Réforme des retraites: le gouvernement accélère le vote au Sénat
POLITIQUE Il a recours à la procédure du «vote bloqué»...
Ce n'était qu'une rumeur, c'est désormais confirmé. Alors que le vote sur la réforme des retraites au Sénat est sans cesse repoussé le gouvernement a demandé ce jeudi après-midi un «vote unique» sur une partie des articles additionnels du projet de loi de réforme des retraites. Objectif: accélérer les débats afin de parvenir à un vote avant le week-end.
Cet alinéa de l'article 44 de la Constitution prévoit que «si le gouvernement le demande, l'assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le gouvernement».
Pas de clôture des discussions
En clair, les sénateurs se contentent de présenter leurs amendements (trois minutes de temps de parole), sans explication de vote (cinq minutes) et sans vote. Le texte est ensuite soumis à un vote global et unique, avec seulement les amendements retenus par le gouvernement. «Autant dire zéro dans le cas de figure présent», indique-t-on au groupe socialiste, joint par 20minutes.fr.
«Il y a plus de 120 heures de discussion», les «échanges ont été nourris, l'expression a été pleine, libre» et «il n'est pas justifié de rajouter 50 heures de débat», a justifié Eric Woerth, en présentant la demande. «Le débat ne doit pas durer pour durer», a-t-il ajouté. «Ce n'est pas l'arrêt du débat», a insisté le ministre du Travail. «Les 33 articles du texte ont été discutés», a-t-il ajouté.
Pas de clôture des discussions
Cette procédure accélère un peu les débats mais il n'y aura pas de clôture des discussions, comme cela s'est passé à l'Assemblée nationale sur cette même réforme des retraites.
Cette demande a malgré tout provoqué un concert de protestations sur les rangs de la gauche. «Le Sénat est bafoué», «la sanction est arrivée», a lancé le président du groupe socialiste, Jean-Pierre Bel. «C'est inutile puisque que le débat pouvait se terminer avant la fin de la semaine», a-t-il ajouté.
La séance a ensuite été suspendue à la demande des trois groupes de gauche pour préparer leur riposte.
Incidents de séance
Cette procédure pourrait ainsi provoquer des incidents de séance. Elle pourrait même paradoxalement ralentir les débats, indique-t-on à gauche. «Elle a été utilisée très rarement dans le passé justement car elle a déclenché des réactions en chaîne de l'opposition qui s'est sentie censurée et qui a provoqué des incidents de séance», a-t-on précisé au groupe CRC-SPG (Communistes et parti de gauche).
Les sénateurs de gauche mènent une guérilla parlementaire contre le projet de loi dont la discussion a commencé le 15 octobre. Il restait 257 amendements à examiner ce jeudi en fin de matinée.