En cas d'« énorme crise », le président peut remettre son « mandat aux Français », explique Macron dans une interview

décalage Malgré une parole rare dans les médias depuis le 10 janvier et le lancement de sa réforme des retraites, le chef de l’Etat a répondu aux questions des lecteurs de « Pif »

20 Minutes avec AFP
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Emmanuel Macron au palais de l'Élysée à Paris, le 24 mars 2023.
Emmanuel Macron au palais de l'Élysée à Paris, le 24 mars 2023. — Thomas Padilla/AP

Il y a des interviews qui ne se refusent pas quand on est chef de l’Etat. Alors que la prise de parole d’Emmanuel Macron s’est faite rare depuis la présentation, le 10 janvier, de la réforme des retraites, le président a accepté de prendre la parole pour les 75 ans de Pif. Il a ainsi répondu aux questions des jeunes lecteurs du célèbre chien le 20 février dernier, et diffusées mercredi.

Ses propos ont une résonance particulière dans la situation inflammable que connaît le pays depuis le déclenchement, le 16 mars, du 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites. « Pouvez-vous quitter votre poste en plein mandat, et comment ça se passerait si vous le quittiez ? », lui demande Mélina, élève de quatrième, lors d’une rencontre à l’Elysée. « Si tu le quittes, c’est qu’il peut y avoir une énorme crise et que tu es empêché », répond Emmanuel Macron. « À ce moment-là, tu remets ton mandat aux Français, et le peuple vote à nouveau. » Pour l’heure, le chef de l’État n’envisage ni référendum sur les retraites, ni dissolution de l’Assemblée nationale et une démission apparaît encore plus improbable.

« Sa propre idée des choses »

Pressé de donner des conseils à qui voudrait devenir président, Emmanuel Macron insiste : « La meilleure manière d’y arriver, c’est de se faire sa propre idée des choses et de ne pas dépendre des partis des uns des autres. » Emmanuel Macron ne dispose pas d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Et la réforme des retraites cristallise le mécontentement autour de sa personne.

Qu’aime-t-il dans son « métier » ? « L’échange, la rencontre, essayer de comprendre ce qui fonctionne et ne fonctionne pas dans les grands choix que je mets en œuvre. » Un message qui risque de faire tiquer ses détracteurs qui mettent en avant son inflexibilité sur les retraites, l’accusant de « jouer le pourrissement » de la situation.

Soit « tu as pu apporter des solutions » et c’est « satisfaisant », lance Emmanuel Macron. « Soit ce n’est pas le cas, et ce sont les moments qui te touchent aussi, qui sont frustrants parce que tu vois que les choses ne vont pas assez vite ». Dans la relation entre un président et les Français, il peut y avoir de la « colère », de la « joie », « mais il n’y a pas d’indifférence », esquisse-t-il encore.