Maladies cardiovasculaires: Les femmes de plus en plus concernées

CARDIOLOGIE Alors qu’un Livre blanc sera prochainement remis au ministère de la Santé concernant les risques cardiovasculaires...

R.S.
— 
La ministre de la santé, Marisol Touraine (à g), lors de la visite du service de cardiologie d'un hôpital du Mans, le 17 novembre 2012.
La ministre de la santé, Marisol Touraine (à g), lors de la visite du service de cardiologie d'un hôpital du Mans, le 17 novembre 2012. — JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

A l’instar du cancer ou d’Alzheimer, et même s’il ne sera pas défendu par Jacques Chirac en personne, le cœur aura lui aussi son «Plan» dans quelques jours. Le 17 octobre, la Fédération française de cardiologie remettra au ministère de la Santé ses recommandations, regroupées dans un Livre blanc. L’une d’elles porte sur le cas spécifique des femmes, «ces grandes oubliées de la maladie cardiovasculaire», indique le Livre blanc.

Plus «sensibles aux facteurs de risques» et «moins bien prises en charge» selon le professeur Claude Le Feuvre, président de la FFC, les femmes sont de plus en plus touchées par ces pathologies. Entre 2002 et 2008, le nombre de décès dus aux maladies cardio-vasculaires a augmenté de 18% chez les femmes, ce qui en fait la première cause de mortalité aujourd’hui, devant le cancer.

«Mais il n’y a pas de fatalité. Il faut trouver les clés de la prévention. Donner l’information aux femmes», poursuit le professeur Claire Mounier Vehier, cardiologue, qui explique cette évolution dramatique en plusieurs points. D’abord, les facteurs de risques (tabac, hypertension, diabète, cholestérol) seraient plus délétères sur leurs artères et leurs coronaires, plus fines que chez l’homme. «La femme étant plus sensible, les facteurs de risques sont plus toxiques.»

« Sous-traitées par les médecins »

Elle évoque aussi des facteurs de risques spécifiques, hormonaux, liés à la première contraception, la ménopause (carence d’œstrogène) ou pendant la grossesse. «Les femmes qui ont du mal à avoir un placenta de qualité développent plus facilement un AVC ou un infarctus du myocarde.» Par ailleurs, après 40 ans, les femmes développeraient plus facilement des caillots sanguins que les hommes.

Au-delà de ces considérations physiologiques, les femmes seraient «sous-traitées» une fois l’accident survenu. «On ne sait pas pourquoi elles ne suivent pas le traitement optimal, remarque le professeur Mounier Vehier. C’est à nous d'inciter les médecins en soins primaires, mais également nos confrères cardiologues, à optimiser les traitements pour qu’ils revoient leurs patientes.» Selon elle, les personnels médicaux n’ont pas une vision globale de la femme en cardiologie: «Il faut connaître les facteurs hormonaux. Savoir rectifier une contraception, inciter les femmes à aller en rééducation, sans les écouter quand elles disent qu’elles n’ont pas le temps.» Tout un programme porté à la connaissance de la ministre, Marisol Touraine, et qui pourrait être décliné prochainement dans les Agences régionales de santé.