Victimes de Dentexia: «On se sent complètement abandonnés»

TEMOIGNAGES Les victimes des centres dentaires low cost attendent des solutions après la liquidation judiciaire de ces établissements…

Anissa Boumediene
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Désormais, les victimes de centres de soins dentaires low cost Dentexia attendent des solutions concrètes.
Désormais, les victimes de centres de soins dentaires low cost Dentexia attendent des solutions concrètes. — JACQUEMART/ISOPIX/SIPA

Ils étaient quelques dizaines ce mardi, sous le ciel gris de la place du Trocadéro à Paris, à participer au rassemblement organisé par le Collectif contre Dentexia. Avec quelques banderoles pour seule arme, ils se battent pour que leur calvaire prenne fin. Eux, ce sont les victimes parisiennes de Dentexia, ces centres de soin dentaires à bas coûts partis en liquidation judiciaire en empochant l’argent des patients, laissés sur le carreau.

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« J’ai emprunté 13.000 euros et je me retrouve sans dents »

Sur le papier, l’offre était pourtant alléchante : des implants dentaires et des couronnes deux à trois fois moins chers que les prix du marché, de quoi séduire plus de 2.200 personnes en France, et près de 250 en région parisienne. « On est arrivé dans un cabinet nickel, dans un beau quartier, on s’est senti en confiance », se souviennent Fleurette et son mari, écœurés. « Je venais pour quatre implants,ils m’en ont vendu six après m’avoir arraché deux dents saines », poursuit Fleurette.

Parmi la petite foule, les mêmes mots reviennent : « menteurs », « voleurs » ou encore « charlatans ». Tous partagent la même colère, et la même détresse, celle d’avoir payé d’avance des sommes folles, souvent en contractant des emprunts auprès d’un organisme de crédit en partenariat avec Dentexia- sans repartir avec le sourire sain qu’on leur avait promis. « J’ai emprunté 13.000 euros et je me retrouve sans dents », déplore Christine, qui se retrouve dépourvue de dents sur la totalité de sa mâchoire supérieure. « J’ai des vis plantées dans la mâchoire, c’est très douloureux : je ne mange plus, je ne bois plus, j’ai du mal à parler », raconte cette aide-soignante, qui est passée sur des services de nuit pour voir le moins de monde possible. Et elle n’est pas la seule à se plaindre des séquelles. « Infection des sinus », « infection des gencives », « migraines » et « douleurs atroces aux gencives » : les patients franciliens doivent supporter les séquelles de ces « soins ». Et leurs conséquences financières.

L’impasse

« C’est très dur pour moi d’admettre que je me suis fait arnaquer », confie Gilbert, un autre patient passé par Dentexia, « on se sent complètement abandonnés ». Pour la quasi-totalité des victimes, c’est aujourd’hui l’impasse. Financière mais pas que. « On a dû tout payer d’avance mais Dentexia fournissait les factures au fur et à mesure des soins, donc impossible de se faire rembourser le reste de ce qu’on a avancé. On s’est fait avoir », déplorent à l’unisson Patricia, Laurent, Christelle et les autres, tous passés par les centres dentaires Dentexia. « On nous dit qu’il faut repayer, et un nouveau dentiste qui m’a examinée m’a dit que tout était à refaire », renchérit Fleurette, qui avait pourtant déboursé plus de 8.000 euros.

Sans compter que faute d’avoir pu récupérer leur dossier médical, notamment pour connaître la traçabilité des matériaux utilisés, nombre d’entre eux sont dans l’incapacité de poursuivre les soins. Face à l’ampleur du problème,l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île de France a mis en place le 2 mai dernier un numéro vert pour informer les patients sur les démarches à entreprendre.


« Impossible de les joindre », s’exclame le groupe, qui attend désormais que l’Etat mette en place un fonds d’indemnisation des victimes pour leur permettre de terminer leurs soins dentaires.