Présidentielle 2012: Le centre se met en ordre de bataille
CENTRE Hervé Morin et le Nouveau Centre ont approuvé leur adhésion à la nouvelle confédération formée en vue de 2012...
Les futurs partenaires de la Confédération des centres ont affirmé samedi leur volonté d'être présents aux échéances électorales de 2012 avec un projet autonome et un candidat pour l'incarner à la présidentielle.
Réuni à Versailles, le conseil national du Nouveau Centre de l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin a été le premier à approuver son adhésion à cette confédération dont les ambitions inquiètent l'UMP et l'Elysée, qui entendent que la droite et le centre droit fassent cause commune dès le premier tour.
«Aujourd'hui, ce n'est pas un accord de boutiquier, ni une alliance de circonstances. Ce sont des retrouvailles, c'est une refondation», s'est exclamé le président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, présent pour l'occasion. Hervé Morin, qui ambitionne de construire un grand parti de gouvernement centriste sur le modèle de la CDU allemande, déclare dans une interview au Parisien que «l'UMP dans sa configuration actuelle est une parenthèse qui s'achèvera en 2012».
Opérationnel en juin
La nouvelle confédération, dont le nom n'est pas encore trouvé, devrait être opérationnelle en juin, une fois que toutes ses composantes -NC, Parti radical, Gauche moderne de Jean-Marie Bockel et Convention démocrate du giscardien Hervé de Charette- auront successivement entériné leur adhésion.
Absents à Versailles, Jean Arthuis et son Alliance centriste se prononceront début juillet, le sénateur de la Mayenne tentant de préserver des liens avec le MoDem de François Bayrou, dont le NC s'était séparé entre les deux tours de la présidentielle 2007 en contestant son non ralliement à Nicolas Sarkozy.
Hervé Morin et ses amis se sentent confortés dans leur choix d'alors par une enquête Ifop montrant que, pour deux-tiers des Français (67%), le centre est «plutôt proche de la droite».
Un climat politique proche «des années 30»
S'ils entendent respecter le contrat de législature passé avec l'UMP il y a quatre ans, le tournant sécuritaire de l'été dernier, les remaniements marquant un retour en force des «chiraquiens» et la mise en avant de thèmes comme l'immigration ou l'islam et la laïcité sont autant d'éléments invoqués à l'appui de leur revendication d'autonomie.
Hervé de Charette a été jusqu'à fustiger samedi une «tentation permanente de céder à l'extrême droite dans un climat politique qui rassemble à celui des années 30». Moins virulent, Jean-Louis Borloo a déclaré que la France n'était pas «une race», une «religion» ou une «couleur de peau» et que sa France à lui «s'appelle diversité».
Bénéficiant d'une notoriété bien plus forte qu'Hervé Morin, l'ancien ministre de l'Ecologie fait figure aux yeux de beaucoup, y compris au sein du Nouveau Centre, de candidat naturel de la future Confédération des centres pour 2012. Celui-ci ne sera choisi qu'à l'automne prochain et François Sauvadet, président du groupe NC à l'Assemblée nationale, a averti que le choix du candidat ne devrait «pas se faire sous la pression des sondages».
«Nous ne nous tromperons pas de camp»
Hervé Morin n'a pas caché pour sa part qu'une partie de ses troupes doutait de la volonté de Jean-Louis Borloo de résister à Nicolas Sarkozy, que certains sondages donnent éliminé dès le premier tour en 2012, pour aller jusqu'au bout mais qu'il avait choisi personnellement de lui faire confiance. Le chef de l'Etat, qui a reçu vendredi Jean-Marie Bockel, a indiqué à l'intéressé qu'il ne se laisserait «pas faire» si ses alliés centristes persistaient dans leurs velléités d'autonomie. Le président du NC lui a répondu indirectement en déclarant que «si pour passer le premier tour, le candidat UMP doit être le seul à représenter la majorité, c'est soit que nous avons déjà perdu, soit que le candidat n'est pas le bon».
Hervé Morin, qui se défend d'être un «plan B» pour Jean-Louis Borloo, est lui aussi déterminé à tenter sa chance pour la présidentielle. Il a souligné en outre samedi devant le président du Parti radical qu'il quitterait la confédération qui «renoncerait ou serait aux ordres» de l'Elysée. Comme pour le rassurer, Jean-Louis Borloo a assuré ses hôtes du NC qu'ils vivraient avec eux «ensemble, la présidentielle» de 2012. Il a demandé de même à l'UMP de ne pas craindre des alliés centristes «indépendants et forts, car nous ne nous tromperons pas d'alliance ni de camp».