces médicaments sans ordonnance, mais d’autres leviers sont aussi envisagés, a ajouté Nathalie Richard.

La mère d’une jeune fille de 16 ans décédée début mai d’une overdose de codéine, interrogée vendredi par Le Parisien, a lancé une pétition sur Internet pour interdire la vente de cette substance sans ordonnance, qui a recueilli environ 900 signatures en trois semaines.

Cinq signalements et de décès en 2017

L’ANSM, qui a reçu les premiers signalements d’usage détourné de ce type en 2013, alertait déjà en mars 2016 sur une « nette augmentation » de « demandes de délivrance suspectes rapportées par des pharmaciens d’officine mais aussi de cas de dépendance ou d’abus ayant pu conduire à une hospitalisation ».

L’agence mettait alors en garde en particuliercontre la « mode » du « Purple Drank », un mélange de sirop pour la toux à la codéine, de prométhazine (un antihistaminique aux propriétés sédatives) et de soda.

D’autres cas portent sur le détournement de comprimés de médicaments antidouleur associant paracétamol et codéine (Codoliprane, Klipal, Padéryl, etc.), facilement accessibles du fait de leur faible coût (2 à 3 euros la boîte).

Depuis le début de l’année, l’ANSM a reçu cinq signalements d’utilisation abusive de codéine chez des mineurs, dont deux ayant entraîné des décès. Mais ces chiffres ne sont « pas exhaustifs », « il est fort probable qu’il y ait d’autres cas, pas déclarés », a souligné Nathalie Richard.

Appel à la vigilance des pharmaciens

En 2016, l’agence avait comptabilisé une quinzaine de signalements, dont deux ayant nécessité une hospitalisation.

L’ANSM lancera dans les prochains mois « une étude spécifique sur ce phénomène », auprès des pharmacies et des services d’urgence pédiatriques, qui permettra d’avoir « des précisions sur la typologie » de ces usages détournés et leurs « conséquences sanitaires », a expliqué Nathalie Richard.

L’agence entend aussi renouveler l’appel à la vigilance des pharmaciens, qui « peuvent refuser une vente quand ils jugent que la délivrance du médicament peut avoir des conséquences sanitaires », et sensibiliser les professionnels de santé en contact avec les jeunes et les enseignants.