Législatives 2024 : A qui risque de profiter la prévisible forte hausse de la participation ?
mobilisation•Une enquête d’Ipsos dévoile les différentes tendances d’une participation qui se profile en forte hausse par rapport aux européennes et aux dernières législatives de 2022G.D.
L'essentiel
- Une enquête de l’institut Ipsos avance un indice de participation à 63 %, soit beaucoup plus qu’en 2022 (47,5 %) ou que lors des récentes européennes du 9 juin.
- Deux membres de la direction du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), estiment dans Le Monde, qu'« aucune force politique, à commencer par le RN, n’a épuisé ses réserves dans l’abstention mobilisable ».
- L’abstention reste élevée chez les jeunes et les catégories populaires, malgré une remobilisation perceptible dans l’ensemble de la population.
L’abstention comme variable d’ajustement. Le premier tour des élections législatives 2024, dimanche, fait déjà face à une inconnue de taille : quel sera le taux de participation ? Une enquête de l’institut Ipsos, menée sur 11.820 personnes et dévoilée ce jeudi, avance un indice de participation à 63 %, soit beaucoup plus qu’en 2022 (47,5 %) ou que lors des récentes européennes du 9 juin. Mais alors, qu’est-ce que ça peut changer ?
Kevin Arcenaux et Anne Muxel, membres de la direction du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), estiment dans Le Monde, qu'« aucune force politique, à commencer par le RN, n’a épuisé ses réserves dans l’abstention mobilisable ».
Le pourcentage historique du RN aux européennes a d’ailleurs éclipsé un autre résultat : Jordan Bardella a réuni moins d’électeurs le 9 juin (7,7 millions) que Marine Le Pen à la présidentielle de 2022 (8,1 millions).
Abstention chez les ouvriers et les employés
Comment se répartiront donc les votes avec moins d’abstention ? Difficile à prédire. Les politologues ont peu de références puisqu’il faut remonter aux années 1990 pour trouver un taux de participation équivalent à 63 % pour des législatives. Alors, il faut se contenter de tendances.
« Une mobilisation électorale est bien visible dans la plupart des segments de la population, même si elle reste moins marquée parmi les jeunes et les catégories populaires », estiment Kevin Arcenaux et Anne Muxel. La tentation de l’abstention reste, en effet, l’apanage des ouvriers et des employés, selon l’enquête d’Ipsos.
Et puis, il reste toujours les indécis. Ceux qui peuvent faire basculer une élection. L’enquête distingue deux groupes ; ceux qui ont voté aux européennes mais ne sont pas certains de le faire le 30 juin (21 % des sondés) et ceux qui n’ont pas voté pour les européennes, mais iront aux urnes dimanche (5 %).
Adhésion plutôt que rejet
Les suffrages potentiels du premier groupe risquent de manquer en premier lieu au RN si la démobilisation se confirme. Les réserves de voix du second groupe, davantage motivé par les législatives, se répartissent, en revanche, de manière relativement équilibrée : 31 % pour le Nouveau Front populaire (NFP), 30 % pour le RN, 28 % pour Renaissance et la coalition présidentielle.
Autre enseignement de ce sondage, l’adhésion semble plus importante que le rejet pour motiver le vote. « Ces deux groupes d’électeurs intermittents (…) expriment majoritairement une volonté de faire gagner le candidat ou la coalition sur lesquels se porte leur choix plutôt que de faire barrage à un autre candidat ou coalition », soulignent les deux responsables du Cevipof.
Enfin, l’enquête dévoile une démobilisation inconsciente des électeurs. Ainsi, 60 % des personnes sondées pronostiquent par anticipation la victoire du RN (dont la moitié des sympathisants macronistes et un tiers des adhérents au NFP), alors qu’ils ne sont que 40 % à souhaiter réellement la victoire de l’extrême droite.
Autant d’inconnus qui rendent le résultat des élections de dimanche encore plus aléatoire.
À lire aussi