Ligue des champions: «Il faut que Monaco gagne!», Shabani Nonda a choisi son camp avant la demi-finale contre la Juventus
INTERVIEW L'ancienne idole rennaise et monégasque est pourtant accro aux Bianconeri...
- « Sha, Sha, Sha, Shabani Nonda ! »
- L'ex-Rouge et Noir estime que Monaco peut être le premier club français à éliminer la Juve en Coupe d'Europe.
- Le meilleur buteur de la Ligue 1 édition 2002-2003 analyse les performances de Falcao et Mbappé.
Il a affronté la Juventus Turin avec le Stade Rennais en finale de la Coupe Intertoto (buteur en 1999), et disputé une demi-finale de Ligue des champions avec l’AS Monaco (buteur again contre Chelsea, en 2004).
Lui, c’est Sha-Sha-Sha Shabani Nonda, joint par 20 Minutes avant les retrouvailles de l’ASM avec la Vieille Dame, mercredi (20 h 45).
Le Monaco de 2017 vous paraît-il plus fort que celui de 2015, sorti en quarts de la C1 par la Juventus (1-0, 0-0) ?
Oui, les Monégasques ont cette fois plus de chances de passer. L’élimination en Coupe de France les a soulagés, et avec l’avance prise en championnat, ils peuvent se concentrer à 100 % sur le match de mercredi. En plus, ils n’ont rien à perdre. En 2004, on avait fait le plus dur en arrivant en finale [perdue 0-3 face à Porto]. Là, vu leur parcours, ce ne sera pas trop grave si l’aventure s’arrête en demies. Par contre, pour la Juve, vu ce qu’elle a fait au tour précédent contre le Barça [3-0, 0-0], ce sera quelque chose d’« énorme » si elle s’incline devant Monaco…
L’équipe actuelle de Leonardo Jardim est-elle également supérieure à celle de 2004 ?
J’ai du mal à comparer, parce que 13 ans d’écart, c’est beaucoup. Si on regarde bien, ils ont construit un truc avec davantage de jeunes du club. Ça n’a donc rien à voir, mais c’est costaud quand même !
À l’image de Kylian Mbappé, qui n’en finit plus de marquer. Du coup, on a envie de vous demander : qui est le plus fort entre Shabani Nonda et lui ?
C’est le gamin (sourire). Si on partait dans les détails techniques, on dirait qu’il percute, tout ça… Mais par rapport à la maturité qu’il affiche malgré son jeune âge, on voit que ce n’est pas un joueur ordinaire, et c’est ce qui fait la différence. Ce qui m’avait frappé face au Borussia Dortmund, c’est sa facilité sur le terrain et la façon dont il comprend le jeu. Ça, c’est impressionnant.
Si vous le pouviez, vous lui conseilleriez de rester à Monaco la saison prochaine ?
Il sait quoi faire. Selon les dires de ceux qui le côtoient, c’est un jeune au caractère tranquille, avec la tête sur les épaules. A priori, il ira loin.
Il y a la révélation Mbappé, mais aussi la résurrection de Radamel Falcao…
Je suis content pour lui. Je le suivais depuis l’Espagne, et quand il est venu à Monaco [en 2013], je me suis dit : « Au moins, avec de grands attaquants comme lui et Ibrahimović au PSG, on va se régaler chaque week-end en Ligue 1 ». Malheureusement, ça s’est mal passé [référence à la lésion du ligament croisé antérieur du genou gauche subie par Falcao en janvier 2014], il est parti [prêté successivement à Manchester United et Chelsea], et là, il est presque revenu à son meilleur niveau. Il a bien récupéré de ses différentes blessures, et je suis bien placé pour savoir que c’est très difficile de le faire [Nonda avait cru à une fin de carrière prématurée après un tacle du défenseur José-Karl Pierre-Fanfan, en août 2003]…
Mais vous y croyiez, à ce retour tonitruant ?
En fait, Falcao, il s’épanouit. À Monaco, il y a un esprit familial, pas comme à Manchester ou un autre grand club de ce genre. En tant qu’« ancien » et leader du vestiaire, on lui a laissé le temps de revenir. Le fait d’avoir cette confiance de l’entraîneur, au point d’avoir hérité du brassard de capitaine, l’a ainsi mis dans les meilleures conditions pour s’exprimer. Son talent et son sens du but ont fait le reste, ce qui profite aussi à Mbappé. Tu apprends beaucoup au contact d’un grand joueur. Ça me rappelle ce que j’ai vécu à Monaco, avec Marco Simone ou Ludovic Giuly.
À titre personnel justement, vous auriez pu évoluer à la Juve à la suite de votre passage en Principauté (2000-2005). Pourquoi ça ne s’est pas fait ?
Oh ça, je ne peux pas le dire dans les médias, c’est personnel (sourire). Des regrets ? Pas du tout, même si c’était mon équipe préférée. D’ailleurs, ça l’est toujours, sachant que ça a commencé à l’époque de Platini. J’aurais vraiment réalisé mon rêve en allant là-bas, mais si on me le demandait, je ne changerais rien à ma carrière pour autant.
Après Monaco, celle-ci s’était alors poursuivie à la Roma, ennemie jurée des Bianconeri…
Heureusement, les Romains n’étaient pas trop au courant [de sa passion pour le grand rival turinois]. Comme ça, j’ai pu être tranquille (rires).
Vous devez être moins serein aujourd’hui, à l’heure de choisir entre vos clubs de cœur…
C’est vrai, je suis partagé entre les deux, mais le fait d’y avoir joué donne un avantage certain à l’ASM. La Juve a déjà remporté la Ligue des champions (sourire), donc il faut que Monaco gagne !