Ligue 1: «Pour l'instant, je suis un peu déçu par Rennes», on a retrouvé Coco Suaudeau
INTERVIEW Avant Guingamp-Stade Rennais et le duel à distance entre Antoine Kombouaré et Christian Gourcuff, le mythique entraîneur du FC Nantes évoque ses disciples...
D’un côté, il y a Antoine Kombouaré, son « fils ». De l’autre, Christian Gourcuff, son fils… spirituel (ou pas). Pour 20 Minutes, Jean-Claude Suaudeau a accepté de parler des entraîneurs respectifs de l’En Avant de Guingamp et du Stade Rennais, avant le « Celtico » de samedi (20 h).
Vu de l’extérieur, on perçoit Antoine Kombouaré comme quelqu’un de sanguin. Est-ce la réalité ?
Avec le langage, on peut le penser, mais autrement, absolument pas ! C’est quelqu’un de très doux, de très calme, même si, comme chez tous les coachs, ça bout un peu à l’intérieur. Il ne se prive pas d’être brutal dans ses propos, mais c’est sa manière à lui de s’exprimer… et elle est très précise, finalement. Il a la stature et le faciès du Calédonien qui font qu’on n’a pas à avoir peur. Certes, il a beaucoup de personnalité, il impressionne. Moi, je ne sais pas si j’impressionnais, mais à côté de lui, je me sens quand même petit…
Vous avez connu le Kombouaré joueur. Que pensez-vous du Kombouaré entraîneur ?
Je ne le connais pas du tout ! Je ne l’ai jamais vu diriger une séance, c’est pourquoi je ne me permettrai pas d’émettre un avis. Mais bon, si on s’appuie sur les résultats, ce n’est pas si mal. Il y a juste le fait qu’il soit resté deux ans de plus à Lens [après avoir fait remonter le club nordiste en Ligue 1, en 2014] que je n’ai pas bien compris. Il doit sans doute aimer ce genre de challenge, et c’est très louable de sa part.
À défaut d’assister à ses séances, regardez-vous les matchs de Guingamp ?
J’ai regardé celui contre le PSG [2-1, le 17 décembre]. J’étais emballé par les deux buts guingampais, c’est l’illustration parfaite de ce qu’il doit demander tous les jours à l’entraînement. Il m’a entendu dire : « On joue comme on s’entraîne », donc c’est bien Antoine, continue comme ça (sic). Les buts en question étaient vraiment merveilleux dans la conception. Et la défense aussi, fantastique ! Lui a joué dans l’axe avec moi, il a également évolué latéral [au FC Nantes, entre 1984 et 1988], et je le sens très qualifié pour organiser sa défense.
Vous retrouvez un peu de votre FCN dans cette formation guingampaise ?
Pas du tout… Il y a tellement longtemps qu’il est passé avec moi, et puis ça fait longtemps que je ne suis plus sur le marché. Il faut me laisser tranquille un peu (sourire). Ceci dit, Antoine mène bien sa barque. Moi, je m’adaptais au mouvement de mon équipe, lui s’adapte bien à la sienne. C’est d’ailleurs une constance dans sa carrière d’entraîneur.
En face de lui samedi soir, il y aura donc Christian Gourcuff. Le retour de ce dernier au Stade Rennais vous a-t-il surpris ?
Non, ce qui m’avait surpris chez Christian, c’est qu’il parte en Algérie… puis qu’il revienne, indépendamment de Rennes. Ce n’est pas plus mal pour le football français, quand on sait que c’est quelqu’un d’expérience qui donne la priorité au jeu. Bon, pour l’instant, je suis un peu déçu… Mais comme le club perd beaucoup de joueurs, ce n’est pas non plus évident.
Si on comprend bien, vous regardez également les matchs du SRFC ?
Non, je regarde des séquences. Contre Paris [0-1, le 14 janvier], je n’ai pas senti les Rennais très confiants. Dans leurs offensives, il manquait quelque chose. Mais ça, Christian doit le savoir mieux que moi.
En termes de filiation technique, est-il votre « successeur » ?
Vous pouvez le dire si vous voulez, mais moi, je ne le dis pas… et c’est sans prétention de ma part ! Christian est très pragmatique, très bien organisé, alors que j’étais complètement à l’opposé de lui. Mais à chaque fois qu’on s’affrontait - souvent en amical, c’était super, parce que je m’y retrouvais. Son équipe arrivait bien à trouver le surnombre, par exemple.
Vous dites que le retour de Gourcuff est une bonne nouvelle pour le championnat de France. Cela veut dire que trop d’entraîneurs « se ressemblent » en L1 ?
Alors là, attention : j’ai été coach - et avec eux - trop longtemps pour que je puisse me permettre de les critiquer ! Mais je trouve que c’est bien d’avoir quelqu’un de valeur comme lui.
Comment voyez-vous le derby de ce week-end ?
C’est un match intéressant. Rennes a du mal à marquer, quand même… Je n’ai pas entendu dire que Jean-Kévin Augustin (PSG) avait signé [durant la retransmission de Nantes-Caen, mercredi soir, beIN Sports a annoncé que le Stade Rennais devançait le FCN sur ce dossier, information dévoilée par 20 Minutes le 12 janvier] ? En tout cas, que le meilleur gagne, même si, par affinité, je penche plus pour Antoine. Avec Christian, c’est parfait aussi, mais considérant la façon dont Antoine est arrivé à Nantes, le contact… C’est comme ça !