Comment une petite ville bretonne veut atteindre l’objectif de zéro chômeur

EMPLOI A Pipriac, l’entreprise Tezea a déjà embauché 37 personnes en 2017…

Camille Allain
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Pierre-Yves (au premier plan) et Damien partent récupérer du mobilier chez des particuliers, dans le cadre de l'expérimentation Territoire zéro chômeur lancée à Pipriac.
Pierre-Yves (au premier plan) et Damien partent récupérer du mobilier chez des particuliers, dans le cadre de l'expérimentation Territoire zéro chômeur lancée à Pipriac. — C. Allain / APEI / 20 Minutes
  • Pipriac fait partie des dix territoires «zéro chômeur de longue durée»
  • L'argent public sert à faire travailler des personnes sans emploi
  • 37 personnes ont déjà été recrutées par Tezea

« Ça me remonte le moral. Je dirais même que ça me réapprend à vivre ». A 39 ans, Valérie a connu la galère. Mère de trois enfants, elle sort d’une période de chômage de deux ans et demi. « Avant ça, j’enchaînais les petits boulots. » Depuis quelques mois, elle suit des formations pour intégrer l’entreprise Tezea. Une société pas comme les autres.

« Ici on accepte tout le monde »

Fondée en janvier à Pipriac, au sud de Rennes, cette « entreprise à but d’emploi » compte déjà 37 salariés. Signe particulier ? Ils sortent tous d’une longue période de chômage.

Créé dans le cadre de l’expérimentation nationale « Territoire zéro chômeur » portée par ATD Quart Monde, leur nouvel employeur Tezea a pour ambition de fournir un emploi à toutes les personnes du secteur de Pipriac/Saint-Ganton. « Ici on accepte tout le monde », résume Serge Manhic, le directeur de la structure. L’idée est assez simple. Plutôt que de payer le chômage, l’argent public sert à faire travailler des gens en quête d’emploi.

« Ne pas piquer le boulot de l’entreprise d’à côté »

Mais avant de travailler, les nouveaux salariés ont surtout été formés depuis janvier à de nouveaux métiers comme le bûcheronnage, l’entretien d’espaces verts ou le recyclage. Ils proposent ensuite leurs services aux collectivités et entreprises du coin à moindre coût. Du paillage pour un paysagiste ou de la collecte de meubles pour la recyclerie. « Notre défi, c’est de proposer du travail supplémentaire mais à petit prix. On ne veut pas créer de l’emploi ici pour piquer le boulot de l’entreprise d’à côté », précise Denis Prost, le responsable du projet Zéro chômeur.

Mathieu, formateur, présente le fonctionnement de la recyclerie à des demandeurs d'emploi, ici à Pipriac en avril 2017.
Mathieu, formateur, présente le fonctionnement de la recyclerie à des demandeurs d'emploi, ici à Pipriac en avril 2017. - C. Allain / APEI / 20 Minutes

Tezea proposera par exemple un service de commerce ambulant, en association avec plusieurs commerces du territoire. « Ça existait dans le temps, mais ça a été abandonné, faute de rentabilité. Avec ce camion, on vient en aide aux commerçants en vendant leurs produits, tout en apportant un nouveau service à la population », poursuit Denis Prost.

Ici, « on construit tout ensemble »

De 37 salariés en avril, la société devrait passer à soixante d’ici fin juillet. Une croissante fulgurante qui oblige les responsables à former les salariés « à la culture d’entreprise ». « Ici, on construit tout tous ensemble, personne n’est au-dessus de l’autre car on était tous chômeurs il y a quelques mois. Il y a de l’entraide, une bonne ambiance », témoigne Damien. Le jeune homme a passé cinq ans dans une entreprise de métallurgie, qui a fermé ses portes. Depuis quelques mois, il s’est transformé en livreur, vendeur ou encore bûcheron. Mais surtout, il a retrouvé le sourire.