En quoi consiste vraiment la mission de Christine Boutin?

POLEMIQUE L'ex-ministre gagne 9.500 euros par mois pour son nouveau travail...

Corentin Chauvel
— 
WITT / SIPA

«Ce n'est pas une mission  bidon, c'est une mission très importante, avec des rendez-vous au plus haut  niveau.» C’est ainsi que Christine Boutin, ex-ministre du Logement, a justifié  le salaire de 9.500 euros qui lui a été alloué pour mener à bien la mission que  lui a confiée Nicolas Sarkozy depuis le mois de décembre.

Au programme  de ce «très gros boulot» qui fait travailler l’ex-ministre comme une «dingue»:  «Justice sociale et mondialisation». L’objectif sera de «nourrir les  propositions faites» aux G20 de novembre 2010 à novembre 2011 et présidés par la  France, explique à 20minutes.fr Vincent You,  conseiller auprès de Christine Boutin et rapporteur de la mission.

Une mise au placard? 

Pourtant, le scepticisme règne,  peut-être même moins sur la rémunération que sur la véritable raison pour  laquelle la présidente du Parti Chrétien-Démocrate (PCD, allié à l'UMP) a été  choisie pour mener à bien cette requête présidentielle. Les dernières missions  spéciales connues, sur la médecine libérale ou encore le service civique,  attribuées respectivement à Elisabeth Hubert, ancienne ministre de la Santé, et  à Luc Ferry, ancien ministre de l’Education, ont en effet eu à leur tête des  personnalités qu’on pourrait juger «prédestinées».

A gauche, on s’interroge ainsi  beaucoup, tel Noël Mamère, sur cette «voix discordante dans la majorité»,  furieuse d’avoir perdu son portefeuille ministériel en juin dernier, et dont le  silence aurait été «acheté» par Nicolas Sarkozy. «Est-ce un vrai renoncement de  Christine Boutin à la vie politique? Ou est-ce le salaire d'un renoncement à une  candidature à l'élection présidentielle qui pourrait diviser la droite?», se  demande également le député socialiste Pierre Moscovici à l’AFP.

«Une ambition sociale très  forte»

Christine Boutin estime de son  côté ne pas être «bridée» pour autant et Vincent You assure qu’elle est «très  impliquée et fait preuve d’une ambition sociale forte». C’est pourquoi elle  aurait été officiellement choisie et tels seront les thèmes abordés par sa  mission: un fonctionnement cohérent des différentes institutions  internationales, l’aide publique au développement, etc.

«C'est une  mission importante dans le contexte que nous connaissons aujourd'hui (...) et  pour lesquelles elle a eu l'occasion de montrer à plusieurs reprises qu'elle  s'impliquait fortement», a renchéri Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement,  sur RTL ce mercredi. Trois collaborateurs, et un quatrième à partir de juillet, seriaent d'ailleurs rattachés à la mission de l'ex-ministre. Le tout pour une rémunération totale approchant 22.000 euros par mois, selon l'entourage de Christine Boutin.

Christine Boutin ou «l’image sociale» de la  France

De plus, «Christine Boutin incarne bien l’image de la France  à l’étranger», souligne Vincent You. Selon le conseiller, elle représente bien  «l’image sociale» de notre pays et ce sont des propositions de ce type qui  seraient attendues de la part des autres Etats du G20.

Pour ce faire,  Christine Boutin va consulter les institutions internationales concernées (OMC,  OCDE, FAO, Pnud, FMI…), mais également les ministères concernés par le sujet  (Travail, Finances, Affaires étrangères), des universitaires, des chefs  d’entreprise, et autres grands spécialistes de la mondialisation (Joseph  Stiglitz, Mohamad Yunus). «Les audiences commencent tout juste», précise Vincent  You.

«Les moyens basiques pour travailler»

Un  pré-rapport sera ainsi remis en octobre 2010, «à quelques jours de l’ouverture  de la Présidence française du G20». Des rendez-vous avec la présidence suivront  au cours de l’année 2011 avec, à terme, la remise d’un rapport «comportant des  propositions concrètes».

Et pour ceux qui douteraient encore de sa bonne  foi, Christine Boutin a décidé d’imiter Christian Estrosi ce mercredi en ouvrant à la presse  les portes de son bureau «correct» et «loin d’être somptueux». «Moi, je ne vois  pas la Seine, mais ça m’empêche pas de travailler», a indiqué sur Europe 1 l’ancienne  ministre, qui considère simplement avoir «les moyens basiques» pour remplir sa  mission. De plus, sa Peugeot 407 de fonction n’a même pas toutes les  options...