Santé bucco-dentaire: «Moins de prévention, c'est plus de caries»
INTERVIEW Dr Christophe Lequart, porte-parole de l’UFSBD, s’insurge contre les coupes budgétaires de l’Etat dans un programme d’éducation à la santé bucco-dentaire en milieu scolaire…
Mauvaise nouvelle pour les parents et leurs enfants. Le programme de sensibilisation à la santé bucco-dentaire M’T dents sera quasiment supprimé dans les écoles dès cette rentrée et pour les trois prochaines années, en raison de mesures d’économies de l’Assurance maladie. Dr Christophe Lequart, porte-parole de l’UFSBD (Union française pour la santé bucco-dentaire) s’insurge contre cette décision, dont il évoque les répercussions.
Les actions d’éducation à la santé bucco-dentaire sont-elles condamnées dans toutes les écoles cette rentrée?
Presque, car seulement 20.000 écoliers de zones d’éducation prioritaire (ZEP) en bénéficieront contre 250.000 écoliers auparavant. C’est un très mauvais signe de santé public qui aura des conséquences, à court et à moyen terme.
En quoi ces actions de prévention sont-elles importantes?
Elles permettent d’éduquer les enfants à l’hygiène bucco-dentaire et à l’hygiène alimentaire, afin qu’ils prennent de bonnes habitudes dès l’enfance. Leur efficacité a été prouvée car elles ont contribué à diviser par trois le nombre de caries par enfant depuis 1987, car les écoliers parlaient de ces séances ensuite avec leurs parents, ce qui incitait ces derniers à prendre rendez-vous chez le dentiste. Ainsi, en 1987, un enfant de 12 ans avait en moyenne quatre caries à un instant T et en 2006 il n’en avait plus qu’une. Et aujourd’hui, 63,4 % des enfants de 6 ans et 56 % de ceux de 12 ans sont indemnes de carie.
Quelles peuvent être les conséquences de cette moindre sensibilisation des enfants à l’hygiène bucco-dentaire?
Moins de prévention, c’est plus de caries. Car cela risque d’entraîner une diminution forte de la fréquentation des cabinets dentaires et donc une plus grande fréquence des caries chez les enfants. Par ailleurs, certains problèmes de santé bucco-dentaire peuvent avoir des retentissements sur l’état de santé général: maladie du cœur, diabète, tendinite, arthrite…
L’économie réalisée par la Sécurité sociale sur ce programme ne sera donc pas si intéressante que ça à long terme…
Tout à fait, car la prévention bucco-dentaire, c’est un pari sur l’avenir. Si les enfants vont moins chez le dentiste, ils auront plus de caries, donc plus de soins. Ce qui va entraîner des dépenses de santé plus importantes.
Quels conseils donnez-vous aux parents pour cette rentrée?
Ils doivent emmener leurs enfants chez le dentiste au moins une fois par an pour une visite de contrôle. Car plus les caries seront soignées tôt, moins cela sera douloureux et moins cela sera coûteux. Et plus le spectre de la prothèse dentaire s’éloignera!