Rennes : Pourquoi des zones humides seront-elles asséchées aux prairies Saint-Martin ?

NATURE Le projet de parc naturel urbain n’avait pas prévu que l’eau stagne et ne transforme les zones humides en étangs

Camille Allain
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Les zones humides des prairies Saint-Martin, à Rennes, accueillent trop d'eau et seront pompées.
Les zones humides des prairies Saint-Martin, à Rennes, accueillent trop d'eau et seront pompées. — C. Allain / 20 Minutes
  • Des opérations de pompage de l'eau vont être menées dans des zones humides des prairies Saint-Martin à Rennes.
  • Aménagées ces dernières années, ces zones humides ont trop d'eau et ne s'assèchent pas en été, ce qui empêche l'installation d'une certaine biodiversité.
  • Ce grand parc urbain devrait être achevé en 2024 et aura coûté 30 millions d'euros.

Des zones humides qui le sont un peu trop. A Rennes​, le réaménagement des prairies Saint-Martin continue de réserver quelques surprises à la municipalité. Engagés depuis 2017, les travaux de transformation du site en « parc naturel urbain » sont loin d’être achevés. Cet été, une opération d’assèchement va même devoir être menée en raison de la présence trop prononcée de l’eau. « L’objectif d’une zone humide, c’est d’attirer une biodiversité différente. Des batraciens comme les tritons par exemple. L’été, ces zones sont censées être asséchées mais ce n’est pas le cas. On a trop d’eau », explique Didier Chapellon, adjoint à la biodiversité.

On pourrait facilement accuser la délicieuse météo de ce début d’été mais le problème est plus complexe. Ce sont en fait les bras de l’Ille qui amènent trop d’eau en déambulant au milieu des prairies. Les pattes plongées dans cet étang qui ne devrait pas en être un, un héron cendré se fond dans ce décor. Qu’il en profite ! Car bientôt, ce trou d’eau n’existera plus.

Les zones humides des prairies Saint-Martin, à Rennes, accueillent trop d'eau et seront pompées.
Les zones humides des prairies Saint-Martin, à Rennes, accueillent trop d'eau et seront pompées. - C. Allain / 20 Minutes

Pour assécher ces zones, la ville va devoir pomper. Pendant trois jours à la fin du mois de juillet, trois zones humides seront vidées de leurs eaux. Des écologues seront présents pour secourir les poissons, grenouilles, crapauds et salamandres qui seraient présents. Il faudra ensuite remblayer les sites en amenant environ 60 centimètres de terre prélevée aux alentours. Le prix à payer pour créer de véritables zones humides pour les batraciens mais aussi les libellules et de nombreux insectes. « C’était attendu. Ce site est expérimental et les travaux sont très complexes à mener car on ne sait jamais comment le milieu va réagir », relativise Eric Lechevallier, de la Direction des jardins de la ville.

Il ne reste que quelques habitations…

En attendant ces opérations de pompage, les travaux se poursuivent sur la partie nord des prairies. Les derniers squats qui perduraient au milieu de la végétation ont été évacués en juin et les abris de fortune détruits. Il ne reste aux prairies que quelques maisons au bord du canal, ainsi que deux propriétés perdues dans la verdure. « Au départ des occupants, elles ne seront plus habitées », prévient la ville. Et sans doute rasées ou transformées.

Engagé en 2017, ce vaste chantier de parc urbain vise à réhabiliter ces 30 hectares de friches pour leur redonner leur rôle de poumon vert de la ville, véritable îlot de fraîcheur, et en améliorer la biodiversité. Longtemps polluées par certaines industries comme une ancienne tannerie, les terres des prairies ont été nettoyées et même enfouies sous l’aire de jeux pour enfants. Car le parc doit aussi servir de zone d’expansion des crues et garder la capacité d’absorber 60.000 m³ d’eau en cas d’inondations. Estimé à 30 millions d’euros, le projet urbain devrait être finalisé en 2024.