Attaque de Baroin sur le PS: La majorité se divise sur les propos du ministre de l'Economie

POLITIQUE Les critiques sont toutefois minoritaires...

C.C. avec Reuters
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Le ministre de l'Economie, François Baroin, lors des questions au gouvernement, le 8 novembre 2011, à l'Assemblée nationale, à Paris.
Le ministre de l'Economie, François Baroin, lors des questions au gouvernement, le 8 novembre 2011, à l'Assemblée nationale, à Paris. — P.WOJAZER / REUTERS

«Bien fait» pour les uns, «regrettable» pour d'autres: la majorité est divisée ce mercredi sur les suites à donner à l'attaque de François Baroin mardi à l’Assemblée nationale contre le Parti socialiste, accusé de victoire par «effraction» en 1997.

«Le mot le plus juste aurait été en 1997 dans 'l'improvisation totale’», a déclaré Gérard Longuet sur Canal +. «C'était sans doute l'esprit de la communication de François. Le mot n'est pas le plus pertinent, ils ont été élus en 1997 sans préparation», a ajouté le ministre qui ne serait pas contre des excuses.

«La gauche a gagné, ça n'était pas une effraction»

Le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, «n'adhère» pas, lui non plus, à la sémantique du ministre de l’Economie. «François Baroin est quelqu'un de très équilibré, pour qui j'ai beaucoup de respect, un bon ministre de l'Economie et des Finances. En même temps, je dirais que je n'adhère pas à l'’effraction'», a-t-il indiqué sur France 2. «Nous sommes dans une démocratie, il y a eu des bulletins dans l'urne, la gauche a gagné, ça n'était pas une effraction», a-t-il ajouté.

L'ancien ministre UMP de la Relance, Patrick Devedjian, considère lui aussi que le mot de François Baroin est «regrettable». «La victoire de la gauche en 1997 est légitime», a-t-il estimé sur I-Télé. «S'il y a eu effraction, c'est dans la dissolution d'une majorité contre elle-même, une sorte d'effraction morale», a-t-il ajouté, à propos de la décision de Jacques Chirac qui avait provoqué la tenue des élections anticipées de 1997.

«François Baroin a bien fait»

Les critiques sont toutefois minoritaires au sein de la majorité. Ainsi, le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, juge que «François Baroin a bien fait». «Personne n'est dupe de la comédie qui a été surjouée mardi à l'Assemblée par les socialistes. C'est une manoeuvre de diversion pour éviter le débat d'idées», a-t-il commenté sur Europe 1.

Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a été contraint mardi de lever la séance en raison des protestations des élus socialistes. «Je n'ai pas vu Henri Emmanuelli s'excuser après le bras d'honneur qu'il avait fait à l'Assemblée nationale. Je n'ai pas vu Martine Aubry s'excuser lorsqu'elle disait que le président de la République, Nicolas Sarkozy, faisait honte à la France», a-t-il souligné.

La ministre de l'Apprentissage, Nadine Morano, est sur la même ligne. «Il y aurait beaucoup d'excuses à présenter quand on voit les gestes d’Henri Emmanuelli - le doigt d'honneur - les bras d'honneur, et les mots sans doute que vous n'entendez pas mais que nous, nous entendons parfaitement à nos oreilles, qui sont des mots souvent d'une grande vulgarité», a-t-elle déclaré sur I-Télé.

Un battage «un peu exagéré»

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a défendu son collègue de Bercy sur le même mode. «Evidemment, François Baroin n'a pas voulu mettre en cause la légitimité de l'élection de la gauche en 1997. Chacun le connaît, c'est un démocrate viscéral, je dirais profondément respectueux des personnes de surcroît», a-t-il expliqué sur France Inter. «La gauche a moins de scrupules quand elle insulte les membres du gouvernement ou ses collègues de droite à l'Assemblée, dans le même hémicycle», a-t-il affirmé.

Alain Juppé a convenu sur RFI que «l'Assemblée nationale et les questions d'actualité sont assez propices à l'échauffement des esprits, à ce genre de dérapage». «C'est vrai que cette formule est très certainement inadaptée, mais je trouve que tout le battage qu'on fait autour est un peu exagéré, et c'est l'occasion pour le Parti socialiste d'éviter de répondre aux vraies questions qu'on lui pose», a ajouté le ministre des Affaires étrangères.