Immobilier à Rennes : « J’ai vu des gens pleurer »… Quand la quête d’un logement vous prend la tête

Liste d’attente Très attractive, la capitale bretonne voit son marché immobilier se tendre tant à la location qu’à l’achat, générant des tensions pour se loger

Camille Allain
Depuis quelques mois, les offres de logements à louer sont devenues très rares à Rennes, mettant en difficultés bon nombre d'étudiants.
Depuis quelques mois, les offres de logements à louer sont devenues très rares à Rennes, mettant en difficultés bon nombre d'étudiants. — C. Allain/20 Minutes
  • Dans la capitale bretonne, les offres d’appartements ou maisons à louer sont devenues très rares, notamment pour les petites surfaces.
  • Depuis cet été, de nombreux étudiants et jeunes travailleurs peinent à se loger.
  • La tension semble doucement redescendre dans le marché de la location comme celui de l’achat mais les prix ont beaucoup grimpé.

A force de dire que Rennes est une chouette ville, ça a fini par se savoir. Réputée attractive, la capitale bretonne a pu mesurer à quel point elle était prisée quand elle a vu de nouveaux prétendants toquer à sa porte à la rentrée. Le problème, c’est que les candidats à l’installation semblent plus nombreux que les logements disponibles. Conséquences : les quelques offres de location et d’achat ne suffisent pas et disparaissent en quelques heures, après avoir été prises d’assaut. Un constat que de nombreux étudiants ont fait cet été, même si la situation semble doucement s’améliorer.

Lorsqu’elle a entamé ses recherches d’appartement en juillet, Noémie ne s’attendait pas à galérer autant. Elle qui approche gentiment de la quarantaine devait quitter Saint-Malo pour un nouveau poste à Rennes. « J’ai commencé à regarder en juillet et je n’étais pas sur place. C’était compliqué, il n’y avait presque pas d’annonces ». Un jour de septembre, elle a fait les comptes. Dans ses critères, seuls sept appartements étaient proposés à la location sur Le Bon Coin dans une ville qui compte pas loin de 130.000 logements. « Il fallait appeler dans l’heure, sinon, on n’avait aucune chance de pouvoir déposer un dossier. J’ai vu des trucs à des prix fous, on aurait dit que c’était à Paris ». Après quelques refus, Noémie a fini par trouver son bonheur grâce au désistement de celui qui avait eu les préférences du propriétaire. En CDI et avec un bon salaire, Noémie s’interroge. « J’ai l’impression de faire partie des privilégiées avec mon dossier. Je me demande comment font les autres ».

« On n’a presque rien à proposer »

Son questionnement est légitime. Car depuis quelques années, le logement semble être devenu un bien rare dans la capitale bretonne, alors que des immeubles poussent partout. Le phénomène s’est sans doute accentué avec l’épidémie de Covid-19. « D’habitude, on a une centaine de locataires qui partent au mois de juin. Mais cette année, c’était 50 de moins, sans que je ne sache pourquoi. On a commencé à louer certains biens en mai. Du coup, en juillet, on n’avait plus rien ». Cette responsable d’une agence immobilière du centre-ville a été frappée par le nombre de jeunes en carafe dès cet été. « J’ai vu des étudiants pleurer, des parents désemparés ». Elle résume son ressenti ainsi : « on n’a presque rien à proposer ». Mécaniquement, le prix des loyers qui ne sont pas régulés a augmenté.



Nous avons poussé la porte d’autres agences où le discours s’est révélé plus mesuré. « Le marché est tendu, on ne va pas le nier. Mais on peut trouver si on est rapide. C’est juste que c’est plus long et plus fastidieux », prévient Benjamin Guerrot. Le responsable de l’agence La Française Immobilière du boulevard de la Liberté n’est pas étonné par la situation.

« Rennes est une ville charmante, elle est attractive. Elle est à la fois proche de Paris, de Nantes et de la mer avec Saint-Malo. Elle a un marché de l’emploi très dynamique et elle attire de plus en plus d’étudiants. Tout ça n’est pas surprenant ».

Fait positif à noter : le rush de la rentrée étant passé, il semblerait que la situation soit en train de s’améliorer. Doucement cependant.


Une bonne nouvelle pour tous ceux qui cherchent à se loger, mais aussi pour tous ceux qui voudraient acheter. Car pendant depuis deux ou trois années, le marché était devenu très, très compliqué. « On a environ 2.000 offres quand on ajoute le neuf et l’ancien. C’est deux fois plus qu’en 2020. Avant, quand des clients venaient nous solliciter, on n’avait qu’un seul bien à leur proposer. Aujourd’hui, on peut avoir trois, quatre, cinq appartements à faire visiter. Il n’y a plus besoin de courir », assure Martin Giboire, directeur de l’agence du même nom située à deux pas de République. Derrière cette généralité se cache cependant une réalité plus contrastée. Si le marché s’est détendu dans sa globalité, il reste extrêmement tendu pour les petites surfaces. « Un logement étudiant, il n’est jamais vacant », reconnaît Martin Giboire. Tous ceux qui ont galéré, et galèrent toujours, peuvent le confirmer.