Comment la Bretagne veut faire manger local à ses lycéens
ALIMENTATION La région a lancé Breizh Alim pour s’adapter au code des collectivités…
Lors des manifestations agricoles qui ont secoué le pays ces deux dernières années, nombre d’élus ont crié haut et fort que leurs collectivités allaient désormais acheter des produits régionaux pour soutenir les paysans du coin. Problème : la préférence régionale est interdite dans la commande publique, soumise à des règles très strictes.
Pour « contourner la loi », certaines collectivités tentent de ruser et d’instaurer des critères favorisant les circuits courts. La ville de Rennes l’a fait l’an dernier en imposant aux candidats de respecter les ressources en eau du bassin rennais. Exit les « étrangers » donc.
Première région agricole de France, la Bretagne entend faire de même à travers sa démarche baptisée Breizh Alim. « La réforme du code des marchés publics nous autorise à rencontrer les fournisseurs avant de lancer les appels d’offres. Nous voulons instaurer un dialogue avec les producteurs régionaux afin qu’ils puissent connaître nos contraintes et nous les leurs. Il faut trouver des critères qui créent les conditions d’un achat de proximité. Et surtout permettre aux producteurs de répondre à nos appels d’offres », explique Céline Faivre, en charge de la commande publique au conseil régional de Bretagne.
80 % du poulet des cantines est étranger
A l’heure actuelle, seulement 2 à 10 % de la production agricole bretonne part dans la restauration collective. A l’inverse, 80 % du poulet consommé dans les cantines françaises est importé de pays étrangers. « Nous savons faire et nous avons tout localement. Il faut simplement que nous nous organisions », assure Laurent Kerlir, éleveur et président de la chambre d’agriculture du Morbihan.
Avec trois millions de repas servis chaque année, la région et ses 116 lycées peuvent effectivement constituer un solide contrat pour les agriculteurs. « Vouloir acheter local, c’est bien, mais encore faut-il pouvoir le faire. En Bretagne, on a la chance d’avoir toute la chaîne disponible. Il y a ici des industriels capables de fournir 10.000 escalopes de dinde d’un coup », poursuit Olivier Allain, éleveur et vice-président de région dédié à l’agriculture.
« Notre objectif, ce n’est pas de consommer breton à tout prix »
Reste à définir les contours de ces critères. Ce travail devrait prendre au moins un an. « Notre objectif, ce n’est pas de consommer breton à tout prix. Nous retiendrons toujours le fournisseur le mieux placé sur la qualité et le prix. Nous maintenons nos exigences », tempère Hind Saoud, élue en charge de la commande publique au conseil régional de Bretagne.
Pour ne pas trop tirer les prix vers le bas, les établissements scolaires entendent notamment travailler sur le gaspillage, voire sur une légère hausse du prix. « Demandez aux parents. Je suis sûre qu’ils préféreraient mettre deux centimes de plus par repas pour une meilleure qualité », avance Danièle Fourdan, adjointe au Secrétariat général pour les affaires régionales.