La majorité minée par les querelles à l'UMP et au centre
POLITIQUE Les multiples accrochages autour de Jean-François Copé et les ambitions de Morin et Borloo inquiètent à droite...
L'unité de la majorité présidentielle est mise à mal par l'ébullition au centre, tiraillé entre Jean-Louis Borloo et Hervé Morin et les tensions à droite entre partisans et adversaires du patron de l'UMP, Jean-François Copé. André Rossinot, figure du Parti radical de Jean-Louis Borloo, est sorti de sa réserve coutumière pour tirer la sonnette d'alarme.
Morin et Borloo au centre des débats
Dans la majorité, «on n'a pas de primaires mais un tourbillon de postures individuelles», a noté l'ex-patron des radicaux. Le maire de Nancy, qui siège au bureau politique de l'UMP, observe de près les turbulences au centre où les chefs affichent des velléités d'autonomie, voire, pour Morin (Nouveau centre), des ambitions présidentielles. Son concurrent, Borloo, laisse planer le suspense sur ses intentions.
Mais l'un et l'autre se posent en rassembleur des centristes et se disputent la paternité d'une hypothétique confédération du centre censée voir le jour d'ici à 2012. «Attention à l'image que l'on peut donner de cette nébuleuse centriste. La primauté est aux idées, or je ne vois pas de projet alternatif au centre», a prévenu Rossinot.
A l'UMP, Valérie Pécresse a renvoyé dos à dos Borloo et Morin. «Sans projet, il n'y a pas de candidature (centriste) possible», selon cette proche de Copé, qui plaide pour une candidature unique à droite, celle de Nicolas Sarkozy. Or les initiatives centristes peuvent brouiller le message que cherche à faire passer le patron du parti majoritaire en se voulant rassembleur de «toutes les sensibilités de la droite et du centre» pour 2012, et l'après.
Copé divise la majorité
Pécresse est aussi montée au créneau pour défendre la méthode Copé et les débats lancés tous azimuts par son camp (35 heures, statut des fonctionnaires, transparence financière dans la vie politique). Agacés par les débuts turbulents du maire de Meaux à la tête de l'UMP, ses adversaires, se revendiquant du sarkozysme et de la «droite sociale», ont ouvert un front anti-Copé pour contrer les positions «ultra-libérales» du parti.
Les ministres Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez ont organisé la riposte, en échos aux récentes mises en garde de leur patron, François Fillon. Bertrand a dit «niet» à une remise en cause des 35 heures. «J'adore les débats mais ceux qui aboutissent», a-t-il tranché.
Le sarkozyste Christian Estrosi, se revendiquant lui aussi du «gaullisme social», s'est inquiété de l'impact de certains débats «clivants» qui pourraient se révéler «très contre-productifs» en cette période pré-électorale. Le maire de Nice, qui suit de près l'action de Copé au bureau politique de l'UMP, a demandé que cette instance soit désormais consultée par vote sur la nécessité d'ouvrir de tels débats.
«La course infernale à la promesse»
Wauquiez a voulu prendre le parti de vitesse, sur le thème plus consensuel de l'emploi des jeunes. Alors que Copé et ses amis parlementaires lançaient un groupe de travail sur ce thème, l'ex secrétaire d'Etat à l'Emploi réunissait le même jour son club, «La Droite Sociale», pour faire des propositions sur le sujet.
L'ex Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, proche de Copé et adversaire de Fillon, a lui aussi réuni son club, Dialogue et Initiative, d'orientation plus libérale, occasion pour lui de lancer une charge sévère contre l'action de l'exécutif depuis 2007. Et pour 2012, a prévenu Raffarin, attention à «la course infernale à la promesse» qui «conduira à de grandes désillusions».
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