Rennes : Des patates produites au stade de foot pour des frites plus locales ?

A VOLONTÉ Le projet La Frite locale porté par trois étudiants d’une école de design de Rennes a été primé lors d’un concours national

Camille Allain
A Rennes, des étudiants ont imaginé un concept de friterie locale où les pommes de terre pousseraient au pied des stades de football.
A Rennes, des étudiants ont imaginé un concept de friterie locale où les pommes de terre pousseraient au pied des stades de football. — Pixabay
  • Des étudiants de Rennes ont remporté un concours zéro déchet en imaginant un concept de friterie locale plus éco-responsable.
  • Des pommes de terre pourraient être plantées au plus près des enceintes sportives pour limiter la logistique.
  • Les pelures de patates pourraient être utilisées pour la fabrication des cornets.

Ce n’est encore qu’un projet étudiant. Mais depuis que le dossier a été déposé sur le bureau du Syndicat des déchets d’Île-de-France, il a pris en consistance, en épaisseur. Il y a dix jours, il s’est même payé le luxe d’être lauréat du concours Design Zéro Déchet organisé par le Syctom francilien. Porté par trois jeunes étudiants de Rennes, le projet « La Frite locale » est né d’un doux rêve. Celui d’alimenter les friteries des enceintes sportives avec des pommes de terre produites sur place. Les patates fourniraient leur chair pour la dégustation et leur peau pour l’emballage. Quant à l’huile et son odeur prégnante autour des stades, elle pourrait alimenter les moteurs des tondeuses chargées de l’entretien de la pelouse. Utopique ? Sans doute un peu. Mais pas impossible.

Réduire les déchets au Roazhon Park

L’idée est née dans une salle de classe de l’Institut supérieur des arts appliqués (ISAA) de Rennes où Pauline, Andréa et Jérémy étudient l’architecture et le design depuis trois ans. Encouragés par un enseignant à participer au concours Zéro déchet, les trois étudiants ont imaginé une friterie du futur, locale et surtout respectueuse de l’environnement. « Nous sommes allées au Roazhon Park et au Roudourou les soirs de match pour voir comment les buvettes fonctionnaient. On a constaté qu’elles produisaient énormément de déchets », expliquent Pauline Begoin et Andréa David.

Des étudiants de l'ISAA ont imaginé un concept de friterie locale où les pommes de terre pousseraient au pied des stades.
Des étudiants de l'ISAA ont imaginé un concept de friterie locale où les pommes de terre pousseraient au pied des stades. - La Frite locale

Les deux jeunes femmes ne sont pas vraiment fans de football mais sont animées par cette envie de s’appuyer sur le sport le plus populaire au monde pour plaider leur cause. « L’idéal, c’est de pouvoir planter les pommes de terre au pied du stade », glisse Andréa, qui a longtemps vu son père en produire pour une célèbre marque de chips bretonne. Elles rêveraient de voir les tubercules pousser à la place des parkings bétonnés qui encerclent Roazhon Park.

Cercle vertueux de la frite

Pour optimiser l’espace de culture et éviter d’avoir à dérouler un champ de patates tout autour des stades, les étudiants plaident pour une culture verticale qui fait la promesse de meilleurs rendements. Un défi de taille car il faudrait en produire en quantité pour fournir des frites tout au long de l’année et conserver les pommes de terre sans qu’elles ne germent au printemps. A Rennes, ce sont plusieurs centaines de kilos qu’il faudrait peler à chaque match pour accompagner la traditionnelle galette-saucisse.

Pauline Begoin, Jérémie Darmon et Andréa David ont imaginé un concept de friterie locale où les pommes de terre pousseraient au pied des stades.
Pauline Begoin, Jérémie Darmon et Andréa David ont imaginé un concept de friterie locale où les pommes de terre pousseraient au pied des stades. - ISAA

Pour servir leurs frites, les étudiants abandonneraient la traditionnelle barquette plastique transparente pour un cornet fabriqué à partir des épluchures. « Il faut les compresser et utiliser l’amidon pour qu’elles collent. Ça a déjà été fait », assure Pauline. Une fois utilisé, le cornet pourrait être transformé en compost pour nourrir les patates. Le cercle vertueux de la frite.

Les trois étudiants ont même poussé la réflexion jusqu’à la réutilisation des huiles de friture dans les réservoirs des moteurs des tondeuses du stade. Un procédé qui existe déjà mais uniquement sur les moteurs diesel. Pour l’heure, l’idée est restée sur le papier. En remportant le prix de l’Economie circulaire, les étudiants de l’ISAA pourront cependant compter sur le soutien du Syctom d’Île-de-France pour le mettre en œuvre. Pour cela, il faudra beaucoup de travail d’étude. Mais aussi une bonne communication pour convaincre les patrons des friteries d’abandonner les grands sacs de frites surgelées au profit de patates à peler.