Allergies: A l’intérieur de l’habitat, c’est pire

SANTE En ces temps de pollution, le «danger» est paradoxalement plus présent dans les appartements et maisons…

Romain Scotto
Illustration d'une personne allergique
Illustration d'une personne allergique — SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Un nez qui coule, une toux sèche, des yeux qui piquent. Inutile d’accuser les pollens ou les particules fines, c’est bien chez soi que se concentrent la majorité des facteurs allergènes. Alors que la journée nationale de l’allergie a eu lieu mardi, certains spécialistes mettent en garde contre une idée reçue: à l’intérieur de l’habitat, la menace est bien plus importante que dehors. Alors à vos crèmes et masques de protection…

La plus classique: les acariens. Ces petits arachnides microscopiques et transparents prolifèrent généralement dans la poussière. Mais on les trouve aussi dans tous les tissus non lavables, moquettes, canapés et literie. «Au fur et à mesure qu’ils grandissent, ils arrivent à la surface du matelas. Rapidement, ils chatouillent les voies respiratoires», souligne Madeleine Epstein, allergologue à Paris. Pour s’en prémunir, mieux vaut aérer son domicile régulièrement et secouer les matelas à l’extérieur, les acariens détestant la lumière. Une sorte de vampires taille XXS.

La plus traîtresse: les poils d’animaux. Une précision tout d’abord. Personne n’est allergique aux poils de chat en tant que tels. Ce sont les phanères (dont la sueur), l’urine et la salive de l’animal qui déclenchent la réaction. Celui-ci dépose généralement l’allergène sur ses poils quand il se lèche. Pour Patrick Rufin, médecin spécialiste en allergologie, «il est utile de laver son animal régulièrement, même un vieux chat, avec un gant humide.» Par ailleurs, n’importe qui peut déclencher une allergie aux animaux, à n’importe quel moment. Y compris les personnes ayant vécu avec un animal pendant plusieurs années. «Ils sont sensibilisés au contact de l’animal, fabriquent des anticorps et n’ont pas les symptômes. Et puis un jour, le chat meurt. Ils sont tristes, en prennent un autre un an plus tard et déclenchent le symptôme. Le mécanisme de tolérance a été rompu, la réaction se produit alors qu’elle n’était jamais apparue.»

La plus sale: les moisissures. On ne parle pas là des moisissures volontaires présentes sur les fromages et saucissons. Mais des moisissures moins ragoûtantes qui prolifèrent dans les pièces d’eau et toute zone humide. Encore une fois, le lit est un foyer redoutable. «Les gens dorment dans des couettes et dégagent de l’humidité. Si on referme sa couette sur son lit dès qu’on se lève, on enferme aussi l’humidité», poursuit Patrick Rufin. Le sac de couchage en plein été étant une sorte de fête des moisissures du sommeil.

La plus improbable: les cafards. Comme pour les acariens, on trouve les allergènes de cafards dans la poussière ou dans l’air ambiant. «Leur présence est souvent liée à l’insalubrité, mais parfois, ce n’est pas une question d’hygiène», note Madeleine Epstein. Des appartements très propres peuvent être contaminés par des voisins un peu moins regardants.

La plus décorative: les plantes d’intérieur. On ne soupçonne pas le pouvoir allergène d’un innocent ficus posé dans un coin de salon. «Ils peuvent développer soit une allergie de contact, avec de l’urticaire. Soit des manifestations respiratoires», indique Rufin. L’allergologue met aussi en garde les adeptes des plantes détoxifiantes, censées lutter contre la pollution. Elles auraient parfois tendance à s’attaquer de préférence à vos poumons.