Dépression: L'hypothèse d'une inflammation du cerveau

20 Minutes avec agence
Une jeune femme déprimée.
Une jeune femme déprimée. — JACQUEMART/ISOPIX/SIPA

«Les victimes de dépression ne font jamais preuve de mauvaise volonté», c'est ce qu'affirme Antoine Pelissolo, interrogé par 24heures. Pour ce psychiatre et chef de service au Centre hospitalier universitaire Henri-Mondor (Créteil), la dépression est une véritable maladie qui pourrait effectivement provenir d'une inflammation du cerveau.

Une piste explorée depuis plus de vingt ans et, rappelle Sciences et Avenir, étayée par plusieurs faits: l’activation du système immunitaire provoque des comportements (humeur morose, anorexie et perte de poids, etc.) présents également dans la dépression sévère, des marqueurs périphériques (sanguins) de l’inflammation sont trouvés durant la dépression et des maladies inflammatoires sont associées à de fort taux de dépression.

Les protéines de translocation à la loupe

Et une piste sur laquelle a planché une équipe du Centre pour addiction et santé mentale (CAMH) de Toronto (Canada), observant un marqueur particulier: les protéines de translocation (TSPO VT), qui sont produites en quantité lorsque le système immunitaire du cerveau est activé.

Leurs résultats, publiés le 28 janvier dans le journal JAMA Psychiatry, révèlent que la concentration de ce marqueur est en moyenne 30% plus élevée chez les personnes dépressives. Selon Jeffrey Meyer, à la tête de l'équipe d'experts canadiens et cité par Pourquoi Docteur, «une nouvelle cible thérapeutique se dessine donc. A savoir, un traitement qui inverserait le mécanisme immunitaire du cerveau, ou qui le mettrait à profit pour booster le processus de réparation et ainsi réduire les symptômes».

 

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Trois patients dépressifs sur 10 résistent aux traitements

Si les experts estiment que l'étude doit encore être approfondie, cette nouvelle piste de recherche, concluante, ouvre déjà la voie à de nouveaux traitements pour les personnes atteintes de dépression majeure. «Car si des mécanismes inflammatoires sont associés au développement de la maladie, cela suggère que l'utilisation d'agents anti-inflammatoires pourrait représenter une nouvelle approche thérapeutique», souligne ainsi Antoine Pelissolo, précisant qu'il reste, aujourd'hui, à identifier l’origine de cette inflammation.

Mais déjà ces résultats s'avèrent être prometteurs pour les 3 patients dépressifs sur 10 qui résistent encore aux traitements de la dépression actuels, qui associent la psychothérapie à l'utilisation d'antidépresseurs.