L'Assemblée vote un texte pénalisant la négation du génocide arménien ce jeudi

POLITIQUE Malgré les menaces de la Turquie, la proposition de loi UMP passe devant l'Assemblée ce jeudi...

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Lors d'une visite en octobre en Arménie, à laquelle participait Valérie Boyer, le chef de l'Etat avait souhaité que la Turquie reconnaisse dans un délai "assez bref", avant la fin de son mandat en mai 2012, le génocide arménien.
Lors d'une visite en octobre en Arménie, à laquelle participait Valérie Boyer, le chef de l'Etat avait souhaité que la Turquie reconnaisse dans un délai "assez bref", avant la fin de son mandat en mai 2012, le génocide arménien. — Eric Feferberg afp.com

Bravant les menaces de la Turquie, les députés français, toutes sensibilités politiques confondues, doivent voter ce jeudi une proposition de loi UMP pénalisant la négation de tout génocide, dont celui des Arméniens en 1915. La députée UMP Valérie Boyer défendra dès 9h30 un texte d'initiative parlementaire, mis à l'ordre du jour de l'Assemblée par le gouvernement, visant à «réprimer la contestation ou la minimisation grossière» de tout génocide, dont le génocide perpétré contre les Arméniens dans l'Empire ottoman.

Cette initiative a déchaîné la fureur des autorités turques qui ont dépêché en début de semaine à Paris deux délégations, l'une composée d'hommes d'affaires, l'autre de parlementaires, pour tenter d'infléchir la position française. Depuis la semaine dernière, la Turquie menace la France de multiples représailles, diplomatiques avec le rappel de son ambassadeur, et économiques, avec le gel de plusieurs importants contrats. Mardi, le chef de l'Etat turc, Abdullah Gül, est lui-même monté au créneau pour exhorter Paris à renoncer à une loi «inacceptable».

Un an de prison et 45.000 euros d'amende

Mercredi, c'était au tour du chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, de réagir dans deux des plus importants médias français, Libération et Le Monde. Selon lui, Nicolas Sarkozy avait promis au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan de renoncer au projet. Le texte prévoit un an de prison et 45.000 euros d'amende en cas de négation d'un génocide reconnu par la loi. La France a reconnu en 2001 l'existence d'un génocide d'Arméniens entre 1915 et 1917 (1,5 million de morts, selon les Arméniens).

Si la Turquie reconnaît que jusqu'à 500.000 personnes sont mortes au cours de cette période, elle considère qu'elles ont été les victimes des aléas de la Première Guerre mondiale. Avant son élection en 2007, Nicolas Sarkozy avait promis aux représentants de la communauté arménienne de France, estimée à un demi-million de personnes, de soutenir le vote d'un texte de loi spécifique réprimant la négation du génocide de 1915.

Lors d'une visite en octobre en Arménie, à laquelle participait Valérie Boyer, le chef de l'Etat avait souhaité que la Turquie reconnaisse dans un délai «assez bref», avant la fin de son mandat en mai 2012, le génocide arménien.