Michel Aubier, ce pneumologue qui minimise les effets de la pollution et roule pour Total
POLEMIQUE Payé par Total depuis 1997, Michel Aubier a assuré dans l'émission «Allô Docteur» du 1er mars que la pollution atmosphérique n'était pas cancérigène...
Chef du service de pneumologie-allergologie de l’hôpital Bichat et pneumologue à l’AP/HP (assistance publique/hôpitaux de Paris), Michel Aubier a minimisé la toxicité du diesel sur la santé dans l’émission Allô Docteur du 1er mars. Mais voilà, Michel Aubier serait également médecin-conseil… du groupe pétrolier Total. Une double casquette qui ne plaît guère et plonge le pneumologue dans la tourmente.
Libération, qui a enquêté sur ce professeur réputé régulièrement sollicité par les médias vient effectivement de révéler que Michel Aubier a passé sous silence cette activité qu’il exerce pourtant depuis la fin des années 1990.
Il conseille la direction sur les enjeux sanitaires et la santé au travail
Ainsi, lors d’une audition le 16 avril 2015 par la Commission d’enquête du Sénat sur le coût économique et financier de la pollution de l’air, Michel Aubier, alors représentant l’AP-HP à la place du directeur général Martin Hirsch, indisponible, « déclarait sous serment n’avoir "aucun lien d’intérêt avec les acteurs économiques" », écrit Coralie Schaub, journaliste chez Libération.
Faux. Chez Total, il fait le suivi de la santé des dirigeants et conseille la direction sur les enjeux sanitaires et la santé au travail, révèle le quotidien. Et Martin Hirsch, qui a fait de la lutte contre les conflits d’intérêts une priorité au sein de l’AP-HP et a assuré ignorer le lien du pneumologue avec le pétrolier, a réclamé des éclaircissements.
Le cumul d’activités non autorisé au sein de l’AP-HP
Dans un courrier adressé à l’ensemble des personnels AP-HP, Martin Hirsch a rappelé la réglementation relative au cumul d’activités (missions d’intérim en plus d’un emploi à plein-temps à l’AP-HP, activités rémunérées effectuées sans autorisation, etc). « Ne pas la respecter expose à des sanctions qui peuvent être lourdes », y soulignait Martin Hirsch, exhortant les personnels à se mettre en conformité « sans délai ».
« Un rectificatif nous semble indispensable pour corriger certains propos d’un médecin universitaire qui vont à l’encontre des principales études médicales », et notamment des études de l’organisation mondiale de la santé (OMS) qui « a classé le diesel cancérigène en 2012 et la pollution atmosphérique cancérigène en 2013 », dénonce ce mercredi le collectif « Strasbourg respire ».
Michel Aubier pourrait aussi être visé par un contentieux pour « parjure »
De son côté, Pierre Souvet, président de l’Association santé environnement France (Asef), signataire du communiqué, indique vouloir ici « simplement rétablir la vérité et qu’une information impartiale soit donnée à la population ». « Même à faible concentration, les particules fines sont cancérigènes », tranche, de son côté, Thomas Bourdrel, médecin radiologue.
Ce mercredi, l’AP-HP n’était pas en mesure de dire si cette affaire était de nature à suspendre le professeur Aubier de ses activités au sein de l’hôpital Bichat. Sollicité par l’AFP, Michel Aubier, qui pourrait aussi être visé par un contentieux pour « parjure », n’était pas immédiatement joignable mercredi pour réagir. Reste que l’intéressé a assuré auprès de Libération que « ces activités n’influencent absolument pas (son) jugement sur la pollution de l’air et le diesel ».