Pourquoi l’interdiction de fumer dans une voiture avec un enfant fait débat
LOI SANTE Cette mesure examinée ce mardi par l'Assemblée nationale est déjà largement critiquée...
Haro sur le tabagisme passif, jugé responsable chaque année en France de la mort de 73.000 personnes. Le projet de loi santé examiné par l'Assemblée nationale à partir de ce mardi, contient l’interdiction de fumer dans les voitures transportant des mineurs de moins de 12 ans.
Une «mesure de bon sens», selon la ministre de la Santé, Marisol Touraine, «car la concentration de particules fines sur les sièges arrière de véhicule est dix fois plus élevée dans la voiture d'un fumeur que dans celle d'un non-fumeur. Cette concentration est plus de trois fois supérieure au seuil moyen admis par l’OMS». Et ce tabagisme passif peut entraîner chez les enfants des risques accrus de troubles respiratoires, d’allergies, d’otites et d’asthme. Le but du texte est aussi de débanaliser la consommation de cigarettes aux yeux des plus jeunes.
«Cette mesure est débile»
Mais force est de constater que cette mesure, déjà appliquée par le Canada et les Etats-Unis, ne fait pas l’unanimité. L'UMP a déclaré qu’elle y voyait une atteinte aux libertés individuelles. Eric de Caumont, président de l’association des avocats de l’automobile, tape encore plus fort: «Cette mesure est débile. Pourquoi décréter qu’un enfant de moins de 12 ans est digne d’être protégé par la loi et qu’un de 13 ans ne l'est pas? Par ailleurs, à quoi sert d’interdire aux conducteurs de fumer en présence d’un enfant dans leur voiture alors qu’ils peuvent le faire chez eux?», souligne-t-il, interrogé par 20 Minutes.
Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, se montre moins critique, mais estime tout de même que cette mesure «est de l’ordre du symbole et qu’elle est avant tout un message de prévention». Car selon lui, peu d’automobilistes fument au volant en présence de leurs enfants.
Interdiction de fumer devant des enfants en voiture: «Nos politiques veulent nous infantiliser»
Autre point qui pose question: cette infraction sera-t-elle verbalisable? «On voit mal comment les forces de l’ordre vont pouvoir contrôler ce qui se passe dans l’habitacle», estime Pierre Chasseray. «Elles ont des comportements plus dangereux à traquer», renchérit Eric de Caumont. «Et si les enfants des fumeurs n’ont pas leur carte d’identité, on les imagine mal embarquer la famille au poste», ajoute-t-il.
Si jamais cette mesure passe et qu’elle est finalement appliquée, une chose est sûre selon le président de l’association des avocats de l’automobile: elle donnera lieu à des contestations. «On ira s’amuser devant les tribunaux en soulignant l’incohérence du texte », promet-il.