Bretagne: Cinq dauphins échoués en onze jours, «ce n'est pas alarmant», selon une spécialiste

ANIMAUX Cinq dauphins et un phoque ont été découverts en onze jours sur la presqu’île de Crozon, dans le Finistère. Ces échouages sont réguliers. Ils sont tout de même en augmentation ces dernières années…

Jean Saint-Marc
Un dauphin pilote retrouvé sur une plage d'Arcachon (illustration).
Un dauphin pilote retrouvé sur une plage d'Arcachon (illustration). — E. Travers / SIPA
  • Plusieurs facteurs « naturels » expliquent pourquoi autant de mammifères marins ont été découverts ces derniers jours sur les plages bretonnes.
  • Les spécialistes ne s’inquiètent pas, mais restent vigilants.

Découvrir un dauphin ou un phoque en putréfaction pendant sa balade sur la plage ou lors d’une aprèm' baignade, c’est toujours une mauvaise surprise. Mais cela arrive régulièrement sur les plages du littoral Atlantique… Avec une étrange loi des séries, ces derniers jours, sur la presqu’île de Crozon (Finistère) : cinq dauphins et un phoque se sont échoués ces onze derniers jours dans le secteur, rapporte Le Télégramme. Cela porte à 17 le nombre d’échouements cette année dans le secteur… Contre 22 sur l’année complète, en 2016.


« Cela n’a rien d’exceptionnel, on a des échouements réguliers en Bretagne, nuance Christine Dumas, chef d’équipe mammifères marins à Océanopolis (Brest)… Pour moi, ce n’est pas inquiétant, pas du tout alarmant ». Selon la spécialiste, cette série fin juillet s’explique par trois facteurs disons « naturels » :

  • L’augmentation des populations : « Plus on a d’animaux en mer, plus il y a en a qui meurent, plus on en retrouve sur les plages, c’est logique. »
  • Le déplacement des bancs de poissons : « Ils se rapprochent des côtes l’été, les sardines rentrent dans la baie de Douarnenez, etc. Forcément, ça attire leurs prédateurs : les dauphins et les mammifères marins ! »
  • La présence de nombreux touristes sur les côtes bretonnes : « Plus il y a de monde sur les plages, plus vous avez de chance de découvrir les cadavres échoués. »

Les spécialistes d'Océanopolis le déplorent : il est très compliqué de déterminer avec certitude ce qui a provoqué la mort (et donc l’échouement) de ces mammifères. « Il faut un état de fraîcheur irréprochable. Dans ce cas, on fait venir un vétérinaire, on prélève les organes, on fait une autopsie. C’est impossible quand le cadavre a commencé à putréfier », reprend Christine Dumas.

Les six mammifères découverts ces derniers jours appartiennent à cette catégorie : ils ne seront pas analysés. La cause de la mort est connue pour un seul d’entre eux : il s’est pris dans un filet de pêche, ce qui laisse des traces « assez flagrantes », précise Christine Dumas.

Un pic en février dernier

C’est le cas d’une partie importante des dauphins retrouvés sur les côtes françaises. 7.000 à 8.000 animaux meurent chaque année en mer par capture accidentelle, selon les estimations de l'observatoire Pélagis (auquel Océanopolis contribue), qui recense ses échouements. En février dernier, après un pic provoqué par les tempêtes, le directeur de l’observatoire Vincent Ridoux nous expliquait que « 85 % de ces animaux portaient des marques de capture accidentelle. »


Il notait, de façon générale, une hausse du nombre d’échouements provoquée par « l’augmentation globale des effectifs » et par « des causes de mortalité nouvelle comme le développement de la pêche au chalut pélagique ».

Sans doute pas de maladie

Dans le cas des découvertes sur la presqu’île de Crozon, un seul des six mammifères comportait des marques de capture accidentelle. Ce qui ne signifie pas qu’une maladie décime en ce moment la population de dauphins au large de la rade de Brest, insiste Christine Dumas :

Si ça s’arrête là, ce sera un simple phénomène ponctuel. Si dans les prochaines semaines on en signale encore… On va commencer à se poser des questions !